Dead snow

Un texte signé Alexandre Lecouffe

Norvège - 2009 - Tommy Wirkola
Titres alternatifs : Død snø
Interprètes : Vegar Hoel, Stieg Henriksen, Charlotte Frogner

L’émergence d’un cinéma de genre scandinave est perceptible depuis quelques années et il semble que c’est surtout la Norvège qui depuis peu se fait connaître dans différents festivals fantastiques internationaux (le Bifff, Gérardmer, Sitgès…) à travers sa production de petites bandes horrifiques très solides à défaut d’être vraiment originales. Tout récemment, COLD PREY (de Roar Uthaug, 2006), COLD PREY 2 (de Mats Stenberg, 2008) ou MANHUNT (de Patrik Syversen, 2008) ont enthousiasmé un petit public de connaisseurs par leur approche sérieuse et bien assimilée des sous genres du « survival » et du « slasher ». DEAD SNOW semble en revanche mettre en avant un esprit horrifique beaucoup plus ludique et décalé, ce qui paraît peu surprenant de la part du réalisateur Tommy Wirkola dont le premier film ultra-fauché, KILL BULJO (2007) était une pénible parodie du KILL BILL de Quentin Tarantino (2003). Son deuxième long-métrage fait renaître la figure très « bis » du zombie-nazi qui naquit (?) dans le sympathique LE COMMANDO DES MORTS-VIVANTS (Ken Wiederhorn, 1975), réapparut dans l’ineffable LE LAC DES MORTS-VIVANTS (Jean Rollin, 1980) ou plus récemment dans un jeu-vidéo (Call of Duty) puis avec un certain brio dans OUTPOST (2008) de l’anglais Steve Barker.

Un groupe d’étudiants en médecine part pour une virée de quelques jours en pleine montagne dans un chalet isolé. Après une première journée bien remplie (scooter des neiges, ski, drague, alcool…), ils recueillent un étrange voyageur qui leur explique que la région est maudite depuis un épisode de la Seconde Guerre mondiale qui vit les habitants se soulever contre l’occupant nazi. De nombreux soldats allemands furent alors tués, d’autres s’enfuirent et périrent gelés. Le lendemain, le groupe d’étudiants découvre le corps déchiqueté du voyageur et mettent par hasard la main sur une boîte contenant des décorations et des objets de valeur ayant appartenu à des soldats du IIIème Reich ; ils commettent alors l’erreur fatale de se partager ce butin…

La musique symphonique du compositeur norvégien Edward Grieg (le thème très connu de « Peer Gynt », Dans l’antre du Roi de la Montagne) illustre de façon remarquablement adéquate la séquence pré-générique de DEAD SNOW qui nous plonge dans une très efficace course-poursuite en montagne entre une jeune femme et un groupe d’hommes en uniforme nazi. Très découpée mais lisible, la scène épouse le crescendo musical de Grieg et s’achève par la mise à mort brutale de la femme traquée. Cet incipit saisissant n’est malheureusement plus qu’un lointain souvenir lorsque après un bon tiers de métrage…il ne s’est toujours rien passé ! Le réalisateur s’est contenté en effet d’installer les bases d’un récit hyper-stéréotypé dans lequel un groupe de jeunes inconscients va se retrouver dans un lieu isolé dont ils sont les seuls à ne pas deviner la dimension mortifère. La caractérisation est des plus sommaires, aucun personnage ne dépassant le statut de simple « devenir-cadavre » auquel il est voué par la structure ultra-codifiée du scénario. Dans cette partie du film, les références aux classiques du cinéma d’horreur et du « slasher » sont légion (EVIL DEAD de Sam Raimi, 1980 ; VENDREDI 13 de Sean Cunningham, 1981…) et fonctionnent comme autant de clins d’œil cinéphiliques qui finissent par tirer DEAD SNOW à la limite du pastiche stérile. L’absence de péripéties plombe alors un récit qui semble se reposer sur le second degré (le personnage fan de films d’horreur et ses citations) et fait preuve de lourdeur (le voyageur solitaire qui dévoile le scénario à venir !). Heureusement, la seconde partie du film, en glissant vers le « survival », parvient à captiver davantage : les attaques des zombies-nazis et les courses-poursuites qui s’ensuivent installent un bon rythme (enfin !) et l’espace enneigé qui se teinte bientôt de sang est bien mis en valeur par une photo et des cadrages travaillés. Sans tomber dans la parodie lourdingue , DEAD SNOW trouve alors un bon équilibre entre gore et comédie, les divers démembrements, charcutages à la faucille et autres coups de tronçonneuse étant toujours atténués par une bonne dose d’humour. On sent alors que Tommy Wirkola cherche la scène culte, celle qui fera trépigner de joie le fan des premiers films de Peter Jackson ; le réalisateur norvégien n’ayant ni le talent ni l’imaginaire incroyable du néo-zélandais, on se contentera de quelques gags réussis, tel celui où deux protagonistes se retrouvent dans le vide, « encordés » à l’intestin d’un malheureux zombie ! Nous sommes cependant très loin d’atteindre des sommets dans le gore et, budget restreint oblige (moins de 3 millions de dollars), de nombreux effets sanglants restent hors-champ ; l’utilisation de l’hémoglobine est, elle, parfaitement généreuse et les maquillages et prothèses des morts-vivants plutôt convaincants. Pour terminer, ce premier « zombie-flick » nordique se laisse suivre sans déplaisir à condition de ne pas y regarder de trop près ; ses scories narratives, son scénario-prétexte et ses personnages falots sont en partie rachetés par une technique solide, un amour sincère du genre et quelques trouvailles visuelles sympathiques.


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- Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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