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Death bell

Premier film de son auteur, DEATH BELL réussit l’exploit d’être le plus gros succès de l’année de sa sortie en Corée du Sud. Composé d’un casting de stars pour adolescents, le long-métrage investit les écrans en plein été 2009 et s’avère être le seul film de genre à sortir cette saison-là à cause des cuisants échecs de ses prédécesseurs. En effet, le cinéma d’horreur coréen est alors en pleine crise et les fantômes muets aux cheveux sales ne font plus recette. Dès lors, comme ce fait-il qu’un produit aussi calibré en apparence que les autres fasse à ce point la différence ?
Alors que l’année scolaire se termine, les vingt meilleurs élèves d’un lycée privé sont convoqués un samedi matin afin de préparer l’échange avec une classe anglo-saxonne. Mais tandis que les préparatifs et les rattrapages de langue anglaise ont lieu, la télévision équipant la salle de classe s’allume alors sur une des élèves, enfermée dans un aquarium qui se remplit peu à peu d’eau. Une voix s’élève, expliquant aux élèves qu’ils vont devoir résoudre une équation compliquée en peu de temps, sinon leur amie mourra noyée. Elèves et professeurs découvrent bien assez vite qu’ils sont coincés dans l’enceinte du bâtiment, à la merci d’un mystérieux psychopathe qui va les obliger à traverser de nombreuses épreuves. Qui est ce tueur fou ? Et s’il s’agissait du fantôme d’une élève tragiquement disparue, de retour pour se venger de ceux qui l’ont tourmentée ?
Démarrant efficacement sur un cauchemar tétanisant fait de zombies particulièrement belliqueux, le tout emballé dans une atmosphère lourde et grisâtre qui rappelle le Fulci de L’AU DELA, DEATH BELL s’enlise ensuite dans une morne routine, quelque part entre la teenage comedy et le manga comico-sentimental de type I’s. Le scénario se met alors à patiner, enchaîne les scènes sans enjeux qui, de caractérisation banale en redondances flagrantes, se construit sur une structure particulièrement flottante. Cependant, grâce à l’interprétation solide des jeunes comédiens, le charme opère malgré tout et c’est tant mieux, car lorsque l’intrigue démarre enfin, c’est pour mieux tenir le spectateur en haleine, jusqu’à un dénouement inspiré de l’une des plus grandes sagas d’horreur américaine dont nous tairons le nom ici afin de ne rien dévoiler. L’inspiration de DEATH BELL provient aussi, et surtout dans son déroulement, de la mode des torture porn à la SAW, en évitant le porn, à savoir la complaisance dans la torture. Ici, tout est suggéré ou à peine montré via des flashs et des inserts gore de très courte durée. Si résoudre des équations et autres problèmes mathématiques et de logique pour sauver un camarade est une excellente idée pour inciter la jeunesse à réviser ces leçons, l’intrigue louche donc du côté de Jigsaw et de ses problématiques perverses mais convoque également des influences issues des histoires de fantômes asiatiques et même de slasher et d’un soupçon de films de couloir, sans pour autant sombrer dans l’ennui. En laissant planer le doute quant au degré de surnaturel impliqué dans les évènements, le réalisateur (qui est aussi scénariste), en profite pour dénoncer le règne de l’élitisme, la course à la réussite scolaire débouchant sur de la corruption et qui gangrène la société sud-coréenne. Cette dénonciation culmine lors d’un final émouvant qui a le mérite de conclure de manière logique une intrigue qui a quelquefois tendance à sombrer dans la confusion la plus totale, à cause notament d’un montage parfois totalement hasardeux.
Au final, dans un paysage audiovisuel du genre gangréné par les histoires de fantômes, DEATH BELL s’en tire haut la main en réalisant la synthèse de plusieurs courants de l’horreur moderne sous la forme d’une tragi-comédie adolescente.

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