Enterré vivant

Un texte signé Patrick Barras

USA - 1990 - Franck Darabont
Titres alternatifs : Burried alive
Interprètes : Tim Matheson, Jennifer Jason Leigh, William Atherton, Hoyt Axton, Jay Gerber

Avec BURRIED ALIVE Franck Darabont fait en 1990 ses armes dans la réalisation, si l’on excepte un court métrage de 1983 adapté d’une nouvelle de Stephen King, THE WOMAN IN THE ROOM. Ce n’est cependant pas un perdreau de l’année, car il aura eu entretemps l’occasion de naviguer dans le domaine du scénario roublard et opportuniste, en partie sous l’aile de Chuck Russell, pour THE BLOB, FREDDY, CHAPITRE 3 et LA MOUCHE 2.

Le mariage de Joanna et Clint prend l’eau sans que ce dernier ne paraisse vraiment s’en rendre compte. Il a effectué avec sa femme un retour aux sources dans sa petite bourgade natale de l’Amérique profonde, après avoir trop longtemps habité à New York. Le problème est que Joanna finit par se sentir délaissée et trompe son ennui dans les bras de Cortland, le médecin de famille. Ce dernier, arriviste sans scrupules, parvient à la convaincre de se débarrasser de Clint en lui faisant ingérer un poison dont la dose se révèlera insuffisante pour être létale. Néanmoins, tombé en état de catalepsie, le mari gênant est enterré à la hâte, ce qui permet au couple adultère de faire tranquillement main basse sur son patrimoine. Se réveillant quelques pieds sous terre dans son cercueil, Clint parvient à s’en extraire et ré-envisage alors sérieusement sa relation conjugale en découvrant le pot-aux-roses…

Tout en étant un honnête et sympathique thriller articulé autour d’une machination, BURRIED ALIVE demeure un simple téléfilm Américain, avec tout ce que cela peut impliquer en terme de retenue scénaristique et graphique, mais aussi pour ce qui est des moyens alloués à la chose. Le tout bien entendu replacé dans le contexte de la production standard des années 80-90.

Nous assistons pourtant sans déplaisir à l’enchainement de 3 actes correspondant à un schémas des plus classiques. Le premier mettant en place les relations du trio fatal le mari-la femme-l’amant peut apparaître un tant soit peu « plan-plan », voire un tantinet longuet. Clint (Tim Matheson) – nom de famille Goodman, c’est dire – est le brave gars falot à souhaits, comme il se doit uniquement préoccupé d’assurer le confort familial. Joanna (campée par une Jennifer Jason Leigh qui a conservé la blondeur incendiaire et en partie la morgue de la Tralala du LAST EXIT TO BROOKLYN d’Uli Edel) est prête à tout pour fuir ledit confort qu’elle perçoit comme étant carcéral. Cortland enfin est le salaud machiavélique de service, assez sobrement interprété par un William Atherton habitué à ce type de rôle (bien plus imbuvable et tête à gifles dans DIE HARD, cependant…).

Le deuxième acte concernant le crime et la résurrection de Clint ravivera probablement l’intérêt et l’attention du spectateur ; la mise en scène de Darabont s’ornant d’éléments de l’iconographie gothique ou empruntés aux films de zombies.

C’est le dernier, consacré à la prise de conscience et à la vengeance du mari bafoué (on comprendra pour le coup pourquoi le scénario a décidé d’en faire un bricoleur émérite et de le mettre à la tête d’une entreprise spécialiste du bois…), qui pourrait nous laisser le plus sur notre faim. Alors que Clint a transformé le foyer conjugal en piège mortel relativement tordu, on se prend à regretter que Darabont n’exploite pas davantage ce nouvel espace et les nouvelles situations qu’il peut induire, avec plus de férocité et de démesure, avec aussi plus d’intelligence et d’inventivité, disons-le. Le thème de la maison-piège a maintes fois été abordé avec plus de brio. Que l’on se souvienne du SOUS-SOL DE LA PEUR de Wes Craven, à titre d’exemple.

Heureusement qu’une fin oscillant entre amoralité et immoralité vient relever le tout en apportant un soupçon de piment et offrant à BURRIED ALIVE une petite touche de vigilante movie.


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- Article rédigé par : Patrick Barras

- Ses films préférés : Il était une fois en Amérique, Apocalypse now, Affreux, sales et méchants, Suspiria, Massacre à la tronçonneuse


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