review

Dead Silence

<< Attention au regard de Mary Shaw Elle n'avait que des poupées, pas d'enfants Et si tu l'aperçois dans un rêve La pire chose à faire serait de crier >>
Tous les habitants de la petite bourgade Raven’s Fair connaissent bien cette comptine. Les parents l’utilisent pour faire peur aux enfants désobéissants. Mais alors que toute légende prend son origine dans la réalité, celle de Mary Shaw n’est pas une exception. Mary Shaw était un célèbre ventriloque qui faisait des représentations à Raven’s Fair. Elle est un jour soupçonnée d’avoir enlevé un jeune garçon, le même garçon qui avait interrompu l’une de ses fameuses soirées au théâtre de Lost Lake. Les habitants décident de faire justice eux-mêmes et tuent Mary Shaw en lui arrachant la langue. Désormais, son fantôme revanchard décime petit à petit la population de Raven’s Fair. Jamie Ashen est un jeune homme, qui reçoit l’une des poupées de Mary Shaw dans son appartement. Le soir même, sa femme meurt dans de mystérieuses conditions. Jamie décide de mener sa propre enquête et retourne dans sa ville natale, Raven’s Fair…
L’histoire de DEAD SILENCE donne dans le classique, avec son fantôme vengeur et ses vieilles bâtisses décrépies. Le but de James Wan est simple, il veut utiliser le moins d’artifices possible pour un maximum d’effet. Pari gagné haut la main. Les effet digitaux sont ainsi limités à des détails. L’accent est mis sur les effets de maquillage et les prothèses. Il remplace les effets spéciaux tape-à-l’oeil et onanistes par une ambiance plus intimiste et oppressante. Les apparitions de Mary Shaw n’en sont que plus effrayantes. C’est un véritable retour aux sources de l’horreur viscérale. En fait, ”épouvante” serait plus approprié. Cette fois-ci, les frissons sont privilégiés. Le film multiplie les références et autres éclairages au feeling très européen. Mario Bava représente l’une des influences majeures avec les éclairages et les ambiances brumeuses dignes d’un LES TROIS VISAGES DE LA PEUR (les épisodes ”La goutte d’eau” et ”Les wurdulaks”) ou encore LE MASQUE DU DEMON. Un film plus récent se rapproche également de DEAD SILENCE, à savoir SILENT HILL de Christophe Gans. Ils partagent tous deux une ambiance très glauque et sombre. Donc, pas de gore outrancier ni de pièges broyeurs d’os. Tout est fait pour installer un climat de peur et une véritable tension. James Wan, réalisateur de SAW 1 et producteur/scénariste des suites nous prend à contre-pied. Il retrouve d’ailleurs son collègue et ami Leigh Wannel au poste de scénariste. Ils prennent un certain risque à éviter ce qui fait recette en ce moment, avec les HOSTEL et consorts, c’est-à-dire des films de plus en plus transgressifs et trash. Risque malheureusement confirmé puisque DEAD SILENCE s’est planté au box-office américain. Il s’agit là d’un sort bien injuste car DEAD SILENCE vaut vraiment le détour. Espérons que les Français lui réserveront un meilleur accueil. Malgré le fait que moins d’effets gores soient utilisés, il reste quand même plusieurs visages déformés par un arrachage de langue et des corps momifiés. Il y a en effet un très bon côté morbide à souhait, on peut presque sentir l’odeur de chair en putréfaction. La poupée de ventriloque, qui fait partie d’une collection de 101 poupées est aussi des plus réussies. Son faciès et ses grands yeux qui vous suivent du regard suffisent à donner quelques frissons supplémentaires. Enfin, on est quand même loin de CHUCKY ou PUPPET MASTER car les poupées sont utilisées par Mary Shaw exclusivement comme un outil. C’est uniquement elle, la vraie croquemitaine du film. L’actrice Judith Roberts est excellente en fantôme, bien qu’elle sache tout aussi bien convaincre en tant que Mary ”normale” dans un excellent flashback. Scène très (trop ?) courte mais qui constitue l’un des morceaux de bravoure du métrage. C’est clair, on est rarement autant captivé que dans ces moments. D’autres scènes à citer (les plus référentielles au cinéma de genre italien) sont les nuits que le héros Jamie Ashen passe à l’hôtel et toutes celles dans les ruines du théâtre de Lost Lake. La liste des scènes marquantes est très longue. On saluera aussi la prestation de Bob Gunton en patriarche fatigué, Michael Fairman en croque-mort qui en sait plus qu’il n’y paraît et Donnie Wahlberg dans le rôle du flic aux basques de notre héros. Le reste de l’interprétation est plutôt terne et sans relief, petit bémol pas bien grave tout de même. Autre point qui en surprendra plus d’un, et qui en rebutera d’autres : le final. C’est assez violent et rapide, un peu à l’image des finals de la trilogie des SAW. Un maximum d’informations est jeté à la tête du spectateur. Une seconde vision peut être nécessaire car c’est rapide et cela laisse quand même un peu de travail d’interprétation à celui qui visionne ces images. Voila les quelques points relativement faibles de DEAD SILENCE.
Dans l’ensemble, DEAD SILENCE se pose presque instantanément en chef-d’oeuvre. Mis à part les quelques faiblesses de l’interprétation et un final trop brusque, DEAD SILENCE prend aux tripes là où d’autres les exposeraient sans scrupules à l’écran. C’est un retour aux sources du film d’épouvante, du film qui fait peur. Jetez-vous sans attendre sur ce véritable petit bijou morbide.

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