Dream Home

Un texte signé Nassim Ben Allal

Hong-Kong - 2010 - Ho-Cheung Pang
Interprètes : Josie Ho, Eason Chan, Michelle Ye, Norman Chu

Prolifique réalisateur (neuf films en neuf ans) Ho-Cheung Pang est un auteur surfant de succès d’estime en succès critiques. Spécialisé dans les comédies douces-amères, les romances et des drames sociaux, Pang, sans renier ce qui fait sa renommée et sa personnalité d’artiste, entame ici un virage diablement intéressant.
Expulsée enfant avec sa famille de l’appartement avec vue sur la mer qu’elle occupait depuis toujours, Cheng Lai-sheung s’est jurée d’acquérir un logement équivalent une fois adulte. Malheureusement pour elle, le marché de l’immobilier hongkongais en a décidé autrement en pratiquant des prix de plus en plus prohibitifs. Malgré les deux emplois qu’elle cumule, Cheng voit son rêve disparaître au loin, d’autant que toutes ses économies risquent d’être englouties par la chimiothérapie dont son père a besoin. Mais Cheng ne veut pas sacrifier son rêve et va trouver un moyen bien à elle de faire baisser les prix.
Le cinéma de Hong-Kong n’est plus ce qu’il a été. Les grands auteurs se comptent sur les doigts d’une main (Johnnie To, Tsui Hark… ?) et la production locale est sévèrement concurrencée par le voisin sud-coréen qui enchaîne blockbusters et petits films d’action à la vitesse d’un cheval au galop. Et pourtant, parmi les médiocres produits qui fleurissent chaque année, le miracle peut encore avoir lieu.
Il est parfois de ces petites perles filmiques capables d’étonner le spectateur le plus blasé. Sans marquer durablement l’histoire du cinéma, DREAM HOME fait à coup sûr partie de ces films dont on n’attend rien et qui provoque l’étonnement puis le ravissement. Comment rester de marbre face à son ton de tragi-comédie sanglante, à la fois très ancré dans la réalité socio-économique de Hong-Kong et imprégné d’une virtuosité gore que ne renierait pas un Sam Raimi. DREAM HOME est à la fois tout ça et plus encore. Filmé en haute définition par ce petit bijou de technologie qu’est la caméra Red One, le film offre un mariage esthétique inattendu, puisqu’il mêle avec une incroyable harmonie un look art et essai, relativement froid, à des débordements d’une violence inouïe, graphiquement insoutenables et en même temps transcendé par des saillies humoristiques qui font toujours mouche. Inventifs et chorégraphiés, empreints d’un génie convoquant le Dario Argento de la première heure, les meurtres de DREAM HOME sont autant de moments de bonheurs pour le spectateur. Pour autant, le film ne se repose pas uniquement sur ces moments jouissifs, mais offre la part belle à des comédiens d’exception, qui donnent corps à un scénario qui, s’il n’est pas révolutionnaire, demeure très bien écrit, efficace et à la structure des plus intéressante et appropriée à un film qui aurait virer vers le slasher bas de gamme. Porté par Josie Ho (qui coproduit le film grâce à sa fortune familiale), littéralement habitée par un rôle où l’humanité côtoie la monstruosité sans que ni l’un ni l’autre ne prenne l’avantage. Maîtrisé de bout en bout, évitant les temps morts tout comme l’avalanche de gore non-stop, Ho-Cheung Pang réalise une comédie dramatique sociale d’horreur sans qu’aucun des aspects de ce sous-genre ne passe à la trappe. Frontal et direct, drôle et engagé, DREAM HOME s’impose comme une œuvre aboutie et totalement jouissive.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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