Un texte signé Philippe Delvaux

USA - 1978 - Jim Clarke
Interprètes : Bambi Woods, Robert Kerman, Christie Ford, Robin Byrd, Eric Edwards, Rikki O'Neal, Jenny Cole

retrospective

Debbie does Dallas

Capitaine des pom-pom girls, Debbie veut emmener ses amies supporter l’équipe de football de l’école dans un match en déplacement, ce qui requiert de l’argent pour le voyage, argent dont elles sont dépourvues. Qu’à cela ne tienne, il suffit de dégotter de ces petits boulots comme il en pullule aux Etats-Unis. Oui mais… qui dit petits boulots dit aussi petits salaires. Et face à l’insuffisance des rentrées, notre joyeuse bande décide d’offrir des «services supplémentaires» aux clients, contre un petit «extra».

Debbie does Dallas est un de ces pornos produits à la fin des années ‘70, alors que le genre est encore loin de l’évolution du gonzo, de l’évacuation progressive de l’intrigue et de l’exploitation en vidéo plutôt qu’en salle.
Ici, nous sommes donc dans du porno à l’ancienne : filmage en 35mm, développement d’une intrigue encadrant les scènes de sexe et, partant, des acteurs qui s’efforce encore de jouer.
Debbie does Dallas se cantonne donc dans le mainstream, le « porno des familles », avec une sexualité ramenée au classique binôme pénétration-fellation. Aucune bizarrerie ou déviance, pas non plus de performance du style DP anale. Et ce n’est pas plus mal, car, tout en restant dans un monde fantasmatique, la sexualité y est ramenée à de plus justes et humaines proportions.
Jim Clarke respecte le cahier des charges du genre : une séquence sexuelle toutes les 5-10 minutes, mais n’en oublie par pour autant de soigner les passages de comédie.
Bien entendu, ces derniers n’offriront pas aux acteurs un quelconque oscar, le jeu étant, comme ce fut très souvent le cas dans la production érotique occidentale, confiné à la comédie. L’interprétation est un peu forcée, les personnages ramenés à des archétypes et à des poses. Lesquels ne sont pas dérangeants dans ce cadre, un film porno s’accompagne avec bonheur de personnages et de situations schématisés qui offrent une plus grande lisibilité au fantasme.
La musique participe du spectacle, passant de l’orchestre pompier développant des marches sportives enjouées aux tracks disco-funk démarquant des classiques, comme le cinéma érotique en était d’ailleurs coutumier (on reconnaît ainsi l’air de Plaisir d’amour / Can’t help falling in love).
Le grand succès du film au box office américain de l’époque tient sans doute à ce qu’il offre un condensé de l’imagerie de l’Americana : la culture teen, le football américain, les cheerleaders, les petits boulots d’une ville de province avec sa population middle class. Les actrices sont également au diapason de l’imaginaire américain le plus répandu : jeunes et aux formes généreuses.
La réalisation est soignée : cadrage, décors, caméra… les Etats-Unis d’alors sont capables de produire des films pornographiques de qualité, se démarquant par là des budgets faméliques attribués à leurs homologues français.
Le triomphe engendrera une kyrielle de suites et de dérivés dont seules les deux premières, en 1981 (toujours réalisée par Jim Clarke) et 1985 (réalisé cette fois par Joseph Robertson), conservent à Bambi Woods son rôle de Debbie.
Debbie does Dallas nous permet donc de renouer avec le « porno de papa », lequel nous manque parfois un peu actuellement.


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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare

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