Dinner with a vampire

Un texte signé Nassim Ben Allal

Italie - 1987 - Lamberto Bava
Interprètes : George Hilton, Patrizia Pellegrino, Riccardo Rossi, Isabel Russinova

En 1986, la télévision italienne, alors en période pré-berlusconienne ou presque, commandait une collection de fictions fantastiques et d’horreur. Ainsi naquit BRIVIDO GIALLO, comportant quatre épisodes, tous réalisés par le prolifique Lamberto Bava qui s’est depuis érigé en un incontournable de la petite lucarne transalpine.

Après avoir passé un casting et avoir été sélectionné parmi de nombreux postulants, trois ravissantes et jeunes comédiennes, ainsi qu’un acteur plus ou moins lourdingue, sont invités à passer un week-end dans le château du réalisateur pour lequel ils vont tourner. Accueillis par un mystérieux bossu, ils vont être les témoins d’incidents étranges, avant de se rendre à l’évidence : leur hôte est un vampire qui n’est pas forcément animé des meilleures intentions à leur encontre.

Près d’un quart de siècle après avoir été tourné, malgré un réel soin apporté à sa création à l’époque, DINNER WITH A VAMPIRE souffre du passage du temps et de son esthétique télévisuelle ancrée dans les années quatre-vingts. Déjà limite à l’époque, la direction artistique s’est totalement ringardisée depuis, rendant le film particulièrement difficile à regarder. Mais peut-être était-ce là une volonté de départ de son réalisateur puisque tout le métrage semble afficher une distance ironique. Comédie, film d’horreur teinté d’humour ou franche parodie, DINNER WITH THE VAMPIRE hésite, tout comme les comédiens qui semblent ne pas être dirigés. Si Lamberto Bava soigne ses cadres, ses mouvements de caméra et nous régale lors des rares mais percutantes séquences à effets spéciaux de maquillage, il semble avoir laissé ses acteurs en roue libre, ce qui augure d’un résultat assez contrasté. Ainsi, un personnage classique comme celui du bossu, assistant du vampire, semble tout droit sorti d’une série Z cherchant à surfer sur le succès du FRANKENSTEIN JUNIOR de Mel Brooks. Surjouant l’imitation de feu Marty Feldman, le comédien désamorce les nombreuses scènes dans lesquelles il apparaît, tuant net toute tentative d’inquiétude ou de suspens. Cela dit, inquiétude et suspens se font malheureusement rare tant la narration emprunte tous les passages obligés inhérents à ce type de récit, poursuites mollassonnes dans des couloirs mal éclairés comprises. Pourtant, malgré ses nombreux défauts, et avec une certaine persévérance, le film peut-être suivi jusqu’au bout car il finit par développer un discours pour le moins intéressant sur le sens de la vie et sa relation à l’art comme source d’éternité. Empruntant alors certains éléments au livre-somme de Théodore Roszak LA CONSPIRATION DES TENEBRES mais aussi à l’univers du dramaturge Samuel Beckett, DINNER WITH A VAMPIRE remonte le niveau et se permet de proposer quelques pistes de réflexions sur le cinéma et notre rapport à l’image mouvante. Certes, il ne sombre jamais dans l’apprêté d’un cours de philosophie pour doctorants mais, alliés à de sympathiques séquences horrifiques comme cet arrachage de cœur à distance ou la reconstitution, filmée en animation image par image de la reconstitution du corps du vampire. Mieux vaut ne pas s’attacher à la chute finale, une queue de poisson pas vraiment originale et assez attendue si ce n’est convenue et profiter de ce qui est proposé, à savoir un film certes boiteux mais inoffensif, sincère et dans ses meilleurs moments, divertissant.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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