Day of the Dead

Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis - 2008 - Steve Miner
Interprètes : Mena Suvari, Ving Rhames, Nick Cannon, Michael Welch

Dur, dur d’appréhender le remake d’une œuvre aussi culte que le DAY OF THE DEAD de Romero cuvée 1985. En même temps, la relecture de ZOMBIE par Zack Snyder a démontré que l’on pouvait prendre plaisir à découvrir une réinterpretation d’un mythe cinématographique qui ne trahit que pour mieux servir. Steve Miner, artisan respecté du genre (c’est lui qui met en scène le premier les méfaits de Jason dans LE TUEUR DU VENDREDI et sa suite) n’étant pas aussi radical qu’un Snyder, qu’attendre dés lors de la mise en chantier d’un tel film ?
Une petite ville du Colorado est bouclée par l’armée. La raison officielle : une épidémie de grippe particulièrement retorse. En réalité, il n’en est rien, il s’agit d’un terrible virus issu d’un laboratoire clandestin de la grande muette sis sous la ville. Celui-ci transforme peu à peu les habitants et les soldats en goules assoiffées de chair humaine. Commence alors un véritable enfer pour une poignée de survivants, emmenés par Sarah Bowman, une petite mais tenace militaire native des environs…
Qu’on se le dise : malgré son titre et ses uniformes de l’US Army, DAY OF THE DEAD cuvée 2008 n’entretient quasiment aucune similitude avec son illustre prédécesseur et c’est tant mieux. En effet, avec tout le respect du à la filmographie et au parcours de Steve Miner, celui-ci n’a jamais fait figure de maître dans le cinéma fantastique. Honnête faiseur alternant films d’horreur (HOUSE, WARLOCK, H20), comédie (SOUL MAN) et mélo (FOREVER YOUNG et son Mel Gibson décongelé), Miner travaille depuis de nombreuses années pour la télévision américaine et cela se ressent dés les premières minutes : son film est tourné comme un bon épisode d’une solide série. Certes, c’est déjà beaucoup mais malheureusement pas assez pour offrir un film de zombie à la fois spectaculaire et pertinent, terrifiant et engagé. Ici, c’est l’action non-stop qui est de mise, rapprochant davantage cette relecture d’un RETURN OF THE LIVING DEAD 4 d’Ellory Elkayem que d’un Romero. Le script de Jeffrey Reddick (DESTINATION FINALE et ses deux suites) démarre mollement sur des séquences trop vues (comment l’épidémie referme ses griffes invisibles sur la population) avant d’offrir une heure pleine et entière d’action rondement menée mais profondément lassante. Au-delà, rien à signaler. Très gore, doté de maquillages très réussis et de renforts CGI bien moins convaincants, le film de Steve Miner louche vers le jeu vidéo de tir à la première personne dans son déroulement, coupant net l’attachement émotionnel aux personnages ou aux situations. Les comédiens, tous très bons, ont beau se démener (Mina Suvari en tête dans le rôle principal), rien n’y fait et même le sort réservé à l’imposant Ving Rhames ne parvient à émouvoir. Cela n’empêche pas un véritable morceau de bravoure (la fuite de l’hôpital) très vite amoindrit par une idée étrange : tous les zombies du film bondissent comme des singes. Le mort-vivant véloce n’est pas nouveau, mais cette volonté d’innover à tout prix laisse perplexe.
Au final, la vision de ce DAY OF THE DEAD revient à regarder des copains jouer à HOUSE OF THE DEAD sur Wii : on se dit que ça va être sympa, mais à moins de descendre bières sur bières, on n’arrive jamais au grand vertige si l’on ne joue pas.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

- Ses films préférés :

Share via
Copy link