Death Note

Un texte signé André Quintaine

Japon - 2006 - Shusuke Kaneko
Interprètes : Tatsuya Fujiwara, Ken'ichi Matsuyama, Asaka Seto, Shigeki Hosokawa, Erika Toda

S’il vous était possible de tuer sans vous salir les mains, que feriez-vous de ce pouvoir ? Le jeune héros de DEATH NOTE ne va pas tergiverser très longtemps avant de trouver une réponse.
Etudiant en droit, Light (oui, c’est son nom… sans commentaire) est un petit surdoué qui sait pirater les sites. Lorsqu’il pénètre illégalement sur celui de la police coréenne, il est littéralement anéanti par ce qu’il apprend : de nombreux criminels identifiés ne sont jamais arrêtés et mis derrière les barreaux. Les raisons sont diverses, manques de preuves, pots de vins versés par un tiers… Mais ces explications ne lui conviennent pas. L’enseignement qu’il tire de cette visite sur le site de la police est que la justice avec un grand J n’existe pas.
Un soir, il trouve dans la rue un cahier. De nombreuses pages sont blanches en dehors de quelques-unes qui lui expliquent de quelle manière utiliser le cahier. Des explications vont également lui être fournies par Ryuk, un démon de la mort. En réalité, c’est lui qui lui a mis le cahier dans les mains, un cahier sur lequel il suffit d’écrire le nom d’une personne pour qu’elle meure foudroyée par un arrêt cardiaque.
Dans son besoin de constamment chercher de nouveaux débouchés pour ses produits, la société de consommation a transformé les adolescents en purs consommateurs. Pour s’octroyer les bonnes faveurs de ce nouveau public qui représente un potentiel de profits à très long terme, elle ne cesse de le flatter. Elle en a fait des rois, ou plus exactement les maîtres du monde. Cette position leur confère une arrogance vis-à-vis des adultes, des adultes qui, de leur côté, subissent et rêvent d’être jeunes.
La représentation de cette nouvelle société saute aux yeux dans DEATH NOTE. Les deux héros Light et « L » sont deux adolescents qui tournent en dérision les adultes. Light juge les adultes et applique une loi sans pitié puisque la moindre incartade se traduit par la mort pour celui qui commet un crime. Les jeunes voient en Light un nouveau Dieu alors que le monde adulte s’inquiète. La police n’arrive pas à mettre la main sur ce serial killer qui tue sans se montrer. Light applique une justice aveugle trop radicale. Jeune, il n’a pas conscience de l’avenir et il ne sait pas que tout le monde évolue dans une vie, même les criminels. En face de lui, il va trouver un terrible adversaire : « L ». Personne ne le connaît, personne ne l’a jamais vu. Finalement, lorsqu’il devra se dévoiler, les policiers seront surpris de rencontrer que leur chef est un adolescent d’à peine 20 ans. Ces adultes obtus, incapable d’imaginer que le fond du problème est d’origine fantastique, avaient bien besoin d’une aide à l’esprit plus ouvert que le leur.
DEATH NOTE décrit la lutte entre Light et L qui essaye de coincer le premier en comprenant les possibilités que lui confèrent le cahier. L, très doué, rétrécit en effet le champ d’action de Light en parvenant à dresser son profil de plus en plus précisément (comme les morts ont lieu en dehors des heures de cours, l’assassin est forcément un étudiant ou un lycéen, etc). Mais, si le cahier impose certaines limitations, il offre également des possibilités comme celle de prévoir à l’avance la date de la mort. Il faudra que Light fasse preuve de beaucoup de machiavélisme pour continuer à tuer tout en passant inaperçu. Cette lutte que se livrent les deux protagonistes rappelle celle que l’on retrouve dans des films de super héros, même si tout est ici plus intellectualisé. L’imagination que Light doit mettre en oeuvre pour trouver à chaque fois de nouvelles combines et ainsi continuer son petit jeu évoque également parfois l’ingéniosité d’un épisode de Mission Impossible.
Si l’on pouvait penser que le sujet du film serait le sens de la justice avec la question de savoir qui doit contrôler et jouir du pouvoir de l’appliquer, très vite DEATH NOTE s’oriente plutôt sur cette représentation d’un monde dévolu aux jeunes. L et Light sont tous les deux immatures mais régissent pourtant le monde, même celui des adultes.

Cliquez ici pour consulter l’article sur Death Note The Last Name


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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