Un texte signé Nassim Ben Allal

Suède - 1971 - Gustav Wiklund
Interprètes : Christina Lindberg, Heinz Hopf, Siv Ericks, Birgitta Molin

retrospective

Exposed

Premier film en tant que réalisateur du comédien Gustav Wiklund, EXPOSED restera dans les annales du cinéma d’exploitation comme étant l’un des tout premier si ce n’est le premier film a offrir un rôle d’importance à la toute jeune Christina Lindberg. Celle-ci, alors âgée de vingt et un an mais n’en paraissant pas plus de seize, est connue comme modèle de charme dans son pays. EXPOSED lancera sa carrière de comédienne trois ans avant que ne sorte le film qui fera date dans sa longue carrière (qui continue toujours à l’heure actuelle), THRILLER, le rape and revenge ultime.

Alors que ses parents sont en vacances au Maroc, la jeune Lena erre entre Jan, son petit ami bien sous tous rapports, et Helge, plus vieux et pervers. Lors d’une soirée d’amour libre organisée par Helge, Lena, tentée par cette atmosphère, pose pour des photos coquines. Dès lors, c’est la descente aux enfers : Helge la menace de les révéler si Lena ne se plie pas à ses désirs. Perdue, le jeune femme demande de l’aide à Jan mais celui-ci la rejette lorsqu’elle lui avoue ce qu’elle a fait. Pour Lena, une seule solution semble envisageable, la fuite, loin.

Interdit dans trente-six pays à sa sortie, EXPOSED prête aujourd’hui à sourire par son érotisme digne d’un défunt érotique du dimanche soir d’M6. En suivant les pérégrinations de Lena, le spectateur assiste à la fuite perdue d’une adolescente et aux visions morbides qui en découlent. Oscillant entre réalité et incursion dans la tête de Lena, le film se résume au portrait d’une jeune fille tiraillée entre l’envie de voler de ses propres ailes et le désir d’être protégée comme la petite fille qu’elle est encore tout au fond d’elle malgré un corps aux formes affolantes. Bâti intégralement autour des formes rebondies de son interprète principale, EXPOSED enchaîne des situations convenues voire inintéressantes sous prétexte de dénuder sa comédienne qui, à l’époque, n’était connue que pour garnir les pages centrales des magazines pour hommes. Cela se ressent sur son jeu, très approximatif, et ses expressions, pour ne pas dire une expression, celle d’une ado mutine qui passe son temps à faire la gueule. Au-delà de la comédienne qui, qu’on le veuille ou pas, porte le film sur ses seins…enfin, sur ses épaules, ce premier métrage de Gustav Wiklund s’avère très influencé par la nouvelle vague et une forme de naturalisme qui fait sens au vu de son sujet. En effet, la mise en scène accompagne la psyché de son héroïne et s’impose comme une métaphore des chamboulements qui ont lieu dans sa tête. Quelque peu moralisateur afin de mieux faire passer la nudité frontale (regardez, ce que font ces gens est vraiment atroce, mais regardez bien et ne faites pas la même chose) la trajectoire de Lena se termine bien et d’une manière que l’on qualifierait aujourd’hui de totalement réactionnaire. C’est ce qui clos le paradoxe de nombreux films de cette époque, à savoir se vendre sur une nudité que l’on condamne. Au moins, même si un genre comme le slasher surfe parfois sur cette vague, il n’en demeure pas moins amusant contrairement à la plupart de ses bandes érotiques à destination d’une bourgeoisie qui s’encanaille pendant quatre-ving neuf minutes avant d’être rassurée par leurs morales de droite à la quatre-vingt dixième.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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