Offscreen 2018review

Euthanizer

Veijo, semi marginal de la campagne Finlandaise, s’occupe d’euthanasier les animaux dont les locaux veulent se débarrasser sans payer les sommes réclamées par le vétérinaire local. Veijo est moins cher, voire officie gratuitement… mais n’hésite pas à reprocher aux maitres leur manque d’humanité. Ce qui n’aide pas à son insertion au sein de la communauté locale. S’il aime les animaux jusqu’à mettre fin à leurs souffrances, Veijo est nettement moins tendre avec les hommes et singulièrement avec son vieux père, désormais grabataire et alité, avec qui il a visiblement un compte à solder. L’infirmière Petri ressent cependant une attirance certaine pour le misanthrope, attirance attisée par ses propres penchants masochistes ou plus exactement par son fantasme d’étranglement. Veijo à qui un minable extrémiste de droite a confié son chien, recueille la pauvre bête au lieu de l’abattre, déclenchant la colère de l’excité, qui ne tardera pas à ramener ses potes – des « soldats de Finlande » – pour donner une violente leçon à notre « euthanasieur ». Ce n’était sans doute pas une très bonne idée !

Un film qui met en avant un antihéros qui donne à priori peu de points d’ancrage au spectateur et dont le métier est de tuer des animaux. Voilà une posture qui a dû effrayer plus d’un producteur et qui obère des chances de sortie en salle du film. Autant que les enfants, la tuerie d’animaux révulse le spectateur moyen. C’est évidemment l’innocence absolue de l’un et de l’autre qui provoque cette réaction.
Mais nous ne nous situons pas ici dans le cadre des films de cannibales, dont les réalisateurs ont filmé des mises à mort réelles d’animaux, conférant une force de frappe énorme à leur film, tout en le coupant de ce que la majorité des spectateurs accepte de voir sur écran.

Ici, soyons clair, les mises à mort sont non seulement simulées, mais de surcroit reléguées hors champs. Seule l’idée exprimée pourrait donc gêner le spectateur sensible.

Au contraire même, l’acte de mise à mort, et le fait qu’il se réalise à l’encontre de l’innocence confèrent au film sa réelle dimension : celle d’une œuvre profondément moraliste, empreinte de jansénisme. Soit le questionnement moral de la fin de vie, de la participation active à celle-ci et qui, partant de la condition animale vient tout naturellement questionner la fin de vie humaine et la position de celui qui choisit ou accepte de la terminer activement.

Et le scénario a l’intelligence de d’opposer la prolongation inutile (et qui peut être vicieuse et revancharde) d’une fin de vie avec la mise à mort active d’une crapule, certes, mais dont on sait qu’il ne revient pas à chacun d’entre nous de juger les actes et d’en décider un châtiment. En d’autres termes, EUTHANIZER questionne le film de revanche là où ce dernier prenait assez nettement parti pour la loi du talion, le droit à se faire justice. Nous ne sommes pas ici face à un pur ciné de genre quand bien même EUTHANIZER a été programmé à l’édition 2018 du Festival Offscreen.

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