Daughter Jones (La hija del professor)

Un texte signé Patrick Barras

France - 2018 - Jordan Kazinetz
Interprètes : Danny, Loren, Harry, Jeimar, Jeydis

« Bouclez vos ceintures, lassez vos chaussures, attachez vos chevelures, c’est partie pour l’aventure! Armée d’un indéfectible lasso, et accompagnée d’une mystérieuse voisine, la fille du professeur Jones recherche la légendaire lampe d’Aladin. Seul un spectateur qui regardera ce film en entier lui permettra d’accomplir sa quête. Son destin est à présent entre vos mains… », peut-on lire sur la jaquette du DVD du dernier film de Jordan Kazinetz…

Quand on n’a pas l’honneur de connaître le travail du susnommé Jordan Kazinetz (qui prend semble-t-il pour le coup le pseudonyme de Clifford Jesskofran), la découverte en première approche de DAUGHTER JONES a de quoi laisser perplexe.

Grossier, gore, sexy (carrément libidineux, oui!) et complètement foutraque, ce petit métrage (à peine plus de 26 minutes) semble bel et bien compiler à lui tout seul et de manière exhaustive la plupart des défauts du cinéma amateur, tant au niveau de la technique que du jeu et de la direction des acteurs. Comme nous l’affirmions déjà il y a quelque temps à propos des PINCES DE LA MORT, des frères Carteret, c’est à se demander s’il ne briguerait pas lui aussi la place de « Nanar étalon », sous une cloche au pavillon de Breteuil parmi les poids et mesures de référence.

Impossible en tout cas de ne pas être piqué de curiosité quand on voit que la chose a visiblement été tournée (en espagnol) dans une ancienne colonie espagnole, au sein d’une communauté afro-latina (une île comme Porto Rico ou Saint Domingue ? Une bouteille entrevue de cerveza Aguila fait bien penser à la Colombie… Mais va savoir) et on prend alors plaisir a penser que son auteur a peut être bien occupé et rentabilisé d’éventuelles vacances en s’investissant dans l’entreprise, au lieu de simplement bronzer idiot. Si tel était le cas, comme le monde nous semblerait plus beau si bon nombre de touristes décidaient subitement de lui emboiter le pas au lieu de rapatrier dans nos contrées des monceaux de terra-octets ineptes et standardisés qui au mieux moisiront définitivement dans les recoins d’un disque dur, au pire serviront à torturer de pauvres gens qui au nom de l’amitié ou des liens familiaux seront forcés de les visionner.

C’est l’éventualité de ce type de démarche chez Jordan Kazinetz qui peut du coup donner son charme à DAUGHTER JONES. De même que le côté décomplexé d’un sympathique « footage de gueule » fauché où le gore se décline à grand renfort de ketchup et de diverses spécialités culinaires, poitrines et popotins rebondis et gigotants sont copieusement exposés et où de jeunes « acteurs » blacks maîtrisant leur texte comme un manchot maîtrise la mandoline sont constamment au bord de l’éclat de rire, ou de la crise de nerfs, c’est selon. Une compilation de morceaux musicaux variés vient napper la chose de manière plutôt agréable (pour les amateurs), allant de la dance latino à la soul en passant par le hard rock, le punk hardcore, le early reggae et le ska. Ça suffit de toute façon à masquer les déficiences de la bande son.

Sinon, hé bien nous avons encore la rencontre entre Indiana Jones et Aladin, en croisant au passage la méchante reine de Blanche Neige, la quête secondaire d’un short en diamants devant servir à une danse à réveiller les morts, pas mal de méchanceté gratuite, une petite fille teigneuse et malpolie et au final une bonne poilade.

Une fois la première vision achevée, on se surprend même à enchaîner sur la version courte (19 minutes) proposée sur le DVD. C’est dire…


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- Article rédigé par : Patrick Barras

- Ses films préférés : Il était une fois en Amérique, Apocalypse now, Affreux, sales et méchants, Suspiria, Massacre à la tronçonneuse

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