Dune (mini série)

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 2000 - John Harrison
Titres alternatifs : Frank Herbert's Dune
Interprètes : William Hurt, Alec Newman, Saskia Reeves, Ian McNeice

Frank Herbet publie « Dune » en 1965, vaste fresque qui revisite complètement le « planet-opéra » et s’impose comme un classique immédiat couronné des prestigieux prix Hugo et Nebula. Aujourd’hui, le roman, vendu à plus de dix millions d’exemplaires, est unanimement considéré comme un des plus grands livres de science-fiction de tous les temps. Jusqu’à sa mort survenue en 1986, Herbert poursuivit ce qui devint, au fil des tomes, le « cycle de Dune » en écrivant cinq séquelles : « Le Messie de Dune », « Les Enfants de Dune », « L’Empereur Dieu de Dune », « Les Hérétiques de Dune » et « La Maison des Mères ».

Depuis le début du vingt-et-unième siècle, la saga s’est encore étoffée puisque son fiston, Brian Herbert, associé au romancier Kevin J. Anderson, lui ont adjoint pas moins de quatorze nouveaux romans ! Et de nouvelles suites, préquelles et autres spin-off sont encore annoncées pour enrichir un univers gigantesque.
Un tel monument littéraire ne pouvait laisser insensible le Septième Art et Jodorowsky caressa longtemps l’idée d’une fastueuse adaptation. Toutefois, le projet échoua et fut finalement repris par David Lynch. DUNE, sorti en 1984, fut généralement considéré comme un ratage (même si, le temps aidant, certains revinrent sur cette opinion) et fut un échec commercial et critique.

Collaborateur de George Romero, Richard Rubinstein tente, au début des années 2000, le pari d’une nouvelle version, destinée cette fois aux petits écrans, qu’il confie à John Harrison (DARKSIDE, LES CONTES DE LA NUIT NOIRE).
L’intrigue se veut fidèle au roman et prend place en 10191, lorsque la Maison Atréides, commandée par le duc Leto, quitte Caladan pour s’installer sur Arrakis, une planète désertique surnommée Dune. Inhospitalière, Dune comporte cependant une richesse inestimable, « l’épice », seule capable de permettre aux hommes de voyager dans l’espace depuis le rejet des « machines pensantes » lors du jihad butlérien. Sur Dune, Leto, sa compagne Dame Jessica et son fils, Paul, se retrouvent rapidement menacés par les machinations complexes d’autres factions, en particuliers les Harkonnen, dirigé par le Baron Vladimir, qui souhaite récupérer la planète pour son seul profit. Trahit par Yueh, son ami et médecin, Leto est livré aux forces spéciales des Harkonnen, les Sardaukars, tandis que Jessica et son fils se réfugient dans le désert où ils rencontrent les Fremens, natifs de Dune qui attendent désespérément leur messie censé les délivrer du joug impérial.

Là où David Lynch devait condenser une foisonnante intrigue aux enjeux politiques complexes sur 130 minutes, John Harrison dispose de deux fois plus de temps pour épaissir ses personnages et développer leurs relations. Le résultat est-il plus réussi pour autant ? Pas vraiment. Le manque de budget se fait rapidement sentir et impose un tournage en studio dans des décors peu esthétiques tandis que les extérieurs, saturés d’une écrasante lumière rougeâtre, ne sont guère plus convaincants. Ces décors n’encouragent pas vraiment à l’indulgence et les pérégrinations des personnages principaux sur quelques mètres carrés de sable entourés de paysages numériques du plus laid effet s’attireront probablement les quolibets de nombreux spectateurs. Les vaisseaux, en images de synthèse déjà terriblement datées, ne possèdent pour leur part aucune grâce et les costumes, très kitsch, se révèlent souvent hideux avec leur aspect carnavalesque prononcé.

En dépit d’une longueur conséquente (4 heures et demie !) qui, d’ailleurs, provoque souvent l’ennui, DUNE pédale souvent dans le sable et échoue à transmettre tout souffle épique. La grande aventure spatiale promise se limite souvent à des palabres longuettes qui tentent de retranscrire la complexité de l’univers romanesque mais se révèlent, malheureusement, imbitables pour les non-initiés et harassantes pour les connaisseurs de Frank Herbert. La mise en scène, elle, tente de camoufler le manque de budget en cadrant les personnages de manière resserrée mais ne parvient qu’à accentuer la théâtralité du récit. Dès lors seules quelques séquences surnagent, en particulier lors du dernier épisode où l’intrigue parait enfin décoller mais sans pouvoir nous faire oublier le long cheminement nécessaire pour atteindre cette conclusion d’ailleurs plus satisfaisante que palpitante.

Malgré ses nombreux défauts, la version de Lynch reste donc largement plus réussie que cette interminable mini-série qui donnera néanmoins l’envie de se replonger dans le cycle de Dune dont les trois premiers tomes méritent de figurer dans toute bibliothèque digne de ce nom. En attendant la prochaine (et définitive ?) version pour les grands ou les petits écrans.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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