Un texte signé Brice Allavoine

USA - 2010 - Jonathan Mossek
Titres alternatifs : As Good As Dead
Interprètes : Cary Elwes, Brian Cox, Andie MacDowell.

review

Dark Side

Le film raconte l’histoire d’un homme nommé Ethan, photographe. Il est victime d’un propriétaire aux méthodes expéditives, même illégales naturellement, et qui veut récupérer son appartement pour ensuite construire un complexe immobilier bien juteux. Il est pris en otage par trois individus, Frank, un ancien drogué psychopathe, Helen et son fils Jake. Dans un premier temps, Ethan s’imagine qu’ils sont des hommes de main envoyés par son bailleur. Mais il se rend très vite compte que le but des sévices qu’il subit est tout autre. En effet, il s’agirait de lui faire avouer le meurtre du révérend Kalahan, mari d’Helen et père de Jake. En réalité, les personnes qu’il a en face de lui s’avèrent être trois membres de l’église.
Cependant, devant le mutisme d’Ethan, le trio ne tarde pas à sombrer dans le doute. Ethan est-il réellement le tueur qu’ils cherchent ? L’arrivée de la fille d’Ethan accélérera les événements.

Première oeuvre du réalisateur Jonathan Mossek, le film aligne d’étonnantes qualités. En effet, il s’agit d’un film sans concessions, à l’instar de ses protagonistes principaux. Chacun veut arriver à ses fins, d’aucun pour assouvir son besoin de vengeance, d’autre pour survivre à n’importe quel prix.
Dès l’ouverture, le ton est donné. Le spectateur assiste à un prêche du révérend Kalahan. La croix, sur des banderoles, est faite de quatre lames de faux et ressemble étrangement à la croix gammée allemande. Le prêche, devant une assemblée ultra nationaliste, s’avère être une incitation à la haine. Pour Kalahan, seule la foi peut l’emporter sur la perversité et la laideur de la société. Quand il évoque le feu, les balles et la nécessité d’un berger pour réaliser son funeste dessein, un homme se lève dans l’assistance et sort. Nous le suivons dans la rue, un étui à la main. Il arrête un autobus dont le conducteur est afro-américain et monte à bord.
La scène suivante nous entraîne dans les rues d’une ville où, tour à tour, nous voyons une population afro-américaine travailler sur un chantier pour les hommes et sur le trottoir pour les femmes. Voilà qui appuie les dires du prêcheur, il convient de nettoyer la société corrompue.
Ethan, le héros du film, apparaît dans le plan suivant. Nous le suivons dans les méandres de la vie d’un homme sans histoire. Il sera harcelé tour à tour par plusieurs personnes. Tout d’abord, par son propriétaire. Celui-ci emploie en premier la persuasion et l’intimidation physique. Puis il fait usage de violence pour l’effrayer et le pousser à quitter les lieux. Ensuite, c’est son épouse qui prend le relais. Alors qu’il lui confie sa fille, elle lui fait une multitude de reproches au cours de la conversation. Et pour finir, il est harcelé par ses bourreaux qui vont le pousser au maximum de sa résistance.
Cependant, l’usage de la torture reste un moyen. Elle n’est pas le film lui-même, à l’opposé de métrages comme SAW ou HOSTEL. Les scènes violentes parsèment le film. Elles ponctuent les dires des uns et des autres et rien n’est gratuit.
Le spectateur est promené dans tous les sens et doit assembler les morceaux du gigantesque puzzle, adroitement disséminés tout au long du film.
Quelques moments d’angoisse pure sont de plus au rendez-vous. Ainsi, la scène dans le parc est magistralement interprétée, un clin d’oeil au maître Hitchcock sans doute. Ethan se promène dans un parc avec son chien. L’animal s’ éloigne et rejoint des congénères. Soudain une silhouette apparaît…
Et en ce qui le concerne, Frank, l’homme de main d’Helen, ira rejoindre pour la postérité la galerie des détraqués de l’ industrie cinématographique. C’est le psychopathe-né. Ancien drogué, il doit son salut à sa rencontre avec le révérend Kalahan alors qu’ils étaient tous les deux en prison. Pur produit de l’ église, il distille l’horreur par sa voix et par ses gestes. La voisine d’Ethan fera les frais de son humour noir particulier. Quant à lui, Jake campe le bourreau qui est victime de sa famille. Il pense faire le bien selon les préceptes qui lui ont été inculqués. Et pourtant il doute. Mais, la violence à fleur de peau, il refusera de se remettre en question, malgré les demandes pressantes d’Ethan.

La violence, la haine, le désespoir des uns et des autres font de Dark Side un film efficace et musclé, dans lequel la fin nous réserve une glaçante surprise. Les acteurs tiennent leur rôle avec brio, hormis peut-être celui d’Amy, la voisine d’ Ethan. Sans avoir l’envergure d’un film comme La Jeune Fille Et La Mort de Polanski sur un thème similaire utilisant la torture et le huis-clos, Dark Side séduira les amateurs de thriller et de sensations fortes.
Il ne reste plus qu’à attendre le prochain film de ce réalisateur prometteur.


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- Article rédigé par : Brice Allavoine

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