retrospective

Dick Tracy’s G Men

Troisième des quatre « serials » consacré à Dick Tracy, ce film comporte quinze épisodes au cours desquels le fameux détective se voit confronté à un méchant espion, le redoutable Dr Zarnoff. Responsable de son arrestation, Tracy se voit, forcément, dans la ligne de mire du méchant, joué par le cinéaste Irving Pichel (LA CHASSE DU COMTE ZAROFF, DESTINATION LUNE), qui a échappé à la mort de manière ingénieuse. Les épisodes suivants aligneront les péripéties attendues, mais souvent délectables, dans la tradition du serial, Zarnoff et Tracy se combattant sans relâche durant près de cinq heures.

Créé en 1931 par Chester Gould, Dick Tracy devint, rapidement, une icône de la culture pulp américaine et, dès 1937, le personnage eut droit à son premier serial, tout simplement intitulé DICK TRACY. Ralph Bird y incarne le détective, un rôle qu’il reprendra dans DICK TRACY’s RETURN, DICK TRACY’s G MEN et DICK TRACY Vs CRIME INC. En 1947, Tracy quitte les terres du serial pour celles du long-métrage traditionnel et, toujours joué par Bird, se lance dans deux nouvelles aventures : DICK TRACY’s DILEMMA et DICK TRACY MEETS GRUESOME, lesquelles seront suivies d’une série télévisée au tout début des années ’50. Durant trente trois épisodes, Bird affronte encore le crime avant de décéder précocement et de céder la place à Everett Sloane pour un dessin animé riche de 79 épisodes en 1961. Il faut par la suite attendre 1990 pour que Warren Beatty fasse renaitre le héros via une intéressante et inventive superproduction.

Débutant par un excellent épisode introductif, DICK TRACY’s G MEN perd, fatalement, de son rythme au fil des différents chapitres, lesquels sont souvent très classiques dans leur construction. Averti des futures exactions du méchant, l’incorruptible détective se jette dans la gueule du loup et, au terme d’une bagarre homérique ou d’une course poursuite endiablée, finit dans une situation précaire. Des cliffhangers globalement réussis même si le scénariste n’évite pas la malhonnêteté en ne révélant au public qu’une partie des informations jusqu’au début de l’épisode suivant, lequel voit, bien sûr, Tracy échapper de justesse à la mort. La guerre grondant en Europe à la même époque, DICK TRACY’s G MEN délaisse le « policier » et évolue vers l’espionnage. Le héros doit par conséquent déjouer les manigances de Zarnof qui s’associe à une « puissance étrangère » pour s’emparer d’un explosif révolutionnaire ou d’un nouveau modèle de torpille. Inégal, comme la plupart des serials, le métrage dispense toutefois quelque jolis morceaux de bravoure comme une poursuite à bord d’un bateau télécommandé, une bagarre sur les ailes d’un avion, l’escalade d’un gratte-ciel ou l’incendie spectaculaire d’un ballon dirigeable pour lequel les cinéastes recyclent des images de la récente catastrophe du Hindenburg.
Au niveau de la distribution notons la présence d’une jeune débutante de vingt ans, Phyllis Isley, laquelle fit par la suite carrière sous le nom de Jennifer Jones, obtenant un Oscar pour LE CHANT DE BERNADETTE et jouant dans DUEL AU SOLEIL, L’ADIEU AUX ARMES ou LA TOUR INFERNALE. Ici, la jeunette se contente de porter des messages au héros et prononce seulement deux cents mots sur l’ensemble des épisodes. Comme pour beaucoup de serial, DICK TRACY’s G MEN résume les précédentes péripéties dans son chapitre 13, constitué presque uniquement de scènes déjà vues et, par conséquent, dispensable pour les fidèles spectateurs.

Même si DICK TRACY’s G MEN perd de son punch au fil des chapitres et se termine par un climax relativement décevant, les amateurs d’aventures échevelées teintées d’une pincée de science-fiction apprécieront ces récits gentiment désuets et riches en action. Mieux vaut toutefois les déguster à petites doses pour retrouver les sensations originellement voulues par les scénaristes, quitte à sourire devant la naïveté de certaines coups de théâtre.

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