Dhoom 2

Un texte signé Patryck Ficini

Inde - 2006 - Sanjay Gadvhi
Interprètes : Abhishek Bachchan, Uday Chopra, Bipasha Basu

Deux flics (Abhishek Bachchan et Uday Chopra) traquent un voleur international (Hrithik Roshan) que rien ne semble pouvoir arrêter. Sauf, peut-être, l’amour d’une superbe voleuse (Aishwarya Rai)…
Les principaux points forts de DHOOM 2 seront vécus par certains spectateurs comme des faiblesses insupportables. A savoir les cambriolages délirants effectutés par le Arsène Lupin new style du film, Aryan, joué par un charismatique Hrithik Roshan. En effets, ceux-ci sont totalement incrédibles. A part un, peut-être, impossible d’y croire 3 secondes. Notre super-voleur est une sorte de Diabolik, pour l’usage extravagant du déguisement (vieillard, nain de Blanche-Neige, enfant et… statue !!!) et des gagdgets technologiques (gant magnétique, robot, araignées vraisembablement du même métal, hologramme, acide…). Mais le côté cartoonesque des casses évoque aussi les délires drôlissimes de Lupin III/Edgar de la Cambriole. Voilà qui pourra irriter les esprits trop cartésiens pour qui les James Bond, c’est déjà trop.Alors que pour y trouver plaisir, il suffit juste de mettre sa logique de côté et se dire que, puisqu’on le voit, dans cet univers-là, c’est tout simplement possible !
Les cascades sont impressionnantes et plutôt mieux mieux filmées que dans DHOOM 1, même si le réalisateur ne peut s’empêcher d’en rajouter (la scène pré-générique est à ce titre bien molle, malgré des idées, tout comme le premier gunfight). Pour organiser tout cela, Bollywood a notamment engagé Vic Armstrong, quand même, un spécialiste qui a travaillé sur Bond, Indiana Jones et bien d’autres block-busters ricains. Faire appel à des consultants étrangers en matière d’action se pratique visiblement pas mal en Inde. On se souvient de Ching Siu Tung pour le bon film de super-héros KRRISH, déjà avec Hrithik Roshan. Certains pourront là encore déplorer cela. Mais après tout pourquoi pas ? Les indiens sont conscients qu’ils sont les meilleurs en matière de chorégraphies et de chansons, mais qu’ils on à apprendre en matière de cascades. Pour donner le maximum, ils emploient, quelle que soit leur origine, ceux qui sont à même de le fournir. N’oublions pas que les impressionnantes poursuites en voitures de certains Jacky Chan furent souvent chorégraphiées par Rémy Julienne, célèbre pour sa créativité dans la série 007, une référence mondiale en matière de cascades démentes. Chan savait qu’en matière de Kung-fu et d’agilité, il n’avait rien à apprendre de personne, mais que pour le sport automobile, il valait mieux contacter des professionnels. Ce côté « universalisant » peut séduire ou être déploré, selon la vision même que l’on a du cinéma mondial, célébré pour ses particularismes régionaux ou, tout simplement, pour sa qualité finale. L’important étant quand même que l’exotisme demeure malgré tout, ce qui est le cas dans DHOOM 2, par sa folie très asiatique et ses chorégraphies charmantes, sur lesquelles nous reviendront.
Si les cascades de DHOOM 2 peuvent aisément en remontrer à des films occidentaux, ce malgré le maniérisme parfois irritant du réalisateur, c’est aussi parce qu’elles naissent souvent d’idées originales et folles. Elles sont ainsi nettement plus inspirées que dans le 1. Comme quand Hrithik Roshan, coincé par la police, fait fondre une plaque d ‘égoût sous lui en y versant del’acide pour en ressortir sur un jet d’eau et s’enfuir en roller. De la pure B.D !
Chansons et danses sont aussi un régal. Touch me est super, magnifiée encore par la beauté invraisemblable de Bipasha Basu (difficile de trouver brune plus parfaite sur cette terre), Dhoom once again est hyper entraînante quelle que soit sa version et la chanson de Aishwarya Rai (Crazy Kya Re) est terriblement accrocheuse et sexy. Comme dans tout bon film indien, on apprécie de voir ces intermèdes chantés, pendant le film ou même après (magie du DVD) – comme des clips-vidéos.
L’autre grand atout de DHOOM 2 (à la différence du 1) réside dans son développement extrêmement soigné des « méchants » (qui n’en sont pas). Hrithik Roshan a un rôle passionnant de gentleman cambrioleur, séduisant, ténébreux et d’une classe affolante. Aishwarya Rai campe une voleuse magnifique. Entre elle et Bipasha (dans un double rôle !), le spectateur masculin sera aux anges. L’histoire d’amour contrariée des voleurs (les indiens sont aussi experts en ce domaine !) passionne jusqu’au bout. Les Diabolik et Eva Kant indiens sont tellement attachants qu’à la fin, on souhaiterait un DHOOM 3 fondé sur eux ! DHOOM 2 reprend la structure scénaristique du 1, mais la remplit avec davantage de talent et (mais oui !) de profondeur. Son scénario est bien meilleur, comme en témoigne la très forte scène de roulette russe entre Hrithik et Aishwarya, qui ne trouve.pas d’équivalent en termes de tension dans le premier épisode.
Le couple de flics reprend du service. Leur relation fonctionne sur les même ressorts humoristiques (le sérieux grincheux et le comique au coeur d’artichaud), mais celle qui se développe entre Bachchan et son adversaire est bien plus forte ici que dans le 1.
DHOOM 1 était le film des flics ; DHOOM 2 celui des voyous.
Diabolik revient au cinéma… mais il est indien !


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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