Das Mädchen mit den Katzenaugen

Un texte signé Philippe Chouvel

Allemagne - 1958 - Eugen York
Titres alternatifs : La fille aux yeux de chat
Interprètes : Vera Tschechowa, Joachim Fuchsberger, Wolfgang Preiss, Gert Fröbe, Bum Krüger

Katja Tessmann retourne à Hambourg après un séjour à Düsseldorf. Elle retrouve son père qui a sombré dans l’alcoolisme depuis la mort de sa femme. Tessmann est ferrailleur dans un garage qui sert de couverture à un trafic de voitures volées. Le chef de ce réseau, Carlo Gormann, est aussi le directeur d’un cabaret huppé du centre-ville, le Rio Rita. Plusieurs employés de ce club font d’ailleurs partie du réseau, comme Julietta, la patronne et maîtresse de Gormann ; ou encore Marietta, surnommée « la fille aux yeux de chat », une charmante danseuse chargée de séduire les clients qui vont se faire voler leur voiture.
Evidemment, la police est sur l’affaire, et bientôt un inspecteur de police vient mener son enquête au cabaret. Il parvient à piéger Marietta, puis à remonter la filière jusqu’au garage où les voitures sont maquillées avant d’être vendues en Afrique du Nord. Mais le policier se fait repérer ; il est neutralisé, puis liquidé. Gormann, tombé sous le charme de Katja, l’engage comme danseuse au Rio Rita afin qu’elle remplace Marietta. Mais un autre homme est également tombé amoureux de la nouvelle « fille aux yeux de chat », Norbert Wilms, un inspecteur de police déterminé à venger la mort de son collègue.
DAS MÄDCHEN MIT DEN KATZENAUGEN fait partie de ces polars comme l’Allemagne en produisit pas mal durant les années cinquante, et qui se regarde comme on lit un roman de gare. Sitôt vu, sitôt oublié, ou presque, car ce film d’Eugen Work (qui travailla essentiellement pour la télévision) ne brille guère par sa singularité. Malgré tout, en dépit d’un scénario classique et d’une réalisation plutôt morne et sans grande originalité, cette œuvre permet d’apprécier le talent de trois grands acteurs dont les noms allaient restés à jamais ancrés dans la mémoire peu de temps après ce film.
Le premier d’entre eux, Joachim Fuchsberger, est le héros de cette histoire, endossant le rôle de l’inspecteur de police. Dès 1959, il entame une longue série de krimis, dont une douzaine pour la firme Rialto, le premier étant LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD. Cette collaboration dans le krimi, où il est tour à tour policier ou détective, s’achève en 1972 avec le giallo MAIS QU’AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE ?
Le second n’est autre que Wolfgang Preiss. S’il joue le méchant dans DAS MÄDCHEN MIT DEN KATZENAUGEN avec une classe certaine, ce n’est rien par rapport au rôle que lui offre Fritz Lang en 1960 : celui du Docteur Mabuse. Après LE DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE, Wolfgang Preiss incarne à nouveau le génie criminel en plusieurs occasions, sous la houlette de différents réalisateurs, parmi lesquels Harald Reinl. Mais l’acteur est aussi connu pour son autre interprétation remarquable dans LE MOULIN DES SUPPLICES, de Gorgio Ferroni, un classique du cinéma d’horreur gothique.
Le troisième, enfin, est connu de plusieurs générations de cinéphiles, puisqu’il s’agit de Gert Fröbe. L’acteur allemand débute sa carrière après la Seconde Guerre Mondiale et, malgré un long parcours essentiellement ponctué de seconds rôles, reste inoubliable pour ses prestations dans GOLDFINGER, LE JOUR LE PLUS LONG ou TRIPLE CROSS. Sa route va croiser à nouveau celle de Wolgang Preiss, puisque Gert Fröbe incarne un inspecteur de police non seulement dans LE DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE, mais également dans les deux séquelles de Harald Reinl.
Ce trio sauve donc le film d’un certain ennui, constitué d’une enquête policière peu spectaculaire entrecoupée de quelques numéros de cabaret mollement chorégraphiés. La partition musicale est due à Willy Mattes, qui s’est distingué dans d’autres œuvres bien plus intéressantes, puisqu’on lui doit les bandes originales de LA FEMME NUE ET SATAN, LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD et LE MORT DANS LE FILET.
C’est à peu près tout ce que l’on peut retenir de cette œuvre d’Eugen York, un cinéaste qui avait débuté dès la fin des années 30, se signalant dans quelques drames et romances avant de réaliser DAS HERZ VON ST PAULI en 1957. Le nom de ce faubourg de Hambourg est apparu dans de nombreux longs métrages au cours des décennies. Des films qui ne laissent pas un souvenir impérissable, à l’image de ce DAS MÄDCHEN MIT DEN KATZENAUGEN.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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