Compétition court-métrages internationaux au PIFFF 2022

Un texte signé Sophie Schweitzer

Le Paris International Fantastic Film Festival propose comme chaque année une sélection de courts-métrages internationaux aussi divers qu’intéressants.

De tous horizons, animés ou en prises de vues réelles, ils nous plongent dans des univers très différents tels qu’une adaptation de Lovecraft, un conte macabre ou encore une balade au royaume des gnomes.

Une compétition internationale de haute volée.

La sélection débutait avec DON’T BREATHE, un court-métrage iranien produit, scénarisé et réalisé par Milad Nasim Sobhan. Il s’agit de son troisième. À travers l’histoire d’un djinn en fuite, DON’T BREATHE évoque la soif de liberté de son pays, les difficiles migrations et, plus encore, les légendes du temps passé. Les comédiens sont talentueux et l’on aurait envie de continuer le voyage aux côtés des personnages.

GOOD BOY nous vient du Royaume-Uni, ce qui se remarque très vite, de par l’accent, mais aussi l’humour qui baigne tout le court-métrage écrit et réalisé par Eros V. Il nous raconte comment une jeune fille en manque d’argent accepte de garder un chien qui a l’air adorable… Étrangement, ses maîtres en le lui confiant ont l’air… terrifiés. Impossible d’en dire plus si ce n’est que le court est particulièrement efficace et se permet même une petite référence à HALLOWEEN.

De l’Angleterre à la Belgique, de l’humour noir au conte gothique. Frank van den Bogaart est l’auteur de DARKER, un conte belge nous plaçant aux côtés d’une jeune fille dont le père vient de mourir. Refusant sa perte, elle s’enfonce dans la une forêt mythique où l’on raconte qu’un dieu ancien dévore le cœur des morts afin de collecter leurs histoires. Elle espère pouvoir lui voler celui de son père. Très beau court-métrage, il nous raconte l’importance des histoires et de leur transmission.

En provenance du Canada, LE TEMPLE est réalisé par Alain Fournier. Il s’agit d’une adaptation animée d’une nouvelle de Lovecraft nous plaçant au côté d’un équipage allemand de sous-marin qui durant la guerre qui se retrouve condamné à rester dans l’obscurité des abysses. Le problème étant, bien sûr, qu’ils n’y sont pas seuls. Non seulement l’animation est réussie, mais le travail du son est soigné. Le court tisse également un parallèle entre la folie dans laquelle nous plonge les grands anciens et celles de la guerre et de la mer. Deux films d’animations parsèment cette édition.

GNOMES nous vient de Hollande. Réalisé par Ruwan Heggelman, ce court à l’humour piquant nous plonge dans l’univers plutôt sanglant des gnomes vivant sous la forêt. Tout en animatronics, il a demandé quatre ans de fabrication pour prendre vie. Pour autant, il est aussi rapide qu’efficace. On se délecte également de son générique à l’animation aussi belle que sanguinolente. D’ailleurs, le court a ravi le public puisqu’il a remporté L’Œil d’or. Ruwan Heggelman n’en est cependant pas à son premier essai. Il s’agit en effet de son 8e court-métrage.

En provenance d’Espagne, THERE ARE NO GHOSTS nous conte l’histoire d’une jeune femme capable d’entendre les morts. Venant en aide à une famille, celle-ci se retrouve confrontée à des éclats de voix pleins de colère. Avec son court métrage, Nacho Solana nous interroge sur notre rapport aux morts. Est-ce que les entendre est une si bonne chose ? Est-ce qu’il ne vaut pas mieux pas les oublier et laisser le temps faire son œuvre ? Sa conclusion est très belle. Les histoires sont aussi distinctes que leur réalisation.

Enfin, le très électrique SUCK TO BE THE MOON est très particulier. Son animation, son style, son ton et l’humour employé font immédiatement penser aux productions de la chaîne Adult Swim qui diffuse entre autres RICK ET MORTY. C’est d’ailleurs à cette série qu’on songe en entendant les chansons mêlant tous les styles, la vulgarité, mais aussi, les retournements de situation rapides. La fin est très caustique. Ce court dynamique étant une création de deux artistes : Tyler March, Eric Paperth.