D@bbe

Un texte signé André Quintaine

Turquie - 2006 - Hasan Karacadag
Interprètes : Ümit Acar, Ebru Aykaç, Fulya Candemir, Zeynep Hasdal Çolakoglu, Kaan Girgin, Serdar Özer

Le cinéma de genre, plus particulièrement le cinéma fantastique, a le vent en poupe. Tous les pays s’y mettent et grâce à Internet et au sous-titrage quasi systématique des films en langue anglaise, les films sont maintenant tous et toute de suite accessibles. Le cinéma turc, autrefois si difficile à aborder, est désormais à portée de main.
Il s’agit là de l’aspect bénéfique de la mondialisation. Malheureusement, dès les premières images de D@BBE, on peut également en constater les côtés négatifs avec l’occidentalisation des personnages qui supprime tout exotisme.
Quoi qu’il en soit, si le cinéma turc est réputé pour s’être approprié par le passé les grands succès du cinéma américain, c’est ici ceux du cinéma horrifique asiatique qui se voient honorés par les scénaristes turcs… A moins que, finalement, D@BBE soit plutôt inspiré par PULSE, le remake de KAIRO …
Depuis quelques jours, une jeune femme n’a plus de nouvelles de son petit ami. Elle décide de lui rendre une visite impromptue. Une fois chez lui, elle le trouve l’air hagard, le regard vide. Enfermé dans sa maison depuis plusieurs jours, il a recouvert les murs de papiers journaux. Puis, il s’absente quelques secondes et se suicide en s’enfonçant un couteau en travers de la gorge, presque sous les yeux de sa petite amie… Même si à l’évidence, il ne s’agit pas d’un crime, la police mène son enquête. En effet, une vague de suicides frappe actuellement l’Occident et la Turquie craint d’être atteinte par le fléau.
Cette histoire de virus qui se répand via Internet emprunte sans vergogne à RING, JU-ON mais surtout à KAIRO.
Le film démarre très fort. Dès les première secondes, D@BBE fait preuve d’une excellente maîtrise de la manière dont usent les Asiatiques pour faire peur. Il aurait même tendance à la magnifier au plan sonore. Lors des premières minutes, la bande-son est composée de cris stridents et de râles du meilleur effet. A défaut d’être agréable, la bande-son est efficace car on est effectivement très mal à l’aise. A ce moment-là, on se dit qu’il vaut mieux ne pas être seul car D@BBE n’a décidément pas l’intention d’être un film rigolo…
Au bout d’un quart d’heure d’images qui tressautent et d’un son grave qui constitue l’essentiel du fond sonore, on se dit néanmoins qu’on a déjà vu tout ça maintes et maintes fois… Et que ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. D@BBE use énormément, par exemple, de l’angoisse provoquée par la présence d’un élément immobile au second plan. Si l’effet reste efficace, utilisé à répétition, il finit par avoir l’effet inverse de celui désiré. D@BBE est sans doute inquiétant, mais ne provoque pas LA grande peur annoncée au début du métrage. Les effets utilisés sont éculés, prévisibles et l’on peut même dire gratuits tant le scénario restera vague sur les origines du fléau. Il est difficile de trouver une cohérence entre les images de fantômes disloqués et les véritables intentions de ces derniers.
A la défense du réalisateur, notons qu’il n’est pas vraiment aidé puisqu’il tourne en vidéo et que l’image trop lisse, trop propre, n’est nullement rehaussée par un casting et des décors dignes d’un téléfilm.
Pour les amateurs d’exotisme, difficile de reconnaître dans D@BBE son identité turque. Le Coran est finalement assez peu valorisé dans le scénario et se limite à nous expliquer que ces suicides annoncent la fin du monde. Seuls les fantômes s’avèrent finalement assez originaux. Le visage carbonisé, les yeux rouges vifs, ils représentent la véritable source de frayeur et d’originalité du métrage.
Malgré son scénario qui a tout du plagiat, D@BBE aurait pu tirer son épingle du jeu s’il avait un peu joué la carte de l’exotisme turque. A la place, on a plutôt l’impression d’assister à un remake de KAIRO, anticipant l’américain PULSE. Dommage car les premières minutes présageaient quelque chose de mortellement effrayant.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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