Fatal Contact: Bird Flu in America

Un texte signé André Quintaine

USA - 2006 - Richard Pearce
Interprètes : Joely Richardson, Stacy Keach, Ann Cusack, Justina Machado, Scott Cohen, David Ramsey

La grippe aviaire peut faire sourire, il n’empêche que, régulièrement, elle revient dans l’actualité et les nouvelles sont rarement rassurantes. C’est ce thème que le téléfilm FATAL CONTACT : BIRD FLU IN AMERICA a décidé de s’approprier afin de remplir l’une des soirées TV de la ménagère de moins de 50 ans. Accessoirement, les fidèles des Films Catastrophe ne devraient pas être déçus non plus.
Il suffira d’un voyage dans une entreprise sous-traitante à Hong Kong pour qu’un jeune cadre dynamique attrape sans le savoir le virus H5N1 et l’importe dans son beau pays qu’est les Etats-Unis. Là, dans un supermarché, une crise de toux lui fait comprendre que le virus qu’il a attrapé est certainement bien plus méchant qu’un banal rhume. Il a beau prévenir du danger les autres clients et plus particulièrement les enfants, rien ne peut stopper la propagation du virus. Quelques jours plus tard, l’annonce de l’apparition de la maladie est faite à la population et l’Etat met tout en œuvre afin que la comptabilisation des morts se fasse plutôt par centaines de milliers que par millions !
Tout téléfilm qu’il est, FATAL CONTACT n’est pas un divertissement marrant pour autant. Il joue d’emblée dans la catégorie des films qui veulent titiller le spectateur dans son voyeurisme le plus macabre. Ce dernier ne se contente plus de 2 ou 3 mille morts. FATAL CONTACT ne tourne pas autour du pot très longtemps et les décédés se ramassent à la pelle. Après nous avoir tenu en haleine tout le long du film sur la question de savoir quel sera le nombre exact de personnes tuées par le virus, on comprend lors de la dernière scène que la vraie question est de savoir si nous ne sommes pas finalement en train d’assister à l’extinction de l’Humanité toute entière !
Il faudra évidemment saluer le choix des auteurs de nous laisser sur une fin ouverte plutôt que sur un happy-end qui ne pouvait être que ridicule dans un film de ce genre. Quoique, les mauvaises langues signaleront sans doute que ce final laisse présager la production d’une série… Ils sont sans doute assez proches de la vérité…
Quoi qu’il en soit, FATAL CONTACT se laisse voir avec beaucoup de plaisir. Malgré les limitations imposées par son format qui le dédie à la petite lucarne, FATAL CONTACT s’en tire avec les honneurs en évitant une trop grande mièvrerie et en nous décrivant plutôt honnêtement comment l’humanité réagirait devant une telle catastrophe.
Chose surprenante, on remarquera plus particulièrement la quasi-totale absence de références bibliques au cours du film. Dans un monde qui prône un individualisme forcené, FATAL CONTACT tente de son côté de démontrer que dans une telle situation, le mieux à faire est encore de se rapprocher des autres, malgré le danger que représente la contagion. Ceux qui ont un cœur de pierre ricaneront sans doute bêtement de cette position simpliste, mais le film défend honnêtement son propos, en n’hésitant pas, par exemple, à faire mourir des protagonistes qui n’auront pas suivi la règle édictée.
Au niveau politique, FATAL CONTACT montre des politiciens honnêtes prendre des décisions graves tout en ayant conscience des conséquences de leurs choix. Le film ne cherche jamais à renvoyer dos à dos telle ou telle catégorie de personnes, ce qu’il aurait pu faire en cherchant des coupables. Voilà une nouvelle approche discutable, mais qui reste honorable. La seule petite incartade est pour notre pomme. En effet, les Français parviennent à un moment à mettre au point un vaccin. Le problème est que sa production est très lente et la France décide de ne pas approvisionner les autres pays tant qu’elle n’aura pas mis hors de danger sa propre population. Là encore, la position française est compréhensible, mais, film américain oblige, nous en prendrons pour notre matricule.
Quant à l’aspect économique et social, FATAL CONTACT part du principe que la machine continuerait de fonctionner, malgré les morts qui s’entassent. Majoritairement, il semble que les gens continuent de partir tous les matins au travail… Ce qui peut paraître logique puisqu’il faut bien continuer à se nourrir. Le film évoque également quelques secondes le monde boursier avec des cotations en baisse pour certaines entreprises et en hausse pour d’autres comme celles liées au secteur de la santé par exemple. Ce pari fait par le film est également plutôt étonnant mais compréhensible puisque son sujet est que les Hommes doivent rester solidaires, même en face d’une épidémie qui, par son aspect contagieux, devrait forcément engendrer l’éclatement de la société
Du haut de ses 80 minutes et d’un budget qu’on devine faible, FATAL CONTACT parvient à dresser de manière cohérente sa représentation d’une situation qui serait exceptionnellement grave. Le film brasse un nombre important d’idées à la minute et ne connaît pas l’expression « temps mort ». On se surprend à ne pas voir le temps passer et l’on ne cracherait pas sur une bonne trentaine de minutes supplémentaires. Un concept de série sur ce thème paraît alléchant mais il semble que FATAL CONTACT n’ait pas été pris au sérieux par le public. Dommage.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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