Death Note: The Last Name

Un texte signé André Quintaine

Japon - 2006 - Shusuke Kaneko
Titres alternatifs : Desu nôto: The last name
Interprètes : Tatsuya Fujiwara, Takeshi Kaga, Shido Nakamura, Erika Toda

DEATH NOTE : THE LAST NAME reprend exactement là où s’arrêtait le premier du nom. Ainsi, nous retrouvons tous les personnages que nous avons appris à apprécier lors du premier opus. Le plaisir est d’autant plus grand qu’ils sont toujours aussi soignés. C’est ici l’une des grandes qualités de ces deux films. En effet, ils parviennent admirablement à rendre crédible tout ce petit monde on ne peut plus hétéroclite, pourtant tout droit sorti d’un animé. C’est donc avec plaisir que nous retrouvons Light et L. Le premier incarne le fameux Kira qui fait régner la terreur parmi les criminels. Le second cherche à arrêter le premier car il est inconcevable qu’une personne s’approprie le pouvoir d’appliquer, seule, la justice. En supprimant purement et simplement les criminels après avoir écrit leur nom sur un cahier, Light s’est attiré les foudres de la justice en place. Light est donc obligé de redoubler de vigilance et brouille les pistes afin de se défaire de son ennemi, L. Un ennemi que Light côtoie maintenant tous les jours depuis qu’il a rejoint incognito l’équipe chargée d’arrêter Kira. Dans ce jeu du chat et de la souris qui ressemble à une partie d’échec, Light bénéficie de deux alliés dont il va se servir comme de pions. Parmi eux, Misa est la jolie et mignonne pop star qui fait immanquablement sourire car elle n’est franchement pas très futée. Elle apporte du recul à l’ensemble en rappelant que, même si les films empruntent leur thématique à un sujet grave, l’enjeu est ailleurs. DEATH NOTE 1 et 2 sont prioritairement des films ludiques. La jeunesse et l’immaturité des personnages principaux, les pièges machiavéliques que se tendent Light et L font largement plus basculer le film dans le jouissif que dans la réflexion.
Quoi qu’il en soit, le réalisateur fait immanquablement preuve de doigté. Car il ne traite pas non plus le sujet à la légère. Respectueux et faisant preuve de sagesse et de tolérance, il n’aide jamais la balance à pencher plutôt d’un côté ou de l’autre. Le film n’est ni moralisateur ni donneur de leçon sur ce sujet et il est fort à parier que chaque spectateur, en fonction de son opinion, sera plus ou moins séduit par Light ou par L. D’être parvenu à instaurer un tel équilibre entre les personnages est dû à un excellent casting, à une interprétation parfaite, ainsi qu’au tact du réalisateur qui ne privilégie aucun des points de vue. Ainsi, Light qui pourrait avoir le mauvais rôle puisqu’il est celui qui applique une justice dont il est le seul décideur, n’est jamais représenté comme un fou ou un être inhumain. Et s’il est froid et calculateur, il sait qu’atteindre son rêve d’un monde juste ne se fera pas sans sacrifice.
Avec l’aide d’un scénario que l’on devine particulièrement concis, Shusuke Kaneko parvient à rendre près de 5 heures de métrages passionnantes de bout en bout. Aucun temps mort ou rupture de rythme ne sont à constater. L’intérêt est maintenu sans accro et Shusuke Kaneko n’a pas besoin de recourir à des effets modes pour y parvenir. Il privilégie une réalisation classique qui l’assoie comme un réalisateur viable et sérieux.
Plus discret que Shinya Tsukamoto ou Takashi Miike, Shusuke Kaneko fait néanmoins partie de ces réalisateurs nippons avec lesquels il faut compter. C’était Brian Yuzna qui nous l’avait présenté en le laissant signer l’un des épisodes de son NECRONOMICON. Plus de dix années ont passé et Shusuke Kaneko s’est illustré à l’occasion de plusieurs films (PYROKINESIS, AZUMI 2, GODZILLA, MOTHRA AND KING GHIDORAH…) et à chaque fois dans des genres très différents. La constance que l’on trouve dans son travail en fait un réalisateur dont on attendra désormais avec impatience les nouveaux films…


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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