Double Agent 73

Un texte signé Tom Flener

USA - 1974 - Doris Wishman
Interprètes : Chesty Morgan, Frank Silvano, Saul Meth, Jill Harris

En 1974, Doris Wishman réalise deux de ses plus fameux films, deux chef-d’œuvres du Z avec Chesty Morgan dans le rôle principal. C’est avec DEADLY WEAPONS et DOUBLE AGENT 73 que cette femme aux mensurations plus que généreuses est devenue une figure culte. Si l’intrigue de DEADLY WEAPONS a déjà pu prendre avantage de ses deux plus grands atouts, l’intrigue de DOUBLE AGENT 73 fait encore plus d’efforts pour surpasser les limites du crédible.
Ivan Toplar et son organisation de malfrats importent de la mauvaise héroïne aux Etats-Unis. Comme personne ne sait qui est Toplar, ni de quoi il a l’air (sauf pour une cicatrice sur son visage), on veut mettre un agent secret sur ses traces. A la place de quelqu’un de discret et d’un peu ‘agent secret’, on envoie Jane Tennay (Chesty Morgan) une fausse blonde, à laquelle on implante une caméra dans le sein gauche afin qu’elle puisse faire des photos et ainsi identifier le mystérieux Toplar. Par contre, et sans aucune raison apparente, la caméra est munie d’une bombe qui va exploser si Jane Tennay n’est pas de retour au QG à une date et une heure précise.
L’intrigue de DEADLY WEAPON était basée sur le principe ridicule, mais à la limite réalisable, d’étouffer des gens à l’aide de seins énormes. Avec DOUBLE AGENT 73, Doris Wishman se promène … non, elle court en criant, dans le domaine du purement loufoque et ridicule. Comme dans DEADLY WEAPONS, on se retrouve dans un univers où apparemment tous les hommes tombent amoureux de Chesty Morgan, à coups de foudre énormes. Même son homme de contact sort avec elle, ignorant ainsi tout code professionnel. Le film n’est qu’une collection de scènes, toutes des variations d’une même séquence. Jane reçoit le nom d’une personne, le tue sans faute, et en prend une photo. On peut bien sûr se demander si cacher la caméra dans un sein est la façon la plus pratique, mais au moins comme ça, notre héroïne se déshabille assez fréquemment et régulièrement.
De nouveau, avec DOUBLE AGENT 73, Doris Wishman nous sert des scènes d’anthologie et celle de la poursuite en voiture justifie à elle seule la vision du film. Accélérée au point d’en devenir carrément surréaliste (imaginez si vous voulez du Benny Hill à quatre roues), elle est représentative d’un film qui de nouveau montre que Doris Wishman, une dame de quand même de 62 ans à l’époque, ne savait vraiment pas réaliser, ou raconter une histoire d’ailleurs.
L’importation d’héroïne n’est que prétexte pour démarrer le film, mais se retrouve oubliée dés le début, ne laissant qu’une intrigue sans raison ni conséquence pour ce qui se passe devant les yeux incrédules du spectateur. En effet, juste la mention d’un nom sur une pièce de papier semble être assez de raison pour Jane d’éliminer ses victimes. Comme on ne reçoit pas plus d’informations sur ces pauvres âmes et leur implication dans toute cette histoire, le personnage de Jane est simplement transformé en machine à tuer, une sorte de TERMINATOR en chaussures plate-forme.
Côté acteurs, on se demandait si Chesty Morgan pouvait être pire actrice que dans DEADLY WEAPONS, et DOUBLE AGENT 73 nous donne la réponse … elle le peut. Si dans le premier film, on avait des doutes, on voit maintenant que Chesty Morgan suit les consignes du réalisateur. Plus d’une fois, elle bouge d’une façon encore plus artificielle que d’habitude pour nous libérer la vue sur un élément du décor, ceci bien sûr après avoir regarder presque droit dans la caméra afin de recevoir des instructions.
Chesty Morgan se retrouve de nouveau entourée d’une troupe d’acteurs dont les talents sont presque à la hauteur de ceux de la vedette.
DOUBLE AGENT 73 est, encore une fois, bourrée de signatures de marque de Doris Wishman. On y retrouve les prises de vues sur des objets inanimés, sur des animaux (une longue scène dans un zoo), et sur des pieds. Si cette mise en scène chaotique peut déconcerter au premier abord, elle développe par la suite un charme certain.
Néanmoins, il ne faut pas se décourager à la vue des premières images du film. Plus dynamique, et avec moins de temps morts que DEADLY WEAPONS, DOUBLE AGENT 72 est idéalement consommé en présence de plusieurs copains et de quelques bières.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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