Dossierretrospective

DreamScape

Pour des expériences sur le sommeil, un docteur recrute un médium. Celui-ci est chargé d’entrer dans les rêves des patients, afin de mieux comprendre leurs angoisses. Tout se complique lorsqu’un représentant du gouvernement tente de détourner le projet vers de sinistres desseins.

L’univers des rêves est sans doute la thématique la plus intrinsèquement liée au fantastique. Il suffit qu’un personnage émette des doutes sur la réalité qui l’entoure pour qu’une œuvre bascule d’un genre à l’autre. Le plus difficile, pour les auteurs, est donc d’offrir des variantes permettant à leur production de se démarquer du tout-venant. D’ailleurs, avec DREAMSCAPE de Joseph Ruben, nous sommes, finalement, plus proches du thriller flirtant avec la science-fiction que du récit fantastique à proprement parler.

À première vue, le postulat de départ a tout pour faire de DREAMSCAPE une alternative bienveillante à la franchise des Freddy Krueger, le célèbre croque-mitaine de Elm Street. En effet, ce tueur de slasher se caractérise par sa faculté à entrer dans les rêves de ses victimes. Chez Joseph Ruben, la mission de ce médium, Alex Gardner, joué par Dennis Quaid (qui sortait à peine de L’ÉTOFFE DES HÉROS, mais aussi des DENTS DE LA MER 3 et n’était pas encore le Tuck Pendleton de L’AVENTURE INTÉRIEURE) consiste à s’immiscer dans l’esprit des patients pendant leur sommeil, ce qui correspond à peu près à ce que fait ledit Freddy, la seule différence étant que Gardner reste observateur et ne transforme pas les rêves en cauchemars. Ici, cette faculté est perçue sous un angle scientifique et non paranormal. On ne nous explique pas grand-chose sur la technologie employée par le docteur Novotny (l’immense Max Von Sydow, le prêtre de L’EXORCISTE et aussi acteur fétiche d’Ingmar Bergman) et la spécialisation de ce dernier est même très vague. Nous savons juste que les recherches ont lieu dans un cadre universitaire.

En fait, tout le second acte du film paraît être une réponse aux premiers GRIFFES DE LA NUIT (NIGHTMARE ON ELM STREET), la saga mettant en scène Freddy Krueger. Notamment le 3, FREDDY, LES GRIFFES DU CAUCHEMAR (NIGHTMARE ON ELM STREET 3 : DREAM WARRIORS), dont l’un des éléments du scénario n’est autre que… les recherches sur le sommeil à l’université. Est-ce un hasard ? Pas vraiment, puisque ce FREDDY 3 et DREAMSCAPE ont un scénariste en commun : Chuck Russel. Ce dernier s’est fait connaître depuis en réalisant les THE BLOB, THE MASK avec Jim Carrey et L’EFFACEUR avec Arnold Schwarzenegger. L’ambiance de DREAMSCAPE est, d’ailleurs, si semblable à FREDDY 3 durant tout un acte (l’angoisse en moins, tout de même) que l’on n’aurait pas vraiment été surpris de voir le docteur Novotny évoquer un tueur sévissant dans les rêves.

Néanmoins, nous touchons là l’aspect le plus faible du métrage. Si le deuxième acte est le plus intéressant, en traitant des possibilités offertes par cette technologie, la dernière partie se révèle décevante en empruntant la voie du thriller, trop mécanique et terre-à-terre. La démarche n’est pas incohérente, vu que tous les éléments repris sont annoncés dès le prologue : Gardner qui utilise son don pour arnaquer des bookmakers, les recherches de Novotny financées par le gouvernement et la romance entre Gardner et l’assistante Jane Devries.

En somme, même si les effets spéciaux ont pris un sacré coup de vieux (pour le rendu visuel des scènes de rêves, un simple filtre et une focale spéciale, et le tour est joué), il n’en demeure pas moins que DREAMSCAPE reste une solide série B, dynamique et attachante. Pas transcendante, mais sympathique et efficace.

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