Dead in 3 Days

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Autriche - 2006 - Andreas Prochaska
Titres alternatifs : In 3 Tagen bist du tot
Interprètes : : Karl Fischer, Michou Friesz, Ines Honsel, Amerlie Jarolin

L’Autriche n’est pas réputée pour son cinéma de genre et, à ma connaissance, n’a pas tâté du slasher excepté avec le très froid et controversé SCHYZOPHRENIA (alias ANGST ou FEAR). Contrairement au titre précité, DEAD IN 3 DAYS ne cherche pas à choquer le spectateur mais plutôt à l’emmener tranquillement pour une petite ballade sur les terres du cinéma de genre américain. Le réalisateur n’a pas été cherché très loin son scénario qui pompe sans vergogne SOUVIENS-TOI L’ETE DERNIER et, de manière plus diffuse, toute la vague des neo-slashers nés voici 10 ans à la suite du succès de SCREAM et autres URBAN LEGENDS (pour ne citer que le haut – hum ! – du panier).
Pas la meilleure manière de procéder pour se démarquer des nombreuses imitations des titres précités mais plutôt une certaine volonté de donner au produit une envergure internationale en décalquant sans vergogne les “films qui font peur” ricains.
Les poncifs sont donc de la partie dans ce DEAD IN 3 DAYS puisque l’on retrouve la petite bande de jeunes liés par un lourd secret, un passé qui revient les hanter sous forme d’un SMS menaçant les avertissant qu’ils seront tous morts dans les trois jours. Qui peut donc bien en vouloir à ces braves étudiants nouvellement promus et uniquement préoccupés de faire la fête à grand coup de sexe suggéré, de drogue douce et d’une bande-son orientée skate/punk rock mélodique efficace et opportuniste ? Réponse évidente à mi-film !
Rien de franchement original dans ce scénario, d’autant que la première piste s’avère la plus évidente et qu’elle est d’ailleurs la seule… Au point que le spectateur s’attend à un petit twist pour relancer la machine à un moment ou à un autre mais, finalement, rien de surprenant ne se produira durant cette petite heure et demie routinière. C’est carrément l’autoroute du crime : attachez vos ceintures et c’est parti sans surprise aucune !
Le cinéaste parvient néanmoins à maintenir l’intérêt, grandement aidé par les jolis décors naturels (cela change des campus américains interchangeables) et offre un minium de caractérisation à ses personnages. On leur octroie un semblant d’épaisseur en accentuant l’aspect tragique des meurtres au lieu de jouer la carte du divertissement pur. Ce sera sans doute sa seule originalité par rapport à ses modèles souvent tentés par les sirènes de l’auto parodie.
Au niveau des meurtres, le film privilégie une certaine suggestion et s’oriente un peu vers le giallo, en particulier lors de la meilleure séquence : une décapitation bien gore au terme de laquelle la tête tranchée d’une victime finit dans un aquarium (pile poil comme dans HE KNOWS YOU’RE ALONE, le premier rôle de Tom Hanks pour les connaisseurs !). Les victimes ne sont pas très nombreuses (vu le nombre limité de candidats potentiels) mais le cinéaste frappe parfois où on ne l’attend pas et évite les clichés trop familiers (ceux énumérés par les glandeurs de SCREAM). C’est déjà ça !
Si DEAD IN 3 DAYS manque indéniablement de suspense et de mordant, le rythme s’avère correct et la mise en scène s’élève heureusement au-dessus de la faible moyenne du genre. Techniquement, le tout se révèle même plutôt travaillé : photographie soignée, montage efficace et interprétation globalement convaincante élèvent le produit.
Dommage que le scénario soit aussi prévisible. Avec un minimum d’effort dans ce domaine, le métrage aurait pu prétendre à être autre chose qu’un thriller vite vu et vite oublié. Mais on a vu bien pire, spécialement dans le slasher, encombré de sous-produits sans intérêt.
En résumé, voici une petite production honorable et tout à fait capable de divertir un public pas trop exigeant même si le manque d’ambition et d’originalité est manifeste.
Présenté au Festival du Film Fantastique de Bruxelles, DEAD IN 3 DAYS n’a pas été trop mal accueilli et le public s’est même montré plutôt calme et poli durant sa projection, un gage – comme un autre ! – d’une certaine qualité.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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