Un texte signé Sophie Schweitzer

Gérardmer 2016review

Devil’s Candy

Un artiste et sa famille s’installent dans une maison centenaire au Texas. Mais rapidement, des forces occultes vont se manifester, mettant en danger toute la famille. Notre artiste mal aimé va devoir lutter contre ces forces afin de sauver les siens.

Le très bon réalisateur australien, Sean Byrne, nous avait déjà tapé dans l’œil avec son généreux et très perturbant THE LOVED ONES qui avait été récompensé lui aussi par le Prix du Public quelques années auparavant au festival de Gérardmer. Moins désaxé et certainement moins gore que son premier film, THE DEVIL’S CANDY révèle une certaine maturité et surtout une générosité tout aussi délirante. Face au teen movie tournant au tortur porn, se dresse cet espèce d’ovni dans lequel un tueur d’enfants est guidé par la voix du Diable.

Ainsi les forces du mal sont à l’œuvre dans THE DEVIL’S CANDY, et vous me direz rien d’étonnant à cela avec un titre pareil. Sauf que, le film ne cherche pas à donner dans le genre possession avec exorcisme à la clé, mais plutôt à jouer dans la subtilité quant à la présence du Diable. Celle-ci étant suggérée par un bourdonnement maléfique et une tendance, pour celui qui l’entend, à devenir un peu taré. Le film en lui-même n’est pas tellement subtile, mais le fait que le Diable soit bel et bien l’auteur de ces crimes, cela reste à voir. Le film nous livre en effet le portait d’un serial killer tout à fait perturbant dont on saluera d’ailleurs la prestation de son interprète.

C’est l’excellent Pruitt Taylor Vince qui occupe le rôle du gars perturbé qui entend le Diable lui murmurer des paroles abjectes au creux de l’oreille, ce qui l’amènera plus tard à chercher à découper des enfants en morceaux. Le jeu de cet acteur, habitué au rôle de croquemitaine un peu taré, donne au film toute sa force. On se prend d’empathie pour ce lourdaud qui pour échapper à la voix du Diable joue de la guitare électrique à un volume si élevé qu’il en déchire les tympans de ses voisins et s’attire ainsi un tas d’ennuis.

Mais le film ne joue pas uniquement dans la subtilité, loin de là. Certes, on est plus dans l’ambiance du métrage LE SILENCE DES AGNEAUX que de L’EXORCISTE mais néanmoins, le film sait se montrer totalement fun et déviant lorsqu’il le faut. Déjà en choisissant pour sa famille, des amateurs de métal qui aiment se défoncer les tympans avec de la guitare électrique et des classiques du métal, mais aussi en choisissant de donner au spectateur des séquences délirantes comme ce final explosif et jubilatoire.

Ce qui nous amène au point d’originalité du film. Parce qu’on a déjà vu dix millions de fois des familles se faire pourchasser par un tueur psychopathe, qu’on a déjà vu une famille s’installer dans la mauvaise maison, et le Diable murmurer des choses vraiment pas catholiques, mais jusqu’à présent, on n’avait pas encore vu cela avec des riffs déchirants et électrisants poussés à fond la caisse.

Comme avec son premier film, Sean Byrne démontre un certain talent pour faire bouger les choses et secouer les genres empoussiérés. Au milieu de la sélection de Gérardmer, THE DEVIL’S CANDY était un ovni rafraîchissant et délirant qui a su ravir les spectateurs et le jury puisqu’il a obtenu le Prix du Public.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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