chroniques-infernales

Dirty Sexy Valley

DIRTY SEXY VALLEY est un hommage à tout un pan de la culture horrifique : le survival, ici noyé dans le porno le plus assumé.
Publié au Tripode, ce roman de Olivier Bruneau fait en quelque sorte partie de la nouvelle vague du gore français, avec les fameux Trash dont nous avons déjà parlé ici, des trémolos dans la voix tant le projet s’est avéré excitant et en tous points digne d’éloges (Trash dont on espère profondément la suite de l’aventure même si cela ne semble pas être à l‘ordre du jour pour l’instant, stand-by oblige).
Publié hors collection, comme un roman de genre perdu en littérature générale (ou le contraire ?), DIRTY SEXY VALLEY évoque aussi les fastes de 10000 LITRES D’HORREUR PURE en 2007 (Thomas Gunzig, Au Diable Vauvert), enthousiasmant et véritable précurseur de toute cette avalanche d’horreurs plus ou moins référentielles en tous genres.
Tiens c’est bien simple, on se croirait presque reparti dans les années 80, en plein boom de la collection cultissime Gore au Fleuve Noir !
Inutile de préciser combien cela réchauffe le cœur des fans hardcore de ce qui fut longtemps jugé avec un mépris critique quasi égal malgré un succès populaire évident. Enfin, ces temps semblent lointains – au moins chez les amateurs de fantastique et d’horreur, l’ouvrage de David Didelot, GORE DISSECTION D’UNE COLLECTION, ayant depuis largement remis les pendules à l’heure.
Alors qu’en est-il de ce DIRTY SEXY VALLEY ? Des jeunes passent leurs vacances dans un chalet isolé (leur but : organiser une partouze mémorable !), une famille de dégénérés rôde dans le coin. Tout est dit. Et c’est parti pour plus de 260 pages de scènes pornos détaillées par le menu mais aussi de tortures et de meurtres variés. En ce qui concerne le porno d’ailleurs, Olivier Bruneau en remet tellement une couche qu’on a parfois l’impression d’être davantage confronté à un porno mêlé d’horreur que le contraire, chose tout de même assez rare pour être signalée ! Ce qui n’est en rien une critique, soyons clairs.
Les jeunes sont beaucoup plus attachants que dans les films du genre en général, grâce à un travail soigné sur leur psychologie et leurs réactions (pas toujours très nettes et non dépourvues d’ambiguïté) face aux dingues.
Des dingues qui, malgré le soin apporté au portrait de leurs victimes, n’en sont pas moins les véritables attractions de ce survival – comme c’est presque toujours le cas.
Dans la famille « tarés », nous avons la Mère, bien nympho et frappée mais malgré cela soucieuse de la bonne moralité de sa fille, une jolie poupée qui s’abreuve de contes de fées tout en lorgnant les revues pornos de ses frangins ! Bonjour le mélange.
La jeune fille est sûrement le personnage le plus irrésistible de DIRTY SEXY VALLEY, seule « innocente » perdue dans un océan de sang et de stupre.
Ses frères (Jules et Jim…) sont vicieux, obsédés, cruels et complètement déjantés. Le genre de dingues que l’on prend plaisir à haïr.
DIRTY SEXY VALLEY est très bien écrit. Presque trop bien pour le genre, dirons certains. Vieux débat : le gore peut-il être bien écrit pour rester efficace ? Des auteurs comme le génial Corsélien au Fleuve ou comme ceux des éditions Trash ont tranché depuis belle lurette.
La réponse est oui.
L’horreur avec du style c’est tellement mieux.
Si la partouze (qui a le temps d’avoir lieu) pourra paraître longuette aux purs fans d’horreur, tout le final (mettons les 100 dernières pages) et même tout le début (où un couple de randonneurs est capturé par les affreux) s’affirme comme absolument démentiel tout en se taillant la part du lion. Et puis DIRTY SEXY VALLEY est tellement, profondément, sexuel que le sexe, du coup, n’y est jamais gratuit ! Dire que ce bouquin n’est pas à mettre entre toutes les mains c’est certain… Et c’est tant mieux !
Seul regret : la couverture plutôt moche qui ne rend pas justice à l’un des plus sympathiques romans d’horreur de ces dernières années. Non, le gore et la série B ne sont pas synonymes de laideur. Pas forcément. Et puis, au moins, l’abominable Dugévoy, au Fleuve Noir, avait une vraie patte, salement inimitable.
Inutile de préciser encore qu’on attend de pied ferme un autre bouquin aussi… trash de Olivier Bruneau !

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