DossierGérardmer 2012review

Compte-rendu Gérardmer 2012

Pour la 19e année consécutive, les passionnés de cinéma fantastique et d’horreur se sont donné rendez-vous dans la station vosgienne de Gérardmer durant la dernière semaine de janvier.

Bien qu’en cette année 2012, aucune thématique n’ait été adoptée pour célébrer le Festival International du Film Fantastique, baptisé Fantastic’Arts, cette édition a vu planer l’ombre d’un futur des plus pessimistes. En effet, les bruits de couloir ne donnent pas cher d’une nouvelle manifestation, même si les discours d’ouverture et de clôture se voulaient rassurants. Dès lors, pour beaucoup, la programmation avait déjà des allures de baroud d’honneur pour ce rendez-vous annuel qui a autrefois décerné des prix à des cinéastes tels que Wes Craven (SCREAM), Peter Jackson (CREATURES CELESTES) ou encore Vincenzo Natali (CUBE).

Ainsi, parmi les effets des problèmes de budget bien visibles (même la neige manquait à l’appel, comme si la météo était elle aussi victime de restriction), l’absence de plusieurs stands d’animation donnait une impression d’activité amoindrie. Cependant, ces contraintes n’eurent pas que des conséquences néfastes : beaucoup de professionnels n’étant pas invités, bon nombre de places étaient disponibles pour les festivaliers.

De plus, la gestion des pass a été réorganisée : certains étaient purement et simplement interdits d’accès à certaines salles, pour être prioritaires dans d’autres. Lors des éditions antérieures, cette pratique n’avait pas cours. En conséquence, ceux qui étaient munis d’un pass pour la séance étaient contraints de patienter pour laisser la place à ceux qui disposaient d’un pass pour plusieurs jours. L’attente pouvant durer plus d’une heure (dans le froid), on imagine sans peine leur frustration quand, arrivés au seuil, on leur interdisait l’accès pour cause de salle remplie. Cette année, si une salle leur était d’office inaccessible, en contrepartie, dans les autres cinémas, ces mêmes pass pour la séance leur donnaient la priorité. Cette nouvelle gestion permit de détendre l’atmosphère parmi les festivaliers qui pouvaient souvent se sentir lésés.

En outre, la cuvée 2012 aura vu des moments très émouvants avec l’hommage à l’acteur Ron Perlman. Peu connu du grand public, ce comédien, qui a pourtant tenu le rôle titre de HELLBOY, est surtout connu pour la série SONS OF ANARCHY et les films LA GUERRE DU FEU, LE NOM DE LA ROSE, BLADE 2 ou encore ALIEN 4. Autrement dit, Ron Perlman fait partie de ces « gueules » du cinéma. Pour preuve de leur sympathie pour le bonhomme, les deux cinéastes Jean-Pierre Jeunet et Jean-Jacques Annaud sont venus témoigner de leur attachement à l’un de leurs acteurs préférés, en partageant quelques anecdotes à son sujet.

Un autre moment poignant fut la projection du documentaire CORMAN’S WORLD : EXPLOITS OF A HOLLYWOOD REBEL. Déjà présenté à Cannes dans une version plus longue d’une demi-heure, le métrage fait le portrait de Roger Corman, une personnalité hollywoodienne que la jeune génération ne connaît pas, ou très peu. Représentant du cinéma dit de « Drive-in », Corman a voué sa carrière aux films faits avec trois petits bouts de ficelle et qui faisaient baver les cinéphages avec des titres évocateurs comme ATTACK OF THE CRAB MONSTER ou TEENAGE CAVEMAN. Un cinéma de pur divertissement destiné à amuser le public le temps d’une soirée. Le documentaire nous montre plusieurs célébrités, dont un Jack Nicholson particulièrement ému, rendant hommage à l’homme qui leur a permis de faire leurs débuts au cinéma.

De plus, force est de reconnaître que, libéré de la contraire d’une thématique, Fantastic’Arts 2012 a réussi à offrir une sélection plus diversifiée. Telle une marque d’ironie, les futurs post-apocalyptique ont été à l’honneur grâce à HELL, THE DAY, THE PERFECT SENS (ces deux derniers ayant surpris leur monde), ou encore l’attendu THE DIVIDE de Xavier Gens (déjà réalisateur d’un mémorable FRONTIERE(S)), mais n’oublions pas les autres pelloches qui nous ont aussi proposé un bestiaire des plus gratinés avec des psychopathes en tout genre (MOTHER’S DAY, BEAST, ou encore THE INCIDENT d’un petit Frenchy que beaucoup comptent déjà suivre de près), des habituels fantômes (LA MAISON DES OMBRES, THE CAT) et même des Ninjas venus de Norvège (NORWEGIAN NINJA). Le versant parodique a aussi répondu présent avec TUCKER & DALE FIGHTENT LE MAL et JUAN OF THE DEAD.

De ce fait, même si l’avenir de Fantastic’Arts demeure incertain, la sélection de 2012 se révéla suffisamment dense pour rassasier le fantasticophile.

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