Dreamland

Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis - 2007 - James P. Lay
Interprètes : Jackie Kreisler, Shane Elliott, Mark Bernier, Jonathan Breck

Ingénieur du son talentueux et multi-récompensé, faisant autorité dans le milieu nord-américain de l’audiovisuel et de la musique, James P. Lay signe avec DREAMLAND un premier film bricolé avec les moyens du bord. Tourné courant 2004 mais sorti qu’en début 2007 et directement en DVD, ce récit doublement SF (à la fois de Science-Fiction et tourné Sans Fonds) d’une durée assez courte fait certains choix surprenant, pour le meilleur( ?)…et pour le pire.
Alors qu’ils traversent le désert du Nevada depuis Las Vegas pour rallier Reno, Dylan et Meghan, un jeune couple d’une trentaine d’années, se rendent compte qu’ils sont entrés en pleine zone 51. Après un arrêt dans un curieux restoroute tenu par l’étrange Blake (le Creeper de JEEPERS CREEPERS, aussi impressionnant au naturel que sous le latex) qui les met en garde contre de possibles failles spatio-temporelles, le couple tombe en panne dans le désert. Seul l’autoradio fonctionne et diffuse un discours d’Hitler datant de 1936…
Ce pitch ne peut que titiller l’amateur de paradoxes temporels et autres récits en forme de cercle vicieux, mais qu’en est-il au final ?
Brassant un grand nombre d’influences, de X-FILES à la QUATRIEME DIMENSION, en passant par L’INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURE ou encore CARNIVAL OF SOULS, DREAMLAND est néanmoins handicapé par une esthétique frôlant l’amateurisme, la faute en incombant probablement au format de tournage, les caméras numériques HD de bonne qualité n’étant pas encore disponibles à peu de frais à l’époque.
Cependant, même en faisant fi de cette esthétique numérique des débuts, force est de constater que le film pêche par de nombreux aspects, si ce n’est des effets spéciaux incroyablement réussis, surtout pour une production si peu fortunée.
Si le réalisateur sait construire un découpage faisant sens et assure un minimum d’effets de mise en scène, il est d’abord considérablement desservi par son duo de comédiens principaux. Entre un Shane Elliott totalement amorphe et une Jackie Kreisler « hystéro-screamquinesque » sans le(s) charme(s) inhérent à ce type de comédiennes, il est difficile pour le spectateur de s’accrocher à leur destin. La suite n’est qu’histoire confuse (complot gouvernemental, faille spatio-temporelle), parti-pris hasardeux (Adolf Hitler poursuivant la jeune femme dans le désert en pleine nuit), et hurlements féminins à n’en plus finir. Troquant les couloirs glauques et humides pour le désert de nuit éclairé à la lampe torche, James P. Lay fini par réaliser un film de couloir en plein air, usant et abusant des effets typiques de ce genre de films (apparitions fantomatiques, bruits inattendus) pour livrer au final, un train fantôme glissant au ralenti sur des rails rouillés. Tout ceci est surligné par une bande originale déjà entendue (sans parler du générique de début pillant allégrement un des tubes mythiques de U2) et ultra répétitive (le CRAZY de Patsy Cline est certes très beau, mais lassant quand il tourne en boucle sur des images de l’héroïne en pleurs).
Ce n’est malheureusement pas l’épilogue qui rehausse l’intérêt du film : séquence clip incompréhensible sur une chanson pourtant agréable mais hors-sujet, elle conclue DREAMLAND par un point d’interrogation, le même qu’au début du film.
Au final, il est difficile de savoir à quoi le spectateur a assisté.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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