CROWS ZERO

Un texte signé Descamps Nattie

Japon - 2007 - Takashi Miike
Titres alternatifs : KURÔZU ZERO
Interprètes : Shun Oguri ; Kyösuke Yabe; Takayuki Yamada; Goio Kishitami; Meisq Kuroki

Genji, fils de yakusa, veut devenir le chef du lycée Suzuran (lycée des corbeaux). Il tient à tout prix à réussir là où son père a échoué. Pour conquérir le pouvoir, il doit affronter les autres bandes du lycée, y compris le plus dangereux de tous les élèves, Serizawa.
Adaptation de deux mangas à succès, CROWS et WORST d’Horoshi Takahashi, CROWS ZERO est le premier d’une trilogie cinématographique. Présenté au dernier festival de Deauville Asie, il n’est jamais sorti au cinéma en France et n’est disponible qu’en DVD.
Les amateurs de mangas trouveront leur compte dans cette restitution, outrée et stylisée, ainsi que le genre l’exige. Takashi Miike met de côté sa réputation de cinéaste à l’imagination débridée pour coller aux codes stricts du genre. Cependant, la pléthore de personnages fait apparaître l’action décousue et c’est le principal reproche qu’on peut faire au film. Pas facile de se repérer quand le scénario introduit constamment de nouveaux personnages. De plus, l’action se double d’une rivalité entre familles maffieuses qui complique encore l’histoire. Cela dit, les combats, nombreux et visuellement impressionnants, raviront tout le monde. Dès le début, cascade et combat s’enchaînent dans une ambiance crépusculaire. On est aux antipodes de l’ambiance légère et magique de VOLCANO HIGH de Kim Tae-gyun. Les affrontements sont filmés avec maestria. La rencontre finale, épique, est particulièrement spectaculaire. On retrouve, même, le temps d’une séquence, le goût de Miike pour les idées tordues dans une scène de bowling humain d’anthologie.
Le film est dédié à la culture jeune dès le karaoké du générique. Son héros, Genji, alias Shun Oguri, est d’ailleurs une star au Japon. Dans cette FUREUR DE VIVRE à la nippone, le lycée est un territoire, un no man’s land, une zone de non droit, transformée en champ de bataille et où tous les coups sont permis. Au lycée Suzuran, les jeunes règlent leurs affaires entre eux : l’incompétence totale de l’autorité est criante. Les adultes qui la représentent sont dépassés, ridiculisés. Ce qui compte ici, c’est l’école de la vie. Devenir le chef ne devient possible qu’après une série d’épreuves : le jeune Genji, qui a soif de reconnaissance, apprend au cours des combats le sens de l’honneur : courage, loyauté et sacrifice de soi. Des valeurs qui font un homme. Les filles sont d’ailleurs quasiment inexistantes dans cette histoire de rivalité virile. La fureur de vivre est finalement maitrisée au profit d’un apprentissage douloureux. Ainsi, souvent drôle, le film est aussi tragique, quand Tokyo, l’ami d’enfance de Genji et le meilleur ami de Serizawa, apprend qu’il est atteint d’une tumeur…A travers ces épreuves, l’ascension de Genji, apparaît comme une métaphore du passage à l’âge adulte ; mais on peut aussi y voir une préparation à la compétition, omniprésente dans la société japonaise. Devenir un looser ou un leader… Les jeux d’alliance permettent aux chefs vaincus de ne pas perdre la face et, surtout, de ne pas renoncer… La fin, ouverte sur le second opus, semble dire que rien n’est jamais acquis, que le combat n’est jamais fini, et qu’on peut toujours tomber sur plus fort que soi…


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- Article rédigé par : Descamps Nattie

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