Django Tire Le Premier

Un texte signé Vincent Trajan

Italie - 1966 - Alberto De Martino
Titres alternatifs : Django Spara Per Primo
Interprètes : Glenn Saxon, Fernando Sancho, Ida Galli, Nando Gazzolo, Erika Blanc

1966. C’est l’âge d’or du western “spaghetti” italien qui voit arriver sur les écrans toute une horde de films incontournables comme EL CHUNCHO de Damiano Damiani, LE TEMPS DU MASSACRE de Lucio Fulci, NAVAJO JOE de Sergio Corbucci et bien entendu LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND de Sergio Leone qui clôture de la plus belle des manières sa “trilogie du dollar” commencée en 1964 avec POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS puis ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS en 1965.
Parmi toutes ces pellicules de 1966 qui fleurent bon la chaleur des sierras arides et l’huile des six-coups, le prolifique Sergio Corbucci crée le personnage de Django sous les traits de l’acteur Franco Nero dans un film du même nom, et signe par là même l’un des meilleurs westerns spaghetti des 60’s si bien qu’on comptera pas loin d’une quarantaine de bobines reprenant le nom de Django dans leurs titres entre 1966 et 1976 (DJANGO LE TACITURNE, DJANGO PREPARE TON CERCUEIL, DJANGO PORTE SA CROIX, DJANGO NE PRIE PAS, AVEC DJANGO ÇA VA SAIGNER, VIVA DJANGO etc.).
Au travers de ces “suites” des aventures du personnage de Django, c’est le réalisateur Alberto De Martino qui dégaine le plus vite avec DJANGO TIRE LE PREMIER (DJANGO SPARA PER PRIMO en version originale) : suite au meurtre de son père par un chasseur de primes qu’il supprime, Django ramène la dépouille paternelle à Silver Creek, afin d’en toucher la rançon. Il apprend alors que son père possédait la moitié de la ville, et que son partenaire d’alors, un certain Kluster, l’a trahi. Django décide alors de venger son paternel…
Assez loin de la noirceur et de la violence de son illustre aîné, ce film reprend les grandes lignes des westerns classiques en utilisant les poncifs du genre : vengeance, trahison, romance et affrontements vigoureux. On se trouve ici en face d’un western basique – pour ne pas dire mécanique – avec toute une ribambelle de jeunes acteurs dont Glenn Saxon qui sort peine de son premier film VAYA CON DIOS GRINGO (1966), sous les traits de Django.
Bien entendu, l’homme est bien loin de la prestance et du charisme de Franco Nero, et même s’il cherche à donner de l’épaisseur à son personnage (notamment dans son rapport avec son défunt père), force est de constater que Glenn Saxon peine à s’imposer comme un véritable “Django” en surjouant parfois son rôle.
Malgré tout, Alberto De Martino a eu la bonne idée de faire appel aux délicieuses Erika Blanc (OPERATION PEUR, LES COLTS DE LA VIOLENCE) et Ida Galli (MESSALINE, LE CORPS ET LE FOUET) pour apporter à l’ensemble une petite dose d’érotisme retenu et contrebalancer les errances de son acteur principal. De même, le réalisateur a appelé à la rescousse pas mal d’habitués des westerns spaghetti, des “gueules” du genre comme Fernando Sancho (UN PISTOLET POUR RINGO, LE RETOUR DE RINGO, COLORADO, ARIZONA COLT…), Nando Gazzolo (DU SANG DANS LA MONTAGNE) et des seconds couteaux comme Lee Burton (un look-alike de Lee Van Cleef), Ricardo Pizzuti ou José Manuel Martin. Et mine de rien, tous ces acteurs-là, vont donner vie à des personnages secondaires solides et donner pas mal de relief à ce film.
Evidemment, le côté novice d’Alberto De Martino dans la mise en scène de l’univers du western spaghetti se ressent beaucoup dans DJANGO TIRE LE PREMIER (il a surtout œuvré dans les péplums au travers de films comme LES SEPT GLADIATEURS en 1962, PERSEE L’INVINCILBLE en 1963 ou LE TRIOMPHE D’HERCULE en 1964). Ainsi, en plus d’un scénario certes sympathique, le réalisateur dévoilera des plans très scolaires mais plutôt bien amenés et superbement peaufinés (dans les duels, notamment). Il faut d’ailleurs noter que l’assistant réalisateur n’est autre que le jeune Enzo Girolami, qui fera plus tard une prolifique carrière dans la série B sous le pseudonyme d’Enzo G. Castellari (DJANGO PORTE SA CROIX, KEOMA, LA DIABLESSE, LA MORT AU LARGE, LES NOUVEAUX BARBARES…).
Et même si Alberto De Martino semble conscient de ses propres faiblesses ès western (les monologues de Django sur la tombe de son père, les notes d’humour un peu pataud ici et là, la scène finale de bagarre dans le saloon qui part dans tous les sens…), il n’en reste pas moins que l’équipe technique du film s’avère être à la hauteur aussi bien dans le décorum que dans la photographie.
Bref, même si on sent que cette pellicule est une “première fois” pour de nombreux protagonistes (aussi bien pour les acteurs comme Glen Saxon ou George Eastman qui fait ici sa toute première apparition que pour pas mal de techniciens), l’ensemble s’avère être sérieusement mis en boîte et emballé avec beaucoup d’énergie.
En définitive, même si Alberto De Martino a utilisé sans vergogne le personnage de Django dans son film, afin de surfer allègrement sur le succès de Sergio Corbucci, il faut bien admettre que ce DJANGO TIRE LE PREMIER tient plutôt bien la route grâce à une histoire basique mais solide et une mise en scène elle aussi très classique mais soignée.
Pour son premier (et dernier) western en tant que metteur en scène, Alberto De Martino signe ici une pellicule pétrie de bonnes intentions et ô combien recommandable !


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- Article rédigé par : Vincent Trajan

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