Die die my darling

Un texte signé Alexandre Thevenot

France - 2011 - François Gaillard

DIE DIE MY DARLING raconte l’histoire d’une femme qui veut se venger de son commanditaire. Pour cela, elle doit d’abord savoir où il se trouve et ensuite se rendre dans son antre – une boîte de nuit – pour l’éliminer. Le chemin sera semé d’embûches.

Après deux collaborations successives avec Christophe Robin pour BLACKARIA et LAST CARESS, François Gaillard décide de s’amuser en solo le temps d’un court métrage dont quelques images nous avaient été dévoilées au dernier festival de Cannes. De bout en bout, le film est un hommage décomplexé aux films d’action et au style japonais. Les combats sont extrêmement efficaces et assez violents, les répliques sentent bon la parodie – misogynie excessive du patron de la boîte de nuit, filles ultra-sexy, etc. – tout est là pour répondre à la définition de ce qu’avec LAST CARESS les auteurs ont inventé : le « glam-gore », appellation originale pour désigner quelque chose de totalement décomplexé et divertissant.

En cela, l’histoire se limite à cette revanche et les douze minutes ne sont prétexte, pour notre plus grand plaisir, qu’à accumuler des détails issus du cinéma d’exploitation. Ce qui frappe au premier abord, ce sont les looks des personnages qui semblent symboliser des figures issues de genres différents. S’ils auraient pu être un peu plus affirmés pour certains – qu’on a tendance à confondre – , l’héroïne fait penser par son apparence à la femme fatale et castratrice que l’on peut retrouver dans un certain nombre de ‘rape and revenge’ et son ennemie la plus redoutable a le look d’une servante nazie qui semble tout droit sortie d’un fantasme fétichiste de la nazi-exploitation : costume de cuir, armes en tout genre et poitrine opulente sont au rendez-vous.

Si tous ces éléments ne font pas une œuvre très originale dans sa conception, la mise en scène et l’esthétique très travaillées donnent une véritable identité au film. Comme dans LAST CARESS, on retrouve une ambiance et des couleurs qui font écho aux délires pop des giallos ou des pinku eiga des années 1970. D’une scène à l’autre, les variations de couleurs, les effets de fumées et les choix de cadrage montrent à quel point les recherches formelles du passé donnent consistance à DIE DIE MY DARLING. Les points culminants du film que sont le duel sous les plumes de coussins – jolie référence à LADY SNOWBLOOD – et le coup final sont assez jouissifs. L’ultra-violence attendue pour le meurtre du patron est évitée au profit de quelque chose de plus amer, mélancolique et ironique à la fois qui rappelle un peu les envolées lyriques des génériques de LA FEMME SCORPION ou des MENOTTES ROUGES.

Toutefois, dans ce film, la musique est plus moderne. Continuant sa collaboration avec François Gaillard, Double Dragon livre ici des morceaux assez réussis qui sont en accord avec l’ambiance du film. Il n’y a rien à redire non plus sur la prestation des acteurs. Le personnage que campe Rurik Sallé est assez hilarant et méchant. On sent derrière tout cela que l’équipe du film a dû bien s’amuser pendant le tournage.

Cependant, au-delà de ce plaisir de cinéphile, le film déçoit un peu par son côté pas assez abouti. Une violence plus radicale sans virer dans le grand-guignol aurait peut-être été la bienvenue, et parfois une stylisation plus poussée aurait mieux permis de coller à certains dérapages graphiques présents dans le cinéma japonais. La courte durée du film, en plus, permettait d’exploiter ces éléments sans que cela nuise au rythme du film. Enfin, l’aspect jovial du film qui ressort très bien rencontre peut-être un peu trop vite ses limites. LAST CARESS en comparaison, s’il faisait rire par moment ou était assez déjanté à d’autres, gardait une certaine rigueur avec des moments plus sérieux caractéristiques du genre auquel il faisait référence.

Mais loin de desservir DIE DIE MY DARLING, ces défauts sont une invitation à aller encore plus loin dans ce type de film, à mieux doser certains effets ou encore à être plus radical. Au fond, c’est ce mélange de thèmes basiques – sexe et violence – et d’effets de style cinématographiques qui rend le résultat à la fois amusant et hors norme. La multiplication des effets de style serait peut-être une voie à explorer pour livrer quelque chose qui soit encore plus atypique mais tout aussi jouissif. Cela ne retire en rien la réussite du film à transmettre sa bonne humeur et à être très divertissant.

Cliquez ici pour voir le court-métrage


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- Article rédigé par : Alexandre Thevenot

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