review

Family Portraits

FAMILY PORTRAITS regroupe trois courts-métrages ayant pour thème central le mal-être des classes moyennes en banlieue américaine. CUTTING MOMENTS (1997), HOME (1998), PROLOGUE (2003), ou la vision acerbe d’une société étouffée socialement, qui s’autodétruit à petit feu…
Le premier segment, sûrement le plus choquant du triptyque, présente une famille a priori banale. Dans la cuisine, la mère paraît toute démunie, déprimée à souhait, tandis que le père s’occupe dans le jardin. Le fils, lui, joue tranquillement avec ses figurines qu’il place dans des positions assez surprenantes pour son jeune âge…
Des couleurs fades, une absence de musique, peu de dialogues, une ambiance pesante : Douglas Buck sait comment mettre mal à l’aise le spectateur. Les personnages sont volontairement vides ; ils existent sans exister à vrai dire. Pour arriver à ce résultat, le réalisateur aime faire répéter ses acteurs à outrance afin d’arriver à un jeu mécanique qui, il faut bien l’admettre, rend plutôt bien. CUTTING MOMENTS demeure véritablement horrifique, à la fois dans son sujet et dans son traitement. C’est également le segment le plus gore de cette trilogie car la mère de famille, son mari ne voulant plus faire l’amour avec elle pour des raisons qu’on ne dévoilera pas, en vient à se mutiler. C’est d’ailleurs seulement après s’en être pris à son corps qu’il finira par la remarquer. Les effets sont réussis, notamment les maquillages de Tom ZOMBIE Savini.
Le second court-métrage est tout aussi bouleversant que le premier, bien que moins gore visuellement parlant. La tension présente dans HOME est littéralement palpable. Le père de famille, interprété comme dans CUTTING MOMENTS par Gary Betsworth (acteur aussi bon que méconnu), incarne l’horreur de par son caractère ultra névrosé. Il est la cause de tous les problèmes et c’est lui-même qui y mettra un terme dans un bain de sang.
Rappelons que HOME nous dévoile le passé de Gary et ses effets malsains sur sa vie actuelle. Petit, son propre père se comportait avec sa mère tel un maître envers son esclave, rendant celle-ci de plus en plus folle avec le temps. Son père se posait juste en figure d’autorité, aucun dialogue n’était jamais échangé. Des traumatismes aux retombées catastrophiques pour Gary en tant qu’adulte. L’absence de salut pour les personnages nous plonge encore dans l’horreur. On constate avec amertume que Gary ne peut s’empêcher de reproduire le schéma familial qu’il a connu : peu de communication avec sa femme Helen et leur fille… Et si le père masochiste qu’a eu Gary martyrisait sa femme, Gary, lui, bloque sexuellement parlant. Des manques qui finissent par resurgir, et quand on ne parle plus, il ne reste que la violence physique en guise d’échappatoire…
Concluant habilement cette trilogie, PROLOGUE s’attarde principalement sur les conséquences d’actes violents, là où les deux courts qui le précèdent abordent davantage les causes impliquant ces écarts sanguinolents. La brutalité directe de CUTTING MOMENTS et de HOME contraste donc avec celle plus implicite de PROLOGUE.
Dur d’un point de vue psychologique, ce dernier segment met en scène la jolie Sally Conway dans le rôle de Billy, jeune femme ayant perdu ses deux avant-bras dans un accident. La pauvre ne se rappelle plus les circonstances de la tragédie mais, de fil en aiguille, elle finit par remonter à son bourreau…
Difficile de trouver FAMILY PORTRAITS gratuit tant l’aliénation de la vie banlieusarde est présentée dans tout ce qu’il y a de plus malsain. Un climat tendu et oppressant qui ne fera pas l’unanimité, mais qui mérite néanmoins qu’on s’y attarde.

Share via
Copy link