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Double Vision

Les objectifs des créateurs de DOUBLE VISION sautent aux yeux. Ce film a été réalisé pour l’exportation. En même temps, DOUBLE VISION ne délaisse pas vraiment ses origines et le film n’a rien d’un produit bâtard.

Taïwan est le théâtre d’une série de crimes très étranges. Les spécialistes locaux n’arrivent pas les expliquer rationnellement. Un homme d’affaires est retrouvé congelé dans son bureau alors qu’il y règne une chaleur pas possible ; une femme est découverte calcinée dans son appartement intact. La raison de leur mort ne coïncide pas avec le lieu où les cadavres ont
été retrouvés et il est évident que les corps n’ont pas été déplacés. Devant tant de mystères, la police de Taïwan décide de faire venir un expert américain spécialiste de ce genre d’enquêtes.

Les auteurs de DOUBLE VISION ont tout fait pour donner une envergure internationale à leur film et cet expert n’est autre que David Morse. Personnellement, je n’aime pas trop cet acteur mais je dois reconnaître qu’il livre ici une excellente prestation et il est tout à son honneur d’avoir accepté un rôle dans un film asiatique. L’Asie deviendra-t-elle l’Eldorado des acteurs américains en perte de vitesse, comme l’a été l’Italie il y a quelques années ?
A ses côtés, Tony Leung lui sert d’interprète mais aussi de conseiller culturel… Il est intéressant de voir comment les Américains semblent être détestés partout dans le monde… Sa venue n’est en effet nullement appréciée par les agents de la police locale. Ici, le dilemme qui oppose David Morse aux autochtones vient de la croyance. Les flics locaux sont persuadés que les crimes sont d’origine surnaturelle, ce que ne peut gober l’Américain pour qui la science est la seule capable de donner des réponses crédibles.
Le contraste culturel est l’un des points les plus intéressants de DOUBLE VISION et il est parfaitement rendu par un scénario qui s’inspire de légendes taoïstes.

Dans sa construction, DOUBLE VISION semble hésiter entre tradition cinématographique occidentale et asiatique. Le résultat est que le film semble un peu brouillon. En même temps, la fin qui va de rebondissements en rebondissements est plutôt réjouissante justement parce qu’on ne sait plus trop quand le mot fin va apparaître à l’écran.
Les influences de DOUBLE VISION sont visibles dès le premier coup d’oeil. Il est en effet certain que les auteurs ont vu X-FILES et SEVEN. SEVEN pour la traque d’un potentiel serial killer et X-FILES pour l’origine mystérieuse des meurtres. Le parallèle avec X-FILES est peut-être un peu plus juste car DOUBLE VISION ne fait pas dans la violence et ressemble parfois à un téléfilm. Seule une scène échappe à cette règle, et quelle scène ! A ce moment-là, DOUBLE VISION tombe dans le jeu de massacre avec une grande complaisance. Les membres sont tranchés, les têtes coupées net. Bref, le sang coule à flots et la scène détonne terriblement par rapport au reste du film. Néanmoins, aussi gore soit-elle, elle reste, quelque part, à l’image du film, un peu trop propre. Les effets sont tous numériques et cela donne un côté lisse très éloigné des délires gore craspect de grand-père Savini.

Aussi propre soit-il, DOUBLE VISION reste un produit bien ficelé. Les personnages sont intéressants et suffisamment fouillés pour posséder une réelle consistance. Le mystère dans lequel baigne le film et qui tourne autour du Taoïsme livre sa part d’originalité et d’exotisme. DOUBLE VISION, malgré ses ambitions n’en est pas pour autant un film prétentieux et le réalisateur évite également les effets modes. Du coup, DOUBLE VISION possède une ambiance sombre et sérieuse qui ajoute encore à la bonne impression que laisse le film.

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