Un texte signé Philippe Chouvel

USA - 1987 - David DeCoteau
Interprètes : Linnea Quigley, Ken Abraham, Michael Aranda, Richard L. Hawkins, Kim Mc Kanny

retrospective

Creepozoids

Dans un futur proche, six ans après une guerre nucléaire qui a ravagé une bonne partie de la planète, un petit groupe de survivants errant dans les ruines d’une ville dévastée trouve refuge dans une ancienne base militaire. Ils ignorent que des créatures mutantes sont tapies dans les recoins obscurs de ce complexe souterrain.
Un teaser dresse rapidement la trame du film : une laborantine esseulée est plongée dans son travail lorsqu’elle entend de curieux bruits. Elle ouvre une porte et se retrouve face à une créature hybride, croisement improbable entre Predator et Razorback. Un cri… Rideau !
Changement de décor, une voix off explique que l’action se déroule en 1998 (le film datant de 1987), et qu’une guerre nucléaire, commencée six ans plus tôt, a dévasté la Terre, transformant les cités en champs de ruines, causant des mutations, et rendant la vie particulièrement difficile pour les survivants, notamment à cause des pluies acides. Ces visions d’apocalypse ne seront jamais visibles à l’écran, budget restreint oblige, et l’action va se resserrer sur cinq personnages, trois hommes et deux femmes, tous des militaires ayant déserté, et cherchant désormais un refuge dans un environnement particulièrement hostile.
Ce petit groupe va rapidement investir une base abandonnée, à l’intérieur de laquelle chacun va trouver d’excellentes raisons de retrouver un moral jusqu’alors en berne. Ce regain d’optimisme va en fait se limiter à une cuisine équipée (avec une bonne provision de conserves), un ordinateur parfaitement opérationnel, et une douche avec de l’eau chaude, ce qui nous permet de voir Linnea Quigley en tenue d’Eve.
Cependant, l’euphorie retombera rapidement lorsque nos cinq déserteurs vont réaliser qu’ils ne sont pas seuls, le complexe abritant en effet quelques créatures mutantes plutôt belliqueuses. Dès lors va débuter une sorte de jeu du chat et de la souris en huis clos, un climat qui n’est pas sans rappeler, évidemment, le fameux ALIEN de Ridley Scott. Sauf qu’au final CREEPOZOÏDS s’avère si fauché qu’il élève en comparaison les films post-apocalyptiques italiens réalisés quelques années plus tôt au rang de superproductions. Mais cela n’est guère étonnant, si l’on s’attarde quelque peu sur le metteur en scène de ce film sympathique rentrant incontestablement dans la catégorie des nanars.
L’homme en question s’appelle David DeCoteau, un réalisateur plutôt prolifique à qui l’on doit une cinquantaine de films en l’espace de vingt ans (certains ayant été signés sous divers pseudonymes). Natif de l’Oregon, il part pour Los Angeles. Agé d’à peine vingt ans, il va faire ses armes dans le cinéma en tant qu’assistant de production pour Roger Corman. Puis, il va se retrouver réalisateur de films pornographiques, bossant essentiellement dans le X gay. Il quitte le X pour le Z lorsqu’il est engagé par Charles Band, un producteur spécialisé dans le film « fauché », moins doué il faut avouer que Roger Corman. Cette collaboration va se traduire par une trentaine de films, dont CREEPOZOÏDS, mais aussi SORORITY BABES, ces deux films ayant la particularité d’avoir été distribué en vidéo en France dans la fameuse collection « Sangria ».
A travers bon nombre de ses films récents, DeCoteau (désormais son propre patron), revendique pleinement son homosexualité, préférant mettre en valeur la plastique de ses acteurs (comme dans LEECHES par exemple), au détriment du casting féminin. Ce qui n’est pas le cas dans CREEPOZOÏDS, où la seule scène déshabillée permet de voir les formes avantageuses de Linnea Quigley, la célèbre « Scream Queen » des années 80. On pourra regretter, cependant, que la seconde vedette féminine du film, Ashlyn Gere, créditée au générique sous le nom de Kim Mc Kanny, reste en treillis durant tout le métrage. Rappelons qu’Ashlyn Gere fut de 1987 jusqu’à la fin des années 90 une vedette du cinéma porno (FEMMES CAMELEONS). On a également pu la voir dans un épisode de X Files. Bref, si la lettre X colle à la peau de l’actrice, le Z sied à ravir à David DeCoteau. Mais est-ce vraiment étonnant quand on a eu Roger Corman et Charles Band comme professeurs ?


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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