Compte-rendu Gérardmer 2011

Un texte signé André Cote

- 2011

Cela fait donc 18 ans maintenant que la station de ski vosgienne de Gérardmer a remplacé celle alpine, d’Avoriaz pour célébrer le cinéma fantastique en France. Un souvenir encore dur à faire oublier tant le précédent festival bénéficiait d’une couverture médiatique importante.

Après des premières années laborieuses mais non avares en découvertes (SCREAM de Wes Craven, CREATURES CELESTES de Peter Jackson ou encore CUBE de Vincenzo Natali ont vu leur notoriété s’accroître après avoir été récompensés à la station vosgienne), le Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, baptisé Fantastic’Arts, semble avoir trouvé un rythme de croisière. De la sorte, lors de la dernière semaine de janvier, il est l’occasion de retrouvailles et de rencontres entre passionnés et professionnels.

En outre, pour sa 18e édition, le festival s’est offert des allures de « boucle bouclée » en offrant la place du Président du Jury à Monsieur Dario Argento. Le réalisateur italien est bien connu des amateurs de cinéma fantastique et d’épouvante pour des classiques tels que SUSPIRIA (dont les diverses expérimentations visuelles font, encore aujourd’hui, leur petit effet), L’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL ou encore TENEBRES, et a donné ses lettres de noblesse au giallo. En parvenant à ce poste, le cinéaste donnait l’impression d’achever un cycle. Effectivement, ce n’était pas la première fois qu’il venait visiter la station des Vosges. Déjà membre du jury en 1994, alors que Walter Hill (réalisateur de EXTREME PREJUDICE et 48 HEURES) occupait le poste, monsieur Argento est ensuite revenu plusieurs fois pour présenter ses films.

Toutefois, mis à part cet hommage au réalisateur de SUSPIRIA, que nous a proposé cette 18e cuvée ? Du bon et du moins bon, en fait. La thématique choisie était les maladies mentales. En conséquence, les 9 films en compétition avaient souvent beaucoup de faux airs de thrillers et de drames psychologiques. Néanmoins, le surnaturel n’a pas été oublié, il s’est vu juste un peu éclipsé. C’est pourquoi les spectateurs ont pu voir beaucoup de demoiselles qui pètent les plombs, des diables qui règnent en maîtres dans les ascenseurs, des familles de cannibales mexicaines, des tueurs en séries et quelques autres joyeusetés du genre.

Cependant, d’aucuns pourraient reprocher à Fantastic’Arts d’éviter une quelconque prise de risques dans sa sélection. En effet, si celui qui a obtenu le Grand Prix, BEDEVILLED, était un inédit, les autres (THE LOVED ONES ou NE NOUS JUGEZ PAS, par exemple) avaient déjà connu les honneurs d’une projection dans d’autres festivals. Tel est le cas de J’Ai RENCONTRE LE DIABLE (I SAW THE DEVIL), présenté auparavant à Toronto et qui a raflé troix prix à Gérardmer, dont celui de la critique. D’un côté, on est tenté de remercier les organisateurs de jouer la carte de la valeur sûre en voulant offrir une programmation de qualité aux festivaliers, mais de l’autre, les cinéphiles habitués à fréquenter les autres festivals, tel que le BIFF, ont sans doute trouvé à l’édition 2011 de Fantastic’Arts un air de déjà-vu.

En fait, pour peu que l’on soit dans le second cas, c’est plutôt du côté de la sélection « Hors-Compétition » que l’on aurait pu se rassasier d’inédits. Plusieurs curiosités ont été projetées comme le troisième volet de la saga COLD PREY, HYBRID d’Eric Valette (réalisateur des brillants MALEFIQUE et UNE AFFAIRE D’ETAT), PROIE (un premier film français) ou encore L’ARMEE DES OMBRES de Brad Anderson (réalisateur de l’excellent THE MACHINIST). Certains ont même créé la surprise comme RARE EXPORTS dont beaucoup regrettent d’ailleurs, qu’il n’est pas participé à la Compétition Officielle.

De surcroît, cette dernière semaine de janvier aura aussi permis aux passionnés de cinéma de participer à plusieurs débats. Ceci grâce à plusieurs événements organisés autour de thèmes précis, comme la pertinence d’une commission de classification des longs-métrages (autrement dit, la censure) en France, ou encore la rencontre avec Dario Argento. Des événements qui ont évidemment attiré la presse, mais qui étaient ouverts au public et permettaient au simple amateur, tout autant qu’au professionnel, de recueillir quelques anecdotes comme la participation d’Argento à IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST de Sergio Leone ou à ZOMBIE de George Romero.

En somme, le seul regret de cette cuvée 2011 réside dans le manque d’audace de la programmation. Mais la qualité était bien au rendez-vous.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

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