Exorcisme et Messes Noires
Jess Franco nous fait part de ses opinions anticléricales dans EXORCISMES ET MESSES NOIRES. Un curé défroqué écrit des histoires érotico-macabres pour un magazine. En réalité, ses histoires ne sortent pas exclusivement de sa tête… Il s’inspire de la réalité. Ce que ses écrits ne racontent pas, c’est qu’il est surtout en croisade contre toutes ces filles frivoles qu’il dit être possédées par le démon.
EXORCISMES ET MESSES NOIRES est l’un des films les plus connus de Jess Franco. Sans doute parce que le réalisateur y incarne également l’un des personnages principaux, que dis-je, LE personnage principal, à savoir le psychopathe. Jess Franco livre une interprétation fascinante, particulièrement crédible. Certaines scènes font même froid dans le dos. On abandonne alors l’érotisme facile pour quelque chose de plus malsain, de plus réaliste. Certaines scènes de meurtres, en particulier, ont visiblement été travaillées par Jess Franco. Elles sont détaillées et approfondissent la personnalité du déséquilibré. C’est assurément le réalisme que Jess Franco recherchait dans ces scènes et on ne peut que constater qu’il y est parvenu.
Malheureusement, pour le reste du film, Jess Franco cède à la facilité (ou aux exigences des producteurs, Eurociné ici). La majeure partie de EXORCISMES ET MESSE NOIRES consiste à aligner des scènes érotiques assez insipides. On peut inclure dans ce constat les fameuses messes noires qui ne devraient faire frémir personne. A cela, il faut ajouter un scénario brouillon et des scènes de dialogues catastrophiques, débités par des acteurs de deuxième zone.
Il y a assurément de bonnes choses dans EXORCISMES ET MESSES NOIRES mais force est de constater que le budget était vraiment trop maigre pour permettre à Jess Franco d’atteindre ses objectifs, éclipsés par les exigences commerciales des producteurs. Jess Franco réussit malgré tout à nous livrer un film potable avec quelques scènes impressionnantes. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a quand même pas mal de gâchis.
L’image du dvd sorti récemment s’avère fort honorable, tout comme la bande sonore d’ailleurs. La galette dispose également d’une longue interview (30 minutes) avec Jess Franco et surtout Lina Romay que l’on a plus rarement l’habitude d’entendre. L’édition est vraiment très bonne au niveau de son rapport qualité prix et devrait figurer dans la vidéothèque de n’importe quel fan de bis.