Death by Invitation

Un texte signé Philippe Chouvel

Etats-Unis - 1971 - Ken Friedman
Interprètes : Shelby Leverington, Norman Paige, Aaron Philips, Bruce Brentlinger, Denver John Collins

Aux Etats-Unis, au XVIIème siècle, une jeune femme est arrêtée, condamnée pour pratique de la sorcellerie puis brûlée vive. Trois cents ans plus tard, Lise, qui est le portrait craché de la prétendue sorcière, fréquente le timide Roger Vroot, l’un des cinq enfants du couple formé par Peter et Naomi.
Peter Vroot est à la tête d’une entreprise florissante et gagne bien sa vie. Il accueille Lise au sein de sa famille, sans se douter que celle-ci compte se venger des bourreaux de celle qui fut accusée de sorcellerie trois siècles plus tôt, et qui n’étaient autres que les ancêtres de la dynastie des Vroot.
Lise est en effet la réincarnation de la défunte, à moins que ce ne soit tout simplement elle, revenue d’entre les morts, afin d’accomplir sa vengeance…
DEATH BY INVITATION rejoint la longue liste des films indépendants tournés aux U.S.A. durant les années soixante-dix, exploités dans une poignée de salles et jamais distribués à l’étranger. Petit budget, casting amateur… deux constantes condamnant ce genre d’œuvre à l’oubli assez rapidement.
Produit par Leonard Kirtman, figure du cinéma d’exploitation (CARNIVAL OF BLOOD, CURSE OF THE HEADLESS HORSEMAN) qui poursuivra sa carrière en réalisant des films X sous le pseudonyme de Leon Gucci, DEATH BY INVITATION est le premier long métrage de Ken Friedman, qui abandonnera rapidement la casquette de metteur en scène pour porter celle de scénariste. Parfois avec bonheur, puisqu’on lui doit les scénarios d’une poignée de films qui connurent un certain succès, notamment JOHNNY BELLE GUEULE, CADILLAC MAN ou encore BELLES DE L’OUEST.
Lorsque l’on se penche sur la liste des acteurs ayant participé au tournage de ce largement méconnu DEATH BY INVITATION, on ne sera pas surpris de constater que la majeure partie des protagonistes a stoppé net toute ambition de poursuivre dans cette voie après ce premier essai… peu concluant. A une seule exception… Shelby Leverington, qui incarne le rôle principal, celui de Lise. L’actrice, qui débutait alors, fait preuve d’une grande maîtrise dans son jeu et se montre particulièrement à l’aise et suffisamment convaincante pour susciter l’effroi parmi les spectateurs, tant elle paraît inquiétante et tourmentée tout au long du film. Par la suite, Shelby Leverington suivra un parcours tout à fait honorable par le biais de séries télévisées et divers téléfilms, tout en étant contactée par des réalisateurs renommés comme Blake Edwards (pour la comédie S.O.B.) ou Walter Hill (LONG RIDERS, en 1980).
Si le sujet de DEATH BY INVITATION n’a dans le fond rien d’original, puisqu’il s’agit d’une classique histoire de vengeance à connotation fantastique, l’œuvre se démarque de bien des films d’horreur au niveau de la forme. On constate déjà que les éléments propres au genre sont quasiment absents : pas d’effets spéciaux, des meurtres n’ayant pas le moindre impact visuel, et plus regrettable encore, le potentiel érotique de Lise, qui d’une certaine manière agit comme une succube sur ses victimes, n’est pas exploité de la meilleure des façons. Le rythme du film est particulièrement lent, ponctué en alternances de longs monologues de Lise et de scènes de repas au cours desquelles les personnages restent inexplicablement silencieux. On passe donc d’une extrême à l’autre, et il en va de même pour l’intensité dramatique, où la tragédie macabre d’ensemble est subitement interrompue lors d’une scène surréaliste voyant le personnage de Jake (marié à l’une des filles Vroot) se rendre au bureau de son beau-père. Dans un premier temps, on voit Jake tenter de trouver son chemin à travers un labyrinthe de couloirs et de pièces d’où émergent une cohorte de secrétaires. Puis, arrivé à bon port, il s’ensuit une discussion entre Peter Vroot et son gendre dans une pièce baignée par une musique classique excessivement forte, si bien que les deux hommes sont obligés d’énoncer leurs dialogues en hurlant !
Cela confère au film un côté presque irréel, qui a pour effet de plonger le spectateur dans une sorte de rêve éveillé. Pas toujours à bon escient, hélas, car le risque de plonger dans une certaine torpeur n’est jamais très loin. DEATH BY INVITATION est un film d’atmosphère. On aurait aimé qu’il soit dans la lignée des longs métrages fantastiques de cette époque dont l’aura, l’ambiance particulière leur a conféré un statut de « film culte » justifié. Des œuvres comme CARNIVAL OF SOULS, MESSIAH OF EVIL, LET’S SCARE JESSICA TO DEATH ou LEMORA. Dommage que DEATH BY INVITATION ne soit pas en mesure de rejoindre cette liste, malgré quelques moments fort prometteurs qui ne suffisent pas à effacer les nombreuses lacunes parsemant ce film pourtant capable de susciter de la curiosité.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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