retrospective

Doctor X

Chaque soir de pleine lune, d’horribles crimes sont commis à l’aide d’un scalpel. Un journaliste enquête et découvre une bien étrange école de médecine dirigée par le Docteur Xavier…
Un Docteur Xavier qui n’a rien à voir avec le sympathique mentor des X-MEN. C’est ici un médecin plutôt curieux qui œuvre au sein d’une équipe d’apprentis Mengele dont un savant manchot des plus inquiétants. Durant quelques scènes extraordinaires nous pouvons même assister à des expériences sur la chair synthétique. Bizarre est le qualificatif le plus approprié pour cette bobine qui n’est pas sans évoquer de nombreux krimis à venir tels LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD (Harald Reinl-1959) ou LA PORTE AUX SEPT SERRURES (Alfred Vohrer-1962). Ce mélange de polar, d’épouvante, de grotesque et d’horreur s’inspire à la fois de Mary Shelley et d’Edgar Allan Poe tant les références à FRANKENSTEIN et à DOUBLE ASSASSINAT DANS LA RUE MORGUE sautent aux yeux. Les décors signés du Polonais Anton Grot sont dignes des plus belles scènes du cinéma expressionniste allemand ; on est ici très proche des films de Murnau. DOCTOR X constitue également un « brouillon » au fameux MASQUES DE CIRE que Michael Curtiz réalisera l’année suivante.
Curtiz est généralement catalogué comme un « yes-man », rappelons tout de même qu’il est le metteur en scène de classiques tels que CAPITAINE BLOOD (1935) et LES AVENTURES DE ROBIN DES BOIS (1938), tout deux avec Errol Flynn, LE MORT QUI MARCHE (1936), avec Boris Karloff, LES ANGES AUX FIGURES SALES (1938), avec James Cagney et Humphrey Bogart, et bien sûr CASABLANCA (1942), avec Ingrid Bergman.
Son cinéma est peuplé d’interprètes de légende et DOCTOR X ne faillit pas à la règle. Ainsi, on retrouve dans le rôle titre féminin (Joanne Xavier) la mythique Fay Wray. Elle tournera l’année suivante pour Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack dans le légendaire KING KONG et y campera la belle qui affole la bête. Le casting masculin voit l’excellent Lionel Atwill (qui fut, entre autre, le Professeur Moriarty dans SHERLOCK HOLMES ET L’ARME SECRETE de Roy William Neill avec le célèbre Basil Rathbone en 1943) incarner le Docteur Xavier. Lee Tracy, Preston Foster et quelques autres viennent renforcer le casting. Ces habitués des seconds rôles (Foster eut même le rôle principal de la Version Schoedsack de LES DERNIERS JOURS DE POMPEI en 1935) fournissent une prestation de talent aidés en cela par les maquillages monstrueux de Max Factor (célèbre pour son travail sur LES DIX COMMANDEMENTS de Cecil B. De Mille-1956). Toutefois, ce qui contribue à renforcer l’étrangeté de cet ovni filmique non identifié (pour l’époque) est l’utilisation d’un procédé Technicolor de bichromie visant à essayer de restituer les couleurs. DOCTOR X constitue donc l’une des premières expérimentations de cinéma en couleur. Œuvre inclassable devenue classique, cette petite série B s’est incontestablement bonifiée au fil des ans et constitue un spectacle des plus plaisants. Bien sûr, DOCTOR X n’est pas du niveau des grands classiques de L’Universal, mais il est difficile de concurrencer des cinéastes parmi les plus importants de l’histoire du cinéma, tel Tod Browning. Ce dernier donne d’ailleurs, en 1935, une fausse suite à son chef-d’œuvre DRACULA : LA MARQUE DU VAMPIRE.

Share via
Copy link