Der Commander

Un texte signé Yannik Vanesse

Une bande de mercenaires doit se rendre au fin fond de la jungle. Un général s’y est terré, attendant des armes de grande puissance, et possédant une disquette que tout le monde convoite. Deux hommes, opposés, semblent tirer les ficelles de ces mercenaires.

Les années 80 se révèlent être l’âge d’or du cinéma bis italien. Les réalisateurs s’engouffrèrent dans les genres à la mode, pour réaliser, souvent sous couvert de nombreux pseudos, des films plus ou moins inspirés de grands succès américain, ou plus ou moins dénué d’argent ou de talent. Certains films sortirent du lot de par leurs qualités, qui en firent des classiques inoubliables (le prodigieux L’ENFER DES ZOMBIS de Lucio Fulciétait à la base titré ZOMBIE 2 pour surfer sur le succès du chef d’oeuvre de George Romero), d’autres méritent le détour pour l’amateur de cinéma bis, et certains, bien entendu, se révélèrent plutôt médiocres (vu le nombre de films produits à cette époque, ce n’est guère surprenant). Antonio Margheriti fut un réalisateur très prolifique (et décédé en 2002), avec des titres comme CAR CRASH, KILLER FISH ou encore FLESH FOR FRANKENSTEIN. Bien que se cachant derrière le nom d’Anthony M. Dawson, il réalise ce DER COMMANDER, co-produit avec l’Allemagne et tourné en allemand. Il put s’adjoindre les services de deux noms connus, car les deux hommes, ennemis, tirant les ficelles, sont incarnés respectivement par Lee Van Cleef et Donald Pleasence, les deux acteurs donnant un cachet plus prestigieux à l’oeuvre, bien que n’étant pas très présent à l’image.

DER COMMMANDER plonge dans deux genres majeurs, le film de guerre et d’espionnage. Un vil général, caché dans sa jungle, cruel et ricanant, est le point de mire de deux hommes d’affaires, incarnés respectivement par Lee Van Cleef et Donald Pleasence. Les deux acteurs semblent prendre beaucoup de plaisir à jouer leur rôle. Lee Van Cleef est cruel, sadique, apparaissant souvent sur sa terrasse, à s’occuper de ses roses, tout en fomentant de sombres plans, n’hésitant pas à empoisonner ses victimes pour se passer d’intermédiaire. Donald Pleasence ressemble plus à un homme d’affaires classique, toujours entouré de larbins se pliant à ses ordres ou s’empressant d’allumer son cigare.
Il est nécessaire, pour cette affaire, d’embaucher des hommes de l’ombre, des mercenaires, et nos acteurs, à la face burinée, jouent bien leur rôle, mais hélas, l’ennui s’installe rapidement. En effet, les sombres manipulations de l’un et de l’autre, les agents doubles, conduisent à assister plus souvent à de longs dialogues peu palpitant, les acteurs téléphonant, déjeunant ou fomentant des plans finalement peu intéressant. DER COMMANDER déploie donc, pendant la plus grande partie du film, une intrigue d’espionnage un peu trouble mais pas si intéressante que cela.
Heureusement, le troisième acte se rattrape un peu. Il envoie ses soldats dans la jungle affronter le vil général. Là, le spectateur assiste à des fusillades, des hommes se roulant dans la boue pour se faire poignarder, des séquences de torture, et une scène finale assez démesurée, où les troupes du général affrontent les héros. Tout explose, les hommes meurent par dizaines, et, bien que ce qui a mené à cela ait pu paraître long, le spectateur se sent récompensé.
DER COMMANDER n’est ainsi pas un film très équilibré. Il prend trop de temps avant d’amener l’action, cherchant visiblement trop à dérouler une longue et complexe intrigue, mais n’arrivant pas à la rendre intéressante ou trépidante. Cependant, quand le réalisateur fait parler la poudre, il plonge dans un cinéma de guerre tendance bis qui ne peut que faire grandement plaisir.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Yannik Vanesse

- Ses films préférés :

Share via
Copy link