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Everly

Le jeune cinéaste Joe Lynch aime le gore comme en témoigne son premier méfait, l’ultra brutal DETOUR MORTEL 2 (sans conteste le meilleur et le plus sanglant épisode de la franchise) suivi d’un segment de la délirante anthologie à sketches CHILLERAMA. De manière surprenante, le voici attaché à un ce qui est présenté comme un petit thriller d’action mettant en vedette Salma Hayeck. En réalité, Lynch se sert du genre pour proposer ce qu’il aime vraiment : de la barbaque bien rouge !

Quelque peu en perte de vitesse commercialement parlant, la comédienne n’en reste pas moins la principale plus-value d’un métrage qui n’hésite pas à magnifier ses charmes à la moindre occasion. Nue ou seulement vêtue d’un T-Shirt largement décolleté et d’une petite culotte bleue, la bientôt quinquagénaire reste sexy en diable et Joe Lynch ne se prive pas de la détailler (presque) sous toutes les coutures. La « plus si jeune » femme devient ainsi un véritable objet sexuel, sorte de fantasme sur pattes destinée à transformer les spectateurs mâles en loup de Tex Avery.

Après un viol collectif perpétré par une bande de types envoyés par son ex-amant patron de la pègre, Everly devient vénère et décide de se venger. Elle souhaite également reprendre une vie normale en compagnie de sa mère et de sa fille qu’elle n’a jamais vue. Mais son ex place un contrat sur sa tête et des tas de tueuses débarquent dans son appartement. Le carnage commence et, au final, ça fera vraiment « beaucoup de putes mortes ».

Débutant juste après le viol de son héroïne, cette sorte de rape and revenge sous acide ne perd guère son temps à caractériser ses protagonistes ou à approfondir leur psychologie. Manifestement la seule envie de Lynch consiste à faire couler le sang un maximum. Car ce qui s’annonçait par son pitch comme un thriller d’action se rapproche en réalité bien davantage du pur cinéma gore à petit budget. L’ensemble se déroule, en effet, uniquement et intégralement dans l’appartement d’Everly, lequel devient une véritable zone de guerre qui aurait enthousiasmé le Punisher lui-même.

Déroulant son intrigue très linéaire et prévisible (un condensé des deux KILL BILL mâtiné d’un zeste de PIEGE DE CRISTAL sur un peu plus de 90 minutes), EVERLY justifie pleinement sa classification américaine : « Rated R for strong bloody violence, torture, nudity, sexual images and language ». Car le film ne laisse pratiquement aucune pause au spectateur, lequel assiste à une suite de massacres, tortures et autres carnages perpétrés non-stop. Les balles trouent les corps de toutes part, les membres sont sectionnés, les corps rongés par l’acide qui les vide de leur tripaille et le sang gicle jusqu’à repeindre les murs. Le tout dans une ambiance « cool » assortie d’un second degré constant qui louche avec insistance, par ses outrances ultra violentes, sur le cinéma de Tarantino. L’arrivée d’un personnage complètement cinglé, maitre de torture japonais équipé de tout un attirail et escorté de son masochiste, soumis, entravé et brutalisé, fait définitivement basculé EVERLY du côté du bis déjanté où la violence la plus extrême devient prétexte à sourire et (parfois) à rire.

Servi par une mise en scène efficace qui traverse l’appartement ensanglanté avec fluidité et capture chaque jet vermillon avec gourmandise, EVERLY n’en tourne pas moins rapidement en rond en dépit de sa bonne volonté roborative. Le film manque clairement de pistes annexes ou d’un minimum de développement pour aller au-dessus de son postulat de base.

Néanmoins, malgré ses faiblesses, il est possible de s’amuser devant ce divertissement jusqu’au-boutisse qui devrait faire un tabac dans les festivals spécialisés (sa programmation durant la tapageuse et animée fameuse « Nuit » du Festival du Film Fantastique de Bruxelles 2015 n’est évidemment pas un hasard) tant Lynch s’applique à flatter les bas instincts du public en lui offrant exactement ce qu’il attend : une actrice hyper-sexualisée et une violence ultra sanglante constante. Oubliable mais amusant.

Everly a été présenté durant la “Nuit” au Festival du Film Fantastique de Bruxelles 2015.

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