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Destinazione Mosca

Dennis Cobb SS 018 (le clin d’oeil à OSS 117 est évident) était l’un de ces nombreux agents secrets des années 60 qui emboitèrent le pas à James Bond pour lutter contre les Russes ou les Chinois (comme dans ce DESTINAZIONE MOSCA), sans parler des organisations secrètes qui sévissaient à la façon du SPECTRE de Ian Fleming. A l’époque, l’espionnage était le genre-roi sur les écrans, petits ou grands, comme dans le fumetto (citons le belmondien GOLDRAKE) ou le roman, bien évidemment.
Max Bunker et Magnus, pères de SATANIK et KRIMINAL, ne laissèrent pas passer l’occasion et créèrent donc SS 018 (SS pour service secret – rien à voir avec les nazis que Dennis Cobb affronta à l’occasion : OPERAZIONE LEBENSBORN).
Très élégant mais coiffé à l’iroquoise, tel un punk avant la lettre, SS 018 a autant de charme et d’humour que 007 (la secrétaire de son patron qui lui prodigue un petit massage au début de DESTINAZIONE MOSCA est aussi amoureuse de lui que Miss Moneypenny de son homologue britannique) et manie habilement le Lüger plutôt que le Walther PPK.
Parfois bondiennes ( cet épisode s’ouvre sur une remarquable séquence pré-générique, si l’on veut, où Cobb se débarrasse de ceux qui en veulent à sa vie avec sa maestria coutumière), ses missions étaient toujours dynamiques et amusantes, bien dans le style de Max Bunker, scénariste talentueux, drôle et amoral. 120 pages, deux cases par page : tout le rythme endiablé du fumetto nero des années 60. C’est du beau travail.
Dans DESTINAZIONE MOSCA, Dennis Cobb, qui se fait passer pour un savant désireux de fuir à l’est (ce qui le révèle aussi expert dans l’art du déguisement que ses concurrents super-criminels de l’époque, DIABOLIK et compagnie), est fait prisonnier par les Russes puis par les Chinois qui l’obligent à collaborer avec eux pour faire sauter des bases adverses. Pour contenter tout le monde, SS 018 fait tout exploser avant de prendre la fuite, au grand dam de la belle espionne russe qui l’accompagne (le dessin de Magnus donna naissance à d’innombrables créatures de rêve, Satanik en tête).
On peut se demander pourquoi ce fumetto de Bunker et Magnus, riche d’une quarantaine d’épisodes, n’a jamais été adapté au cinéma, compte-tenu du nombre affolant de productions européennes, et notamment italiennes, qui s’illustrèrent alors dans l’espionnage à tous crins (Un simple coup d’oeil sur le magnifique 007 ALL’ITALIANA de Marco Giusti en dit long). Peut-être parce qu’il était plus facile, pour les studios transalpins, de créer des espions de toutes pièces que de payer des droits. Encore que les autres création de Max Bunker SATANIK et KRIMINAL furent bien adaptées, tout comme l’agent secret de roman photo TOM DOLLAR dans le film éponyme. En tout cas on ne peut que le déplorer, même si le rythme affolant, bunkerien, de ces B.D auraît certainement été perdu en route…

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