Festival du film policier de Liègereview

Compte-rendu du Festival International du Film Policier de Liège

Le Festival International du Film Policier de Liège venant de s’achever, il est temps de revenir un peu sur les points forts et éventuels points faibles de cet événement culturel important de Belgique. Si, au niveau de la programmation, que ce soit en qualité, quantité ou rareté des métrages projetés, le Festival peut se situer au rang des grands événements de ce genre, il est surprenant et dommage qu’il ne se déroule que sur quatre jours. Avec une compétition officielle assez fournie (même si la présence de deux (excellents) films disponibles en DVD a de quoi intriguer), une compétition documentaire, une soirée courts métrages, un focus sur l’Italie (hélas contenant peu de films), quelques avant-premières et un tour d’horizon du film policier mondial, autant dire que plusieurs métrages étaient projetés en même temps. Pour faire un tour d’horizon plus complet de cette intense programmation, le festival aurait pu sans problème s’étirer sur une bonne semaine. Non seulement le spectateur est obligé de faire des choix drastiques, mais ce sont souvent les documentaires (aux sujets pourtant intéressants) qui passent à la trappe, n’amenant que peu de spectateurs, ces derniers ayant tendance à privilégier les fictions.
De plus, si nombre de films étaient francophones, les autres nécessitaient un sous-titrage direct qui manquait de professionnalisme. Les sous-titres étaient rarement en phase avec les dialogues et les problèmes pendant la projection étaient fréquents : oubli de sous-titres pendant plusieurs scènes, images qui sautent ; nombre de métrages virent le plaisir du visionnage quelque peu altéré. D’autre part, les organisateurs ne semblaient pas avoir l’habitude de s’occuper des nombreux journalistes, et il fut impossible de seulement demander une interview avec un membre du jury (jury prestigieux s’il en est, qu’il aurait été des plus intéressants de questionner). Peu d’équipes de films étaient venues, et celles qui avaient fait le déplacement n’étaient là que le temps d’une soirée pour présenter leur œuvre. Là encore, c’est bien dommage, car Alain Minier, par exemple, aurait sans doute eu beaucoup à dire sur son imparfait mais passionnant UN P’TIT GARS DE MENILMONTANT. Si tout cela s’avérait un peu triste, il ne reste plus qu’à espérer que, l’année prochaine, les organisateurs sauront changer ces détails. Car, entre un accueil chaleureux, des soirées des plus sympathiques pour les invités (agrémentées d’excellents vins et amuse-bouche), et, surtout, une programmation excellente, le Festival mérite amplement le détour.
Il est en effet évident que ce qui attire le plus est la programmation, et de ce côté là, le spectateur n’eut pas vraiment à se plaindre. Certes, tous les films n’étaient pas très bons (et voir CITIZEN GANGSTER récompensé par le jury jeune et OPERATION LIBERTAD par le public peut surprendre) mais nombre de pellicules se montraient attrayantes. En ce qui concerne la sélection officielle, GROUPO 7 (grand prix) est intéressant, et ACAB (prix spécial du jury) marquera forcément les spectateurs de sa puissance dérangeante. THE EXAM (dont l’actrice principale est récompensée) est on ne peut plus captivant, et, en tournant son regard vers les films hors-compétition, il y avait de quoi découvrir des films fascinants, comme SHIFTING THE BLAME ou encore SPAIN.
De surcroît, le Festival se révélait très cohérent dans sa programmation. Il semblait vouloir montrer sous un jour un peu moins connu le film policier. Finalement, peu de métrages étaient remplis de gangsters, de coups de feu, de violence. Seuls ACAB et GROUPO 7 étaient des films d’action, et encore n’y trouvions-nous aucune enquête policière véritable, mais la plongée dans des quotidiens glauques et violents. La plupart des films du festival étaient en fait des drames au rythme plutôt lents, des études de mœurs se focalisant sur un point de vue, une profession, ou une tranche de vie.
Le focus italien, de son côté, soulignait particulièrement Dario Argento, ce qui est assez logique pour un festival policier. Cependant, parmi ses deux films, SUSPIRIA surprenait, ce dernier n’ayant rien de policier, mais étant un film fantastique à part entière. Mais au-delà de ce chipotage, voir SUSPIRIA sur grand écran (même si la conférence en introduction n’avait pas grand intérêt) est un plaisir qui ne se refuse pas.
Au final, le Festival International du Film Policier de Liège manque certes encore de rigueur dans son organisation, mais propose une excellente programmation, intelligente, cohérente et passionnante. En remerciant chaleureusement les organisateurs pour nous avoir permis de découvrir ces métrages sur grand écran, nous espérons avoir l’occasion d’y retourner l’année prochaine.

Retrouvez nos chroniques du FIFPL 2013.

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