Dr Cyclops

Un texte signé Eric Escofier

USA - 1940 - Ernest Beaumont Schoedsack
Interprètes : Albert Dekker, Janice Logan

Production en rutilant Technicolor datant de 1940, Dr CYCLOPS fut réalisé par Ernest Schoedsack, responsable du classique KING KONG tourné 7 ans auparavant. Le cinéaste a livré d’autres titres importants du cinéma comme LES CHASSES DU COMTE ZAROFF ou même les plus mineurs mais intéressants LE FILS DE KONG et MONSIEUR JOE. Dr CYCLOPS, son avant dernière réalisation, convoque une intrigue assez basique, souvent reprise dans les années ’50 d’ailleurs, au service d’un festival d’effets spéciaux encore fort réussis 70 ans plus tard.
Le Dr Thorkel (Albert Dekker), un savant immédiatement identifié comme le méchant cinglé de l’histoire, poursuit ses expériences biologiques dans un coin perdu du Pérou en compagnie de son collègue Mendoza. Ses recherches scientifiques se déroulent étonnamment bien et les résultats sont encourageants mais Mendoza commence à regretter d’y participer et se lance dans les habituels laïus à propos de Dieu, enjoignant Thorkel à ne pas marcher sur les plates-bandes du Big Boss. Bien sûr, notre savant ne l’entend pas de cette oreille et supprime son collaborateur en l’irradiant dans sa machine au radium. Néanmoins, Thorkel, soufrant d’un grave déficit oculaire (qui lui vaudra le surnom de « Cyclope » bien sûr), comprend qu’il ne peut continuer ses expériences seuls et il convoque un certain professeur Kendall pour l’aider. Kendall débarque finalement au Pérou en compagnie de Dr Bullfinch, de la belle Mary Robinson, du professeur Stockton et d’un certain Steve Baker, loueur de mules de son état (!) embarqué dans l’aventure.
Lorsque les savants arrivent dans l’antre de Thorkel, celui-ci leur demande de confirmer les résultats de sa dernière expérimentation en vérifiant les données dans un microscope. Sitôt cela accomplit, Thorkel renvoie ses collègues en leur affirmant n’avoir plus besoin d’eux ! Bien sûr, nos scientifiques ayant parcourus plusieurs milliers de kilomètres ne sont pas très heureux de cet accueil, ni de l’arrogance de Thorkel qui devient menaçant et leur enjoint de partir. Devant le refus des savants, Thorkel utilise finalement sa machine au radium sur ses hôtes et les réduit à une taille lilliputienne.
La seconde moitié de Dr CYCLOPS va suivre le périple de nos cinq héros aux prises avec le cruel savant, une histoire d’inspiration mythologique puisque le Dr Thorkel est rapidement assimilé au cyclope Polyphème, celui-là même qui enferma Ulysse dans sa grotte afin de dévorer les compagnons du héros grec. A partir de ce moment, le métrage devient bien plus intéressant que durant les 40 premières minutes, lesquelles ne servent qu’à mettre en place la situation conduisant finalement à la miniaturisation des héros. Beaucoup de temps perdu, d’autant que les personnages sont assez peu intéressants. Dénué de véritables caractérisations, les supposés héros agissent en groupe, de manière non personnalisée, et se contentent d’essayer de survivre aux périls rencontrés, allant d’un chat à un alligator. L’un d’eux déclame en outre de pompeux discours à l’encontre de Thorkel dont le principal crime semble de vouloir ravir la flamme de la connaissance à Dieu ! Difficile d’éprouver la moindre empathie à l’encontre de nos cinq « héros » et leur lutte pour la survie parait par conséquent sans grand intérêt.
Albert Dekker, incarnant le méchant « Dr Cyclops », reste pour sa part bien plus convaincant que la majorité du casting même si il n’échappe pas aux clichés du scientifique rendu mégalomane par son invention et souhaitant prendre la place de Dieu ! Son interprétation, solide, suffit néanmoins à élever quelque peu ce DR CYCLOPS au-dessus de la masse des séries B à base de savant fou même si le métrage n’a pas la même portée philosophique que le postérieur L’HOMME QUI RETRECIT.
Malheureusement, le scénario se montre souvent trop répétitif pour passionner réellement le spectateur et les péripéties manquent quelque peu de variété en dépit de la qualité des effets spéciaux. Ceux-ci, par contre, sont véritablement réussis et constituent, sans nul doute, l’attraction principale du métrage : l’interaction entre les acteurs et les décors s’avère sans faute et les séquences truquées bénéficient d’un dynamisme énergique les rendant particulièrement agréables à l’œil. A l’image des productions sixties mettant en vedette les effets spéciaux de Ray Harryhausen, DR CYCLOPS vaut essentiellement pour ces passages, le reste ne s’élevant jamais, hélas, au-dessus d’une honnête moyenne. Néanmoins, la durée restreinte (76 minutes) et le rythme soutenu de la seconde moitié du métrage aide à avaler la pilule et l’ensemble, quoique légèrement décevant, demeure un bon divertissement de science-fiction fantaisiste, bien servi par un Technicolor très seyant. On ne parlera pas de classique oublié et encore moins de chef d’œuvre méconnu mais Dr CYCLOPS constitue en définitive une agréable petite surprise qui se suit sans ennui pour tous les amateurs de bon bis rétro.


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- Article rédigé par : Eric Escofier

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