Deux Soeurs

Un texte signé André Quintaine

Les Américains, à l’affût de tout ce qui peut rapporter du fric n’ont pas mis longtemps à comprendre le potentiel de A TALE OF TWO SISTERS. Après avoir vu le film, on les comprend ! Deux sœurs très proches reviennent chez leur père après avoir fait un passage dans un hôpital psychiatrique. Là, elles rencontrent leur belle-mère qui ne les apprécie pas vraiment.

A TALE OF TWO SISTERS est un film très intéressant à plusieurs égards. Tout d’abord, Ji Woon Kim nous livre un film étrange qui navigue constamment entre drame psychologique et film de terreur pure. Comme drame psychologique, A TALE OF TWO SISTERS s’avère particulièrement intéressant. La mise en scène est parfaitement maîtrisée et réussie. Mais c’est surtout au niveau de l’interprétation que A TALE trouve toute sa justesse. Très rapidement, on est conquis par ses personnages troublants. On comprend ensuite que ces derniers cachent quelque chose et la rengaine connue de la famille qui possède un lourd secret arrive.
A TALE passe alors du statut de drame psychologique à celui de film d’épouvante, mais sans néanmoins renier le premier pour autant. C’est d’ailleurs l’une de ses particularités qui le rend si intéressant.
Je ne vous cacherai pas que les scènes de terreur pure sont largement inspirées par le RING de Hideo Nakata. Maintenant, il faut bien avouer qu’elles dépassent largement en frayeur le film japonais. La première scène fait carrément surgir une sorte de Sadako. Une telle promiscuité avec RING semble ouvertement signifier que le réalisateur s’est inspiré de RING et que ce n’est donc pas la peine d’en reparler puisqu’il nous le montre de manière flagrante.
A TALE fait en effet partie de ces films qui réussissent à vous foutre une pétoche monstre. Même si on connaît parfaitement les astuces, on se laisse prendre au jeu sans problème. Lorsqu’on comprend que la peur peut provenir d’un élément caché dans les arrières plans, on devient terriblement paranoïaque et on se surprend alors à scruter le moindre détail sur l’écran. Ces scènes de terreur sont pourtant assez rares dans A TALE.
L’épouvante est en effet distillé par petites touches de-ci, de-là, à l’occasion de quatre ou cinq scènes maîtresses. Mais ces séquences magnifient tellement tout ce que l’on a pu voir auparavant qu’elles vous traumatiseront tout le reste du film.

La particularité de A TALE est d’avoir su utiliser le meilleur de la mise en scène qui a fait le succès de RING dans un scénario de drame psychologique. Alors que le film aurait pu être décousu, le résultat s’avère finalement particulièrement intéressant et le réalisateur nous livre un film profond. On est littéralement transporté par l’histoire qui, en outre, possède non pas une, ni même deux, mais carrément trois révélations finales ! Le revirement de situation finale est à la mode en ce moment mais il a rarement été aussi bien employé que dans ce film (je sais de quoi je parle, je déteste d’habitude ce genre de procédé !).
Au bout du compte, A TALE OF TWO SISTERS s’avère un film de terreur passionnant. Sa particularité dans le genre que nous aimons tant réussit à en faire un film éminemment original, ce qui est quand même très rare de nos jours ! Et comme pour MEMORIES OF MURDER dont nous parlons également dans ce numéro, la mise en scène est parfaite. Plus qu’une réussite, A TALE est un petit bijou, un chef-d’œuvre qui continue de répandre la terreur pure à la RING dans le monde.