retrospective

Devil times five

Un groupe d’enfants internés pour troubles mentaux graves s’échappent du fourgon organisant leur transfert et trouvent refuge dans une grande maison d’hôtes isolée dans des montagnes enneigées et dont ils vont éliminer un à un les occupants.

DEVIL TIMES FIVE fait partie de la cohorte de ces petits films d’horreur sans grandes prétentions qu’on trouve au long de l’histoire du cinéma. Si actuellement, ceux-ci ne nous parviennent plus que par la vidéo (cassette autrefois, dvd, Blu Ray ou téléchargement de nos jours), le grand écran était quasi leur seul vecteur de diffusion jusqu’aux années ’80. Certains titres, obscurs à leur époque, ont été réévalués depuis, d’autres ne s’extirperont sans doute jamais du magma de la production courante.

Au rang de ces derniers, on trouve ce PEOPLETOYS qui retrouve cependant un peu de visibilité sous le retitrage de DEVIL TIMES FIVE avec son édition DVD française par Artus. A vrai dire, le film a vécu plusieurs phases d’exploitation puisqu’on lui connaît également divers titres. Ainsi ce quasi plagiaire THE HORRIBLE HOUSE ON THE HILL, dont témoignent des lobby cards qu’Artus reprend dans ses bonus. Une pratique en effet courante à la grande époque du cinéma de genre que d’inscrire une série B ou Z dans le sillage d’un métrage plus chanceux au Box Office. Le générique final indique THE BEGINNING, sans que nous ayons pu retrouver de trace autre d’exploitation sous ce titre. Pour autant, quel que soit sa dénomination, le film n’aura jamais vraiment émergé.

En cause, une certaine pauvreté de réalisation, de traitement et de sujet. Non que le résultat soit jamais calamiteux – on suit les pérégrinations des protagonistes sans déplaisir – mais sans jamais non plus une étincelle à même d’en faire ressortir l’ensemble.

Le scénario est convenu : une maison isolée abritant une famille en danger, mais parsemé d’invraisemblances (des enfants quasi invincibles, insensibles au froid…) et de séquences sans réel intérêt narratif.

La mise en scène est trop plate que pour retenir notre regard et cafouille parfois tant dans son rythme avec des scènes inutilement étirées et une mise en place nébuleuse que par sa mise en image via une photographie très « Gindhouse », ce qui n’est pas forcément un compliment.

Chaque membre de la famille est cependant bien caractérisé (l’alcoolique, le pleutre, le héros, le simplet, l’ours grognon…) mais leurs interactions restent externes à l’intrigue générale. On ressent bien l’insuffisance d’imbrication des divers éléments. Certaines scènes ne tiennent que par la dramaturgie insérée par la seule musique … qui ne bénéficie même pas de raccords corrects au montage. Le jeu des acteurs manque également de subtilité, mais ne bénéficie de toute manière ni d’une captation ni d’une direction à même d’en relever le niveau. Les meurtres, en dépit d’idées originales (les piranhas dans le bain) ne se signalent pas par leur mise en scène, le gore reste sous-utilisé. Il n’y a ni construction graphique spécifique, ni recherche émotionnelle particulière… embêtant pour ce genre de produit.

Sans doute trouvera-t-on un semblant d’originalité à faire d’enfants des tueurs, encore que l’époque multiplie déjà la confrontation entre l’enfance et le mal (LE VILLAGE DES DAMNES, L’EXORCISTE, LA MALEDICTION…) mais le scénario désamorce immédiatement la perversité de la proposition en nous signalant trop vite qu’il s’agit de jeunes lourdement atteints psychiquement. Pour des frissons mieux amenés par le biais d’enfants tueurs, le choix est vaste et on se tournera par exemple vers LES REVOLTES DE L’AN 2000 (Narciso Ibanez Serrador, 1976) ou le plus récent THE CHILDREN (Tom Shankland, 2008).

Rien à dire sur les concepteurs du film: le réalisateur n’a tourné que quatre métrages confidentiels (et aurait été remplacé en cours de tournage) et les acteurs furent soit des occasionnels, soit des habitués de la télévision. Tout au plus relève-t-on la présence d’un chanteur de country et d’une future idole pour adolescents. Rien de très « Sueurs froides » donc.

On retrouve cependant ce parfum typique des années ’70 : des femmes faciles au refus du happy end, … en passant par d’omniprésentes bouteilles de J&B.

En conclusion, s’il n’y a rien de honteux dans l’ensemble, DEVIL TIMES FIVE ne bénéficie d’aucuns éléments à même de susciter un intérêt autre que poli.

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