Der Sandmann

Un texte signé Yannik Vanesse

Suisse - 2011 - Peter Luisi
Titres alternatifs : The Sandman
Interprètes : Fabian Krüger, Irene Brügger, Beat Schlatter

Benno est un homme imbu de lui-même avec une petite vie bien rangée. Il a une magnifique petite amie, un travail calme et organisé, et rentre le soir dans un petit appartement où il aime lire avant de s’endormir. Hélas, il habite au-dessus d’un café. S’il aime y boire un petit café (avec un peu de lait chaud) en se moquant de la tenancière des lieux, il apprécie moins le passe-temps de la propriétaire. Cette dernière, après la fermeture, joue les femmes orchestre, ce qui perturbe quelque peu les fins de soirées de Benno. Un jour, cependant, il découvre avec effarement que, d’une part, du sable s’écoule de lui, et d’autre part, qu’il partage les rêves de la diva autoproclamée de l’étage du dessous.

THE SANDMAN est le troisième film (auquel il faut ajouter un court-métrage) de Peter Luisi. Le cinéma suisse ne s’exportant pas facilement, il est, hélas, difficile de les visionner. Cependant, grâce à la 30ème édition du BIFFF, il est possible de découvrir THE SANDMAN, qui voyage beaucoup, de festivals en festivals, et qui a récolté un certain nombre de prix. Peter Luisi a demandé à Fraulein Da Capo, une célèbre artiste suisse, d’incarner la diva barmaid. Cette dernière, de son vrai nom Irene Brügger, n’est pas une actrice de métier. Elle joue ici dans son premier film, mais y a un rôle de composition. En effet, elle exerce le métier de femme orchestre, à tendance humoriste.

Le début de ce film est, il faut l’admettre, peu engageant. Après avoir présenté ses personnages, il verse dans un humour assez gras qui, s’il peut plaire, en rebutera plus d’un (on pense parfois à NEW KIDS TURBO). Cependant, dès que Benno commence à perdre du sable (ce qui survient heureusement assez vite), le métrage décolle. Malgré un budget modeste (qui force le film à se cantonner à quelques lieux précis et à éviter le trop grand nombre de figurants), THE SANDMAN n’est jamais ennuyeux, prouvant une nouvelle fois qu’un bon scénario est bien plus utile que le plus gros des budgets. De plus, il parvient à distiller une ambiance étrange et mélancolique du plus bel effet. L’oeuvre de Peter Luisi est aussi parfois très drôle (les rapports entre Benno et sa voisine, et les situations rocambolesques provoquées par cet homme perdant du sable de partout sont irrésistibles), mais aussi souvent triste ou encore onirique. THE SANDMAN est également une belle histoire d’amour qui se révèle peu à peu. Peter Luisi parvient ainsi à s’approprier le mythe du marchand de sable de fort jolie manière, le remettant au goût du jour avec inventivité et, surtout, il livre un métrage particulièrement atypique et surprenant.
Bien sûr, certaines séquences marchent mieux que d’autres, dépendant de la sensibilité de chacun. Mais le réalisateur a le mérite de toujours surprendre. Grâce à un scénario malin et très bien écrit, le spectateur ne sait jamais où va le mener le film, et passe ainsi du rire aux larmes en un clin d’oeil.
Certes, il ne s’agit pas d’un chef d’oeuvre, mais il est d’une sacrée originalité. A l’heure actuelle, où nombre de métrages sont formatés, calibrés dans un moule toujours identique, où les studios enquillent les suites et les remakes, THE SANDMAN détonne, et ne s’oublie pas facilement, malgré quelques défauts. Ce métrage est attachant au plus haut point, et se doit vraiment d’être découvert.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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