Dossierreview

Defender

Krrish est un super-héros, symbole de l’amour et du désir de défendre son prochain en Inde. Son père est un scientifique un peu niais, mais supra intelligent après qu’un extra-terrestre ait fait des expériences sur lui, et qu’un scientifique fou l’ait enlevé. Son fils, ayant de puissants pouvoirs, a trouvé son masque dans un cirque en feu, et a décidé de défendre l’Inde. Il aura fort à faire pour protéger sa femme et les innocents, face à un autre scientifique fou, doté de terribles pouvoirs et créant des mutants en mélangeant son code adn avec des gènes provenant d’animaux divers.

DEFENDER est en fait le troisième volet de la trilogie KRRISH. Il est d’ailleurs dommage que seul le troisième film soit visible en France, tant un coffret regroupant les trois métrages aurait été intéressant et fascinant à découvrir. Rakesh Roshan est réalisateur et co/scénariste de ce film, après s’être aussi penché sur les deux autres volets de la série. Hrithik Roshan reprend du service pour incarner Krishna, ainsi que son alter-ego Krrish. Le choix s’avère excellent, tant l’acteur arrive à faire montre d’une grande gentillesse quasi naïve quand il ne porte pas son costume, ainsi qu’une stature musculeuse propre à le rendre impressionnant quand il enfile son costume (chacune des apparitions du héros étant magnifiée par des ralentis, la cape au vent, formant des effets certes caricatural mais agréables). Priyanka Chopra, incarnant la femme de Krishna, se montre d’une beauté difficilement oubliable, tandis que le méchant de cette histoire est joué par le très charismatique Vivek Oberoi, qui réussit à séduire dans son rôle de méchant tellement vilain qu’on le croirait issu d’un dessin-animé.

Les premières minutes de DEFENDER (retitrage très surprenant et décevant de ce KRRISH 3) représentent un choc culturel assez violent. Un narrateur nous raconte, images à l’appuie, la naissance de Krrish, avant que nous puissions le découvrir dans la vie de tous les jours. Si les influences de L’ILE DU DOCTEUR MOREAU sont assez internationales, l’ambiance de DEFENDER est indienne en diable, et peut surprendre. En effet, difficile de rester stoïque face à cette naïveté de tous les instants, les personnages étant d’une gentillesse totale et assumée, Krrish assénant des leçons de morale qui ne peut que prêter à sourire. Il est adulé par le peuple, applaudis, et donne des exemplaires de son symbole à toute personne aidant les autres, pour accroître l’envie d’aider son prochain. Oui, la gentillesse est partout, sauf chez le méchant qui lui, pour le coup, est d’une méchanceté surprenante. Désirant contrôler le monde, tuant ou cassant tout dès qu’on le contrarie, il ne lui manque qu’un rire sardonique pour que le tableau soit complet. A cela s’ajoute, bien entendu, quelques chansons aux chorégraphies improbables, sans même oublier le vent, qui, à chaque apparition de la femme du héros, fait onduler ses cheveux.
Pourtant, il ne faut pas rejeter en bloc une culture cinématographique différente de la notre, et tous ces points créent un ensemble, certes déstabilisant, mais tellement cohérent et premier degré qu’il remporte l’adhésion, et emmène dans son sillage le spectateur perdu au sein de plus de deux heures de métrage dénué de tout ennui.
Car, quand nous avons accepté le manichéisme ambiant et la naïveté générale, DEFENDER se révèle être un très bon film de super-héros. Les effets spéciaux sont, la plupart du temps, de toute beauté (certaines séquences montrent cependant des personnages un peu raides) et généreuses. Krrish soulève un avion, jongle avec des voitures et bien d’autres exploits, tandis que son alter-ego maléfique fait léviter des couteaux, des tables et bien d’autres objets, sans oublier une femme-caméléon, un homme crapaud et quelques autres créatures. A ce titre, le final est franchement spectaculaire, les deux hommes détruisant la moitié de la ville à eux seuls, et cette séquence se révèle digne d’un épisode de « dragon ball z » par sa démesure réussie. Les demoiselles présentes sont toutes sublimes, les chansons prêtent certes à sourire mais s’inscrivent tellement bien dans la narration qu’elles ne dérangent pas, et les dialogues gentillet collent bien à l’ambiance.
DEFENDER est ainsi un métrage de science-fiction d’abord déstabilisant, mais auquel il est difficile de résister, et qui se révèle être une bonne incursion dans la science-fiction indienne. Un moment de cinéma surprenant mais difficilement oubliable.

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