Un texte signé Yannik Vanesse

Dossierretrospective

Deep Blood

Un groupe d’enfants, alors qu’ils sont en train de manger sur la plage, voit un étrange indien s’approcher. Il raconte la légende d’un mal ancien qui a décimé son peuple, et les bambins prononcent un pacte dans lequel ils promettent de lutter contre cette créature si elle revenait. Devenus adultes, ils découvrent qu’un terrible requin sévit dans les eaux proches de leur ville natale, et s’en vont l’affronter.

Joe D’Amato, célèbre réalisateur de bis italien, très prolifique, est connu pour ses nombreux films d’horreur, comme ANTHROPOPHAGOUS. S’il participe à la réalisation de ce métrage, et que sa patte s’y reconnaît, il n’est pas crédité. Le réalisateur officiel est Rafaelle Donato, qui agit sous le pseudonyme de Raf Donato. L’homme signe ici sa seule et unique réalisation, mais il a participé à l’écriture d’un documentaire, et produit quelques films et documentaires.

Les récits d’animaux tueurs, et en particulier de requins, sont terriblement nombreux, et le bis italien, après le succès des DENTS DE LA MER, a apporté, avec plus ou moins de succès et d’inventivité, énormément de pierres à cet édifice sanglant.
DEEP BLOOD essaie, en la matière, de renouveler la recette en ajoutant une légende indienne, avec ce requin qui se révèle être la personnification d’un mal ancien. Cependant, ce supplément n’apporte finalement pas grand chose au métrage, et ne semble être là que pour ajouter un peu de longueur et d’épaisseur, avant l’attaque et les meurtres traditionnels de ce genre de production. Ainsi, si la légende leur fournit une énigme à résoudre pour trouver le repaire du monstre, nos héros ne le rencontrent que par hasard, et, si le serment du sang permet aux protagonistes principaux d’être liés malgré les années, leur indéfectible amitié est tout aussi efficace.
Le spectateur découvre des personnages plutôt caricaturaux, qui déroulent leurs angoisses existentielles sur la pellicule. Evolue dans DEEP BLOOD le fils qui quitte son école de commerce, malgré ce qu’en pense son père, pour se lancer dans le golf. A ses côtés, le père en question qui, malgré sa peur de l’océan, l’aidera à chasser le requin, le militaire en permission retrouvant sa petite amie, et le jeune, resté dans la ville natale, en bisbille avec un loubard du coin, qui finalement les aidera dans leur lutte.
Comme souvent, dans une histoire de requin tueur, le policier local est incompétent et refuse de voir le danger, s’opposant aux héros, jusqu’à les féliciter de leur victoire en épilogue.
Il est aisé de deviner le déroulement du scénario de DEEP BLOOD, mais ce n’est pas forcément dérangeant. Le spectateur attend ainsi avec impatience l’apparition du squale tueur et, de ce côté, visions et mises à mort sont plutôt bien mises en scène. Le réalisateur utilise des stock-shot, optant pour un requin des plus normal, mais cela n’enlève rien à sa dangerosité. De plus, une certaine cohérence dans les stock-shot fait que le requin est plutôt bien mis en valeur, et les meurtres, à base de caméra subjective sous-marine, d’acteur ou d’actrice qui s’agite en criant, alors que l’eau devient rouge, font que ces morts sont assez peu gores, mais plutôt bien faites.
Hélas, sur toute la durée de DEEP BLOOD, nous avons trois personnes qui se font tuer, ce qui se révèle assez peu, et le spectateur voit nombre de séquences prévisibles et peu utiles permettre au métrage d’avoir une durée normale et le mener à la mise à mort de l’animal, lors d’une explosion assez ratée. Le grand poisson devient une maquette se détruisant de manière très drôle mais peu crédible.
Mais sorti de ce passage, DEEP BLOOD est hélas un peu trop sage, manquant du grain de folie sanglant qui ferait sortir le métrage du tout-venant des films de monstres marins. Il n’est pas honteux, loin s’en faut, mais trop classique pour se démarquer, et s’oublie hélas aussi vite qu’il a été vu.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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