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En plein cauchemar

Le retour du film à sketches

Au début des années ’80, les anthologies horrifiques connaissent un regain d’intérêt avec les sorties de CREEPSHOW et l’annonce d’une adaptation pour les grands écrans de LA QUATRIEME DIMENSION, ensuite suivie par la version cinéma d’HISTOIRES FANTASTIQUES. D’autres titres mineurs leur emboitent le pas comme TRAIN EXPRES POUR L’ENFER ou MESTEMA LE MAITRE DU DONJON. Joseph Sargent, réalisateur de télévision a qui ont doit cependant les excellents LE CERVEAU D’ACIER et LES PIRATES DU METRO, se lance dans la danse avec EN PLEIN CAUCHEMAR, adaptation de quatre légendes urbaines.

Contrairement à la plupart des films à sketches, celui-ci ne possède aucune intrigue de liaison. Une faiblesse évidente explicitée par l’origine de cette production. Pendant longtemps, la rumeur affirmait en effet que les quatre histoires étaient originellement destinées à la série télévisée « Darkroom ». Par la suite, le producteur d’EN PLEIN CAUCHEMAR clarifia la situation : le film constituait le pilote d’une série télévisée avortée pour la NBC. Une hypothèse prétend également que le quatrième sketch a été ajouté une fois le projet repositionné pour les salles obscures. Une assertion crédible car les trois premiers furent écrits par le même scénariste, Christopher Crowe (LE DERNIER DES MOHICANS, « Le retour des incorruptibles » tandis que le dernier est de Jeffrey Bloom (réalisateur du sympathiquement bis LA PLAGE SANGLANTE).

Quatre segments d’égale valeur

Le premier segment, « Terror at Topanga » se la joue mini slasher avec cette femme (Christina Raines, LA SENTINELLE DES MAUDITS) qui quitte son domicile en pleine nuit pour aller acheter des clopes (pas bien !). Du coup, elle paie cher son addiction en devenant la cible d’un maniaque. Un petit suspense efficacement emballé avec une belle photo nocturne et une classique « misdirection » sur l’identité du tueur, bref une bonne entrée en matière.

« L’Evêque des batailles » reste dans doute le sketch le plus mémorable et discuté. Emilio Estevez (YOUNG GUNS) est un ado obsédé par un jeu vidéo dont il ne peut atteindre le dernier niveau. Lorsqu’il parvient finalement à ses fins une surprise l’attend. Un opus plaisant avec des effets spéciaux aujourd’hui surannés mais charmant, sorte de déclinaison de TRON encore agréable avec en guest Moon Unit Zappa, la fille de Frank déjà vue dans BONJOUR LES VACANCES 2.

Fortement inspiré du petit classique ENFER MECANIQUE, « The Benediction » confronte un prêtre en pleine crise de foi (Lance Henricksen que l’on ne présente plus) à un démon qui se manifeste sous la forme d’un sombre camion en plein désert. Classique et quelque peu attendu, le sketch reste toutefois efficace et bien mené, sous la forme d’une sorte de version condensée de DUEL.

Dans « La nuit du rat », Veronica Cartwright (ALIEN) et Richard Masur (THE THING) se confronte à un rat d’une taille impressionnante. Malgré des effets spéciaux risibles, l’épisode s’avère intéressant, en particulier dans sa première moitié qui voit le couple se déchirer sur la manière de régler ce problème. L’ensemble combine le côté paranoïaque de D’ORIGINE INCONNUE et le gigantisme de SOUDAIN…LES MONSTRES.

Dilemmes moraux

Les quatre histoires qui composent cette anthologie manquent sans doute d’originalité (elles rappellent toutes des longs-métrages antérieurs) mais possèdent un charme certain. Quoique dénué de fil conducteur, le film offre une tonalité constante : chaque récit se focalise sur un protagoniste confronté à un dilemme teinté de moralisme. La jeune femme hésite à quitter la sécurité du foyer pour acheter des cigarettes (« les non-accros ne peuvent pas comprendre »), un teenager sacrifie tout par obsession des jeux vidéo, un prêtre s’apprête à abandonner ses ouailles dans l’attente d’un signe divin et un yuppie tente de se convaincre qu’il peut surmonter à lui seul un problème qui le dépasse.

Lauréat du Corbeau d’Or au BIFFF, EN PLEIN CAUCHEMAR, malgré certains aspects surannés, reste une bonne contribution aux films à sketches horrifiques des années ’80. Pour une fois, les quatre récits sont de qualité à peu près égale et aucun n’a à rougir de sa présence.

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