Day of The Woman

Un texte signé André Quintaine

USA - 1980 - Meir Zarchi
Titres alternatifs : I Spit on Your Grave
Interprètes : Camille Keaton, Eron Tabor, Richard Pace, Anthony Nichols, Gunter Kleemann

DAY OF THE WOMAN est l’un des films phare du genre “rape and revenge”, célèbre pour ses scènes de viol ultra-réalistes, et qui n’ont rien perdu de leur force malgré les années.
Le scénario, est comme à l’accoutumée dans ce genre de films, très mince. Une jeune fille quitte la ville pour prendre quelques vacances en pleine campagne. Naturellement, les autochtones sont loin d’être civilisés et vont lui faire quelques misères (c’est le moins que l’on puisse dire). Après avoir été violée, et reviolée encore et encore, Jennifer (Camille Keaton, extraordinaire), endurcie par l’expérience horrible qu’elle vient de vivre, décide de faire sa propre justice, et d’être encore plus ignoble que ses bourreaux.
DAY OF THE WOMAN n’a absolument rien, mais alors rien du tout, perdu de sa violence, et reste un chef-d’oeuvre incontestable… ou presque. Car, il faut tout d’abord expliquer pourquoi DAY OF THE WOMAN a soulevé quelques controverses. Le film se divise facilement en deux parties de durée équivalente. Tout d’abord le viol, puis la vengeance. Les scènes de viol sont particulièrement cruelles. Meir Zarchi en choisissant de ne pas souligner les actes de violence par de la musique donne à son film une force extraordinaire. Il ne s’agit pas d’un “look” documentaire mais plutôt d’une reconstitution extrêmement réaliste d’un fait divers fictif. Meir Zarchi filme donc ces atrocités en temps réel, pas de coupes dans les violences, et surtout pas lorsque la pauvre Jenny erre dans les bois, traînant la patte et essayant de s’échapper. Sans succès, car les quatres malades la rattrapent à chaque fois et sans peine. Naturellement, ils lui font tout subir: pénétration vaginale, anale, et même avec une bouteille. Là où Camille Keaton est très forte, c’est qu’on s’imagine très bien l’horreur de la sodomie par les cris insupportables qu’elle pousse. Elle est parfaite. Même si on n’éprouve pas vraiment d’émotion pour elle (le film va tout de suite au principal sans perdre de temps à décrire les protagonistes), ce que l’on ressent surtout, c’est l’horreur du crime, comme si en fait elle était la représentante de toutes les filles qui ont subi ces mêmes atrocités.
A la suite de cette première partie, le film change soudain complètement de direction et décrit, en essayant d’être aussi terrible, la vengeance de Jenny. Sa première proie est l’attardé mental, qu’elle pend tout en s’offrant à lui. Et Jenny exagère le sadisme en allant jusqu’à expliquer à sa seconde victime qu’elle l’a sentie jouir et en même temps mourir. Seconde victime qu’elle expédie en enfer en lui sectionnant le sexe tout en le masturbant dans son bain. Cette scène est vraiment très bien faite. Le type commence par un petit sursaut, mais ne se rent pas compte tout de suite de ce qui lui arrive. Ce n’est qu’en voyant une petite giclée de sang jaillir d’entre ses jambes qu’il s’inquiète, puis il réalise vraiment en passant une main entre ses cuisses. Là, il se met à hurler à la mort. Jenny, quant à elle, attend et profite pleinement de son agonie, assise tranquillement dans un fauteuil, presque un verre à la main. Quant aux deux derniers, elle les massacre de manière assez expéditive.
En fait, ce que l’on reproche au film, c’est de ne pas prendre entièrement parti contre le viol. Certains pensent que le réalisateur a accentué délibérément les scènes de vengeance, afin que Jenny apparaisse encore plus cruelle que ces hommes. A un moment, l’un d’eux n’hésite pas à lui dire qu’il ne fallait pas s’attendre à autre chose en se trimballant en bikini. Facile, ce n’est donc pas l’excuse du réalisateur face aux agissements de ces débiles profonds qui n’ont rien de sympathique. Ils sont d’ailleurs montrés grotesques et irrespectueux. Ils sont, de surcroît, dotés d’un humour gras et vulgaire.
Par contre, et cela ne fait aucun doute, le film milite fortement pour l’auto-justice et la peine de mort. Jenny se venge d’une façon on ne peut plus sadique, au moins autant que ces bourreaux. Le réalisateur veut tout simplement dire qu’il n’existe aucune punition assez horrible pour eux et explique ainsi pourquoi Jenny est si cruelle. Le sourire qui s’affiche sur son visage n’est certainement pas à comprendre comme une preuve de la perversion qui vit en elle, mais plutôt comme un message d’espoir pour sa santé mentale. Sa cruauté vis-à-vis de ses bourreaux s’en trouve tout à fait justifiée, car le réalisateur nous présente ces violeurs comme des êtres humains normaux et non pas comme des malades pathologiques. Ils sont tout à fait conscients de leur crime, et savent très bien qu’il faut tuer le seul témoin. Malheureusement pour eux, ils sont trop lâches pour aller aussi loin et forcent l’attardé mental du groupe à le faire (sans doute encore moins capable que les autres). Ils en deviennent encore plus méprisables. Si Jenny réussit à trouver la force de les tuer, c’est tout simplement parce que sa violence, elle, est justifiée.
DAY OF THE WOMAN, est un chef-d’oeuvre absolu, un film de terreur inoubliable, un film qu’il faut impérativement voir car il fait, sans aucun problème, partie des films les plus violents jamais réalisés. Il est, de plus, parfaitement construit, sans aucun défaut narratif ou visuel. DAY OF THE WOMAN a le mérite d’aller au bout des choses, en nous forçant à comprendre, un tant soit peu, ce que peut être un viol. La force de ces scènes est extraordinaire. Cette absence de musique, cette volonté de montrer Jenny tituber dans les bois après les viols et rater chaque fois sa fuite, décuple la violence du viol qui perdure sur toute la durée du film.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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